Science et Torah, un mariage est-il possible ?

Ce billet est le deuxième volet d’une longue réflexion sur la question de l’Age de l’Univers dans la Torah ; certaines parties plus techniques (la fin de la partie A et la courte partie B) sont provisoirement laissées de côté à ce stade, mais l’article au complet sera publié sur le Blog dans environ 2 semaines.
C. Science et Torah s’accordent parfaitement.
Notre troisième approche diffère des deux précédentes sur un point fondamental : le conflit entre Science et Torah est perçu ici comme illusoire. Les tenants de cette approche cherchent à lire le texte de Bereichit dans une tentative de transcender la littéralité de ses premiers horizons herméneutiques. Pour ceux qui savent dépasser les limites apparentes du texte, la réconciliation entre les deux rivales (Torah et Science) semble loin d’être impossible.
Notre troisième approche se décline en un certain nombre de variantes que nous allons maintenant examiner. Ces variantes divergent sur un certain nombre de points non négligeables, mais elles s’accordent toutes sur la nécessite d’une réinterprétation créative du début de la Genèse. Ici aussi, chaque approche a ses avantages et ses inconvénients.
Variante 1 : un monde vieux – pour faire semblant.
Un argument parfois soutenu est que l’Univers a été créé par Dieu il y a un peu moins de 6’000 ans avec les apparences d’être beaucoup plus ancien. En d’autres termes, Dieu aurait créé un Univers « adulte » : la parole divine aurait fait surgir le monde entier à un moment donné du temps, mais lui aurait conféré, en trompe-l’œil seulement, l’apparence d’un Univers vieux de plusieurs milliards d’années.
L’idée d’un jeune Univers qui n’aurait que les apparences d’être ancien est parfois citée avec approbation par certains auteurs juifs orthodoxes. Mais son origine est à trouver chez un auteur chrétien, le pasteur protestant Phillip Henry Gosse, qui publia en 1857 un livre intitulé « Omphalos » (note 1). Le titre du livre provient du mot grec signifiant « nombril », car un débat, dans les cercles chrétiens du 19eme siècle, portait sur la question de savoir si les deux premiers êtres humains, Adam et Eve, disposaient ou non de cette partie de l’anatomie : en effet, ils avaient été créés complètement adultes, comme le reste du monde autour d’eux, et ne portaient donc pas forcément la marque d’une naissance qu’ils n’avaient jamais vécue.
La proposition de Gosse a pour elle de permettre de maintenir une lecture « naturelle » des versets de la Torah, tout en acceptant comme absolument vraies les nombreuses découvertes de la Science ; la recherche scientifique n’est pas futile ni ses méthodes erronées, car l’Univers est à un stade de développement qui reflète effectivement l’effet des lois de la nature. De plus, un texte talmudique semble aller dans le même sens :
כל מעשה בראשית בקומתן נבראו (ראש השנה דף יא עמוד א, חולין דף ס עמוד א).
Tout l’Univers a été créé dans sa forme finale (Bavli, Roch HaChana 11a, ‘Houlin 60a).
Toutefois les problèmes soulevés par cette explication sont très nombreux. En premier lieu, l’explication peut en théorie justifier n’importe quel âge pour l’Univers ; même une religion qui affirmerait, par exemple, que le monde a été créé il y a 10 minutes pourrait s’en servir ! Cet « excès de force » est en réalité une faiblesse : à force de pouvoir tout expliquer, l’approche perd de sa pertinence.
Deuxièmement, l’idée d’un Univers ancien en trompe-l’œil ne peut être réconciliée avec certains thèmes classiques de la pensée juive à travers les âges ; par exemple, l’idée que la marque de Dieu est la Vérité (note 2) s’oppose à toute suggestion d’une divinité qui tromperait ses Creatures, d’une manière ou d’une autre. Et les autorités rabbiniques ont d’ailleurs très souvent insisté sur le fait que la contemplation du monde qui nous entoure est une manière de prendre conscience de l’existence d’une volonté transcendante et de s’y relier spirituellement (note 3). Or, la Nature ne peut prétendre être un chemin vers Dieu si elle n’est finalement qu’une illusion.
Troisièmement, un examen consciencieux du texte talmudique cité ci-dessus révèle qu’il ne saurait en aucun cas être utilisé comme preuve. Pour le comprendre, il nous faut mentalement distinguer ici entre deux concepts distincts, que nous nommerons « l’Univers Adulte » et « l’Univers Ancien ». La première expression veut designer le cas de figure d’un monde dans lequel tous ses éléments auraient été créés directement par Dieu dans leur état final – des arbres, des animaux, des hommes « adultes », prêts à porter des fruits ou à se reproduire ; à l’opposé, la deuxième expression fait référence au cas hypothétique d’un monde qui aurait été créé avec les traces d’un passé qui n’a jamais vraiment existé.
Dans un Univers Adulte, on trouve Adam et Eve, les animaux et les plantes, etc., dans leur forme finale, mais sans les marques des processus qui auraient permis de les former ; dans un Univers Ancien, en revanche, ces traces sont présentes. Autrement dit, dans un Univers Adulte, Adam et Eve ont commencé leurs existence dans un monde vierge ; dans un Univers Adulte, les premiers hommes furent créés avec une histoire.
Très prosaïquement : Adam, au matin de sa création, devait-il laver la vaisselle du repas de la veille (qu’il n’avait jamais pris) ? Devait-il jeter les poubelles, s’occuper de ses enfants en bas âge ou de ses parents âgés ? A-t-il été créé avec les souvenirs d’une enfance qu’il n’avait jamais vécue ? Et ainsi de suite. La réponse, dans le cas d’un Univers Adulte, est négative, alors qu’elle est positive dans le cas d’un Univers Ancien.
Or, il est assez aisé de démontrer que les textes talmudiques peuvent prêter appui à l’idée d’un Univers Adulte, mais certainement pas à celle d’un Univers Ancien. En effet, le problème immédiat des Sages était de justifier l’expression « פרי עץ » (arbre fruitier) utilisé dans la Genèse, et donc d’expliquer comment un arbre nouvellement formé était capable de porter des fruits ; leur réponse fut d’affirmer que les arbres furent créés adultes (note 4). Or, dans un Univers Ancien, certains des arbres sont aussi créés à l’état immature, en tant qu’arbrisseaux ; d’autres sont créés vieux, pourris, malades, ou déjà morts et en putréfaction, car ces états font tous partie de la nature. Ce n’est clairement pas le cas de figure envisagé par le Talmud.
L’Univers Adulte est une théorie insuffisante pour résoudre le problème qui nous occupe ici ; en effet, la Science a découvert de très nombreuses traces du passé, comme par exemple des fossiles d’espèces animales disparues depuis des millions d’années (dinosaures, …) ; nous percevons dans nos télescopes la lumière émise par des étoiles depuis longtemps disparues, parfois de manière brutale (supernovæ, …) ; et, comme le relevait l’astrophysicien Hubert Reeves, nous sommes tous les enfants des étoiles, car la vie s’est construite sur la base des atomes complexes nés dans le cœur en fusion des premières générations d’Etoiles, éteintes depuis des milliards d’années (note 5).
Toutes ces manifestations naturelles que la Science constate, et d’autres encore, sont inexplicables dans une optique d’Univers Adulte, la seule défendable sur la base de nos textes traditionnels ; il faut invoquer un Univers Ancien pour en rendre compte, mais le Talmud ne fournit à une telle théorie aucun soutien textuel.
En conclusion, cette première variante doit être rejetée, du fait des complexités et des incohérences qu’elle soulève.
Variante 2 : les mondes engloutis (note 6).
Cette approche suggère qu’existaient, avant les processus décrits dans le récit de la Genèse, d’autres mondes entretemps détruits par Dieu, et dont la Science ne fait en réalité que percevoir les traces résiduelles.
C’est la thèse défendue au 19eme siècle, par exemple, par le rav Yisrael Lifshitz (surnommé le « Tifferet Israel »), dans un essai où il rend compte de la découverte de fossiles enfouis dans des couches géologiques différentes (note 7). Pour le rav Lifshitz, les découvertes scientifiques modernes, apparemment contraires à la Torah, pointent du doigt les restes de mondes antérieurs, détruits par Dieu pour des raisons qui nous dépassent.
Il faut noter ici que certaines traditions mystiques prêtent appui à cette idée de mondes antérieurs. Par exemple, on trouve, dans un livre comme le Sefer haTemouna (note 8), dans les écrits de Abraham bar ‘Hiya ou ceux du Ramban (note 9), l’idée d’une « Chemita » et d’un « Yovel » divins, qui dureraient respectivement 7’000 ans et 50’000 ans, avant la destruction du monde par Dieu et le recommencement d’un nouveau cycle. Un autre kabbaliste, R. Yitzhak ben Chmouel de Acre (note 10), partant de cette idée mystique de la Chemita céleste et rappelant qu’un jour divin représente, selon le midrash rabbinique, l’équivalent de 1’000 années humaines, proposait au 14eme siècle déjà ( !) un âge de l’Univers légèrement supérieur à 15.34 milliards d’années – soit dans le même ordre de grandeur que les estimations scientifiques actuelles.
Variante 3 : six jours ou six périodes ?
La réconciliation entre Science et Torah se fait ici, non en postulant l’existence de mondes antérieurs, mais en confluant les 6 premiers jours de la Création avec les milliards d’années de la Science.
Un auteur récent supposait que les processus de développement du monde ont été miraculeusement accélérés pendant les 6 jours de la Création, à telle enseigne que 6 jours auraient suffi pour que s’accomplissent des changements qui auraient normalement dû prendre plusieurs milliards d’années (note 11).
Une autre suggestion couramment avancée consiste à soutenir que le mot « jour », dans le récit de la Création, doit être compris comme signifiant une «ère », et non une durée de 24 heures stricto sensu. La logique du texte biblique irait dans ce sens (car le Soleil n’est créé, selon le récit de la Torah, que le 4eme « jour » de Maasseh Bereichit ; or, sans soleil, pas d’alternance de jour et de nuit telle que nous la connaissons aujourd’hui) ; et comme déjà rappelé, des midrashim précisent en outre qu’un jour de Dieu équivaut à 1’000 années humaines (note 12).
Variante 4 : Au Commencement… était l’harmonisation.
Nous mentionnons séparément, du fait de son importance, ce qui est en fait une sophistication de l’approche précédente. Le prof. Nathan Aviezer, dans deux remarquables ouvrages (note 13), affirme que les messages de la Torah et de la Science sont parfaitement identiques.
Il est donc possible et même recommandé, selon Aviezer, d’utiliser les dernières découvertes scientifiques afin de réinterpréter le récit de la Création du monde que l’on trouve au début de la Torah. En cela, il suit la voie tracée au Moyen-Age par Gershonide (le Ralbag), lequel chercha à harmoniser la Torah avec sa vision médiévale de la Science (note 14).
Pour ne donner que quelques exemples parmi les plus significatifs parmi les propositions d’Aviezer : au premier jour de la Création, l’ordre divin « Que la lumière soit ! » (Yehi Ohr) ferait référence au phénomène physique connu sous le nom du « découplement », c’est-à-dire au moment où la lumière s’affranchit pour la première fois du plasma primordial résultant du Big Bang, ou en d’autres termes encore à l’instant où la première lumière apparut dans le jeune Univers, 380’000 ans environ après le Big Bang ; autre exemple: au 5eme jour de la Création, la formation des animaux est identifiée comme étant l’âge terrestre appelé le « Cambrien », une période décrite par la Science comme ayant été le théâtre d’une véritable explosion de nouvelles formes de vie ; plus loin, la création des premiers êtres humains, Adam et Eve, au 6eme jour, est mise en regard des formidables avancées de l’humanité après la révolution agricole, il y a environ 10’000 ans de cela, et qui scandent, selon l’archéologie, l’apparition de l’homme moderne (métallurgie, premier langage écrit, invention de la roue, …). Et ainsi de suite pour l’ensemble du récit biblique.
Signalons aussi ici ce qui est probablement le meilleur ouvrage en français sur notre thème : Jacques Goldberg, Science et Tradition d’Israel, Albin Michel 2001, lequel adopte, dans la grande majorité des cas, une approche harmonisatrice assez comparable avec les thèses proposées par Aviezer.
A noter toutefois que Aviezer rejette complètement la théorie de l’évolution néo-darwinienne, alors que Goldberg est plus avancé sur ce point et l’admet comme exacte, tout en la réconciliant derechef avec le narratif religieux.
Variante 5 : Tout est relatif !
Cette dernière voie d’harmonisation est également une variation de ce qui précède. Selon le Dr. Gerald Schroeder, la clef ultime permettant de réconcilier parfaitement la Science et la Religion est à trouver dans la théorie de la relativité générale d’Albert Einstein (note 15).
Sans entrer dans les détails techniques de ces théories complexes, la relativité générale affirme que l’écoulement du temps n’est pas purement linéaire comme on le croyait jusqu’alors, mais qu’il varie en fonction de différents paramètres comme la gravité (le temps s’écoule moins vite sur certains objets célestes très denses que sur la Terre) ou la vitesse (le temps s’écoule moins vite sur les objets voyageant à une fraction significative de la vitesse de la lumière). Dès lors, rien ne s’oppose à ce que 15 milliards de nos années terrestres, c’est-à-dire grosso modo l’âge mesurable de l’Univers, soient équivalentes à 6 jours de 24 heures dans un autre référentiel.
Selon Schroeder, c’est bien ce qui s’est passé. Dans cette optique, les 6 jours bibliques de la Création correspondent très précisément aux 13.7 milliards d’années de la Science. Les conditions d’existence de l’Univers primordial, quelques instants après le Big Bang, étaient si extrêmes que le temps s’y écoulait beaucoup plus doucement (Schroeder mentionne, sur la base d’études scientifiques, un rapport de 1012 entre l’écoulement du temps actuellement et celui du début de l’Univers). En conséquence, Schroeder résout la question de l’Age de l’Univers par un changement de référentiels – lorsque l’on regarde le passé « dans le rétroviseur », comme nous le faisons à l’aide de nos instruments scientifiques, plusieurs milliards d’années se sont écoulées depuis le Big Bang ; en revanche, lorsque l’on regarde le futur « vers l’avant », comme le fait la Torah dans son récit de la Création du monde, seuls 6 jours s’écoulent.
Evaluation des variantes 2-5.
Ces différentes variantes de l’approche harmonisatrice remportent en apparence tous les succès : la réconciliation de la Torah et de la Science permet le maintien d’une lecture traditionnelle des versets de la Genèse, tout en la couplant avec une attitude positive face aux acquis et méthodes de la Science, qui ne sont pas perçus comme trompeurs ou illusoires – a priori, c’est « le beurre et l’argent du beurre ». De plus, les deux dernières variantes (Aviezer – Goldberg / Schroeder) frappent par la sophistication de leurs raisonnements.
Toutefois, en creusant quelque peu, certains problèmes ne manquent pas de surgir. Nous les examinerons successivement, par ordre décroissant de gravité.
En premier lieu, le problème le plus sérieux de cette approche (à notre avis un problème fatal !) est sans aucun doute que la réconciliation n’est que très superficielle. Comme souvent, le diable se cache dans les détails. Et un examen plus attentif du récit de la Torah révèle que les événements des 6 premiers jours ne sauraient en aucun cas correspondre à l’image scientifique de l’évolution de l’Univers.
Cette critique peut être formulée plus précisément de deux manières différentes ; en premier lieu, certains des événements décrits par la Torah n’ont aucun correspondant dans la vision scientifique, et vice-versa. On peut prendre ici, à titre d’exemple, la séparation entre les Eaux du Haut et les Eaux du Bas, au 2eme jour de la Création, à laquelle la Science ne connaît pas de parallèle.
En second lieu, la chronologie est complètement fausse. Selon que l’on prenne la séquence de la Torah ou celle de la Science, les événements n’arrivent pas du tout dans le même ordre. Par exemple, selon la Torah, le Soleil, la Lune et les étoiles ont été créés au 4eme jour, soit un jour après les plantes ; selon la Science, ils précédèrent les premières plantes de plusieurs milliards d’années. Ou encore, selon la Torah, les oiseaux furent créés avant les animaux terrestres (5eme jour vs 6eme jour), alors que la datation des fossiles démontre que les oiseaux n’apparurent que bien après les premiers animaux terrestres. Et ainsi de suite.
Le tableau suivant (note 16) résume les principales disparités existant entre les deux séquences :
Aviezer tente de résoudre certaines des divergences les plus évidentes, mais son raisonnement est ici extrêmement peu convaincant.
Notons aussi ici que l’approche harmonisatrice ne s’intéresse jamais au deuxième récit de la Création (Genèse 2 :4 – 3 :23), mais exclusivement au premier récit (Genèse 1 :1 – 2 :3). Les deux récits se contredisent pourtant sur un nombre important de détails, ce que les commentateurs classiques n’ont pas manqué de relever. Pour ne donner qu’un seul exemple : le premier Récit indique que l’Homme a été créé après les animaux, alors que le deuxième Récit inverse cet ordre. Dès lors, réconcilier la Science avec le premier Récit, c’est se mettre en porte-à-faux avec le second Récit – et donc, nécessairement, avouer l’échec du grand projet harmonisateur.
Un autre problème grave existe. Force est de constater que les « réconciliateurs » sont très sélectifs dans leur choix des sources qu’ils présentent au nom de la Torah. Seules sont retenues les idées des commentateurs qui sont compatibles avec la vision scientifique moderne. Les autres, celles qui contredisent irrémédiablement la Science moderne, et qui sont bien plus nombreuses, sont discrètement brossées sous le tapis. Ainsi, les tenants de l’harmonisation citent typiquement le Ramban et sa présentation d’inspiration kabbalistique d’un Univers en expansion progressive à partir d’un point originel, et jamais le Rambam et sa vision aristotélicienne d’un Univers parfaitement stable (note 17).
Par ailleurs, toute approche qui interprète un « jour » biblique de manière non-littérale rencontre ipso facto une réelle difficulté à rendre compte de l’observance du Chabbat. En effet, le Chabbat que nous célébrons chaque semaine est traditionnellement compris comme un rappel du premier Chabbat de la Création (זכר מעשה בראשית) ; dès lors que notre Chabbat fait bien 24 heures, il en ressort que le premier Chabbat aussi devait compter 24 heures, tout comme les autres jours originels.
Finalement, admettre la voie de la concordance revient à affirmer que le sens des versets de la Genèse est resté obscur pendant des millénaires, jusqu’à ce que la Science, depuis une cinquantaine d’années environ, permette de le clarifier – ceci semble une curieuse manière de concevoir la nature d’un texte révélé…
En conclusion, l’approche harmonisatrice ne tient pas ses alléchantes promesses. Elle se révèle incapable de réellement rapprocher vision scientifique et récit de la Genèse. La réconciliation qu’elle avance n’est qu’un habile tour de passe-passe, ou un simple vernis extérieur ; sa superficialité cache bien mal une foule de contradictions au niveau des détails du texte. De ce fait, à notre sens, cette troisième approche doit être, à l’instar des deux précédentes, rejetée.
A ce stade, notre conclusion intermédiaire est que l’approche A est insatisfaisante du fait de son rejet injustifié de l’approche scientifique, que l’approche B est inacceptable à cause de son rejet du texte de la Torah, et que l’approche C échoue complètement à réaliser ses objectifs annoncés. Ceci posé, il sera temps pour nous d’aborder la 4eme et dernière approche (D) du conflit Torah – Science lors de notre prochain billet.
Notes :
(note 1) Sur l’auteur voir ici : http://en.wikipedia.org/wiki/Philip_Henry_Gosse.
Sur le livre, voir ici : http://en.wikipedia.org/wiki/Omphalos_%28book%29.
(note 2) Un exemple: “Le Sceau du Tout-Puissant est la Vérité” – Chabbat 55a.
(note 3) Rambam, Hilkhot Yessodei HaTorah Chapitre 2; Kouzari 1:67; ‘Hovot Halevavot, Chaar HaBekhinah, introduction.
(note 4) Voir le commentaire de Rachi sur Roch Hachana 11a, et celui de Tossafot sur ‘Houllin 60a, d’où il ressort clairement que le point de départ était celui des arbres fruitiers ; la réflexion a ensuite été généralisée au reste de la Création. Voir également le commentaire du Megaleh Amoukot, ofane 162, pour une autre explication basée sur des idées kabbalistiques.
(note 5) Voir à ce sujet son livre classique Poussières d’Etoiles, Collection Points Sciences, réédition de 2009.
(note 6) Nous traitons ensemble les variantes 2-5 ci-dessous, car si les approches ne sont pas exactement les mêmes, elles soulèvent néanmoins des objections extrêmement similaires.
(note 7) Voir Drouch Ohr ha’Hayyim, dans son commentaire sur la Michna, Seder Nezikin, à la fin du traité Sanhedrin. Une autre source possible pour une idée proche peut être trouvée dans le commentaire de Rabbeinou Bahya, Bereichit 1 :3.
(note 8) 13eme-14eme siècle.
(note 9) Cf. son commentaire sur le Sefer Yetsira.
(note 10) Dans son livre Otzar ha’Hayyim. A notre connaissance, le premier auteur contemporain à relever cette source est le rav Aryeh Kaplan dans son livre Immortality, Resurrection and the Age of the Universe : A Kabbalistic View, p.9. Voir ici pour les détails du calcul:
http://books.google.com/books?id=cajobAjRh3IC&pg=PA6&lpg=PA6&dq=Sefer+Ha+Temunah+forms+of+Hebrew+letters&source=bl&ots=63uku8qBxt&sig=vrE3UQjPFp9dXtFsi_AdoVRKSOA&hl=en&ei=y8s5TJa6AYn4sAP52NxR&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=10&ved=0CEMQ6AEwCQ#v=onepage&q=Sefer%20Ha%20Temunah%20forms%20of%20Hebrew%20letters&f=false
Notons que le calcul du rav Kaplan a été contesté par d’autres chercheurs.
(note 11) Rabbi Simon Schwab, How Old is the Universe, apparu pour la première fois dans le journal Mitteilungen, New York Avril-Mai 1962; reproduit plus récemment dans un livre publié par la maison d’éditions Feldheim et l’Association of Orthodox Jewish Scientists, Challenge, Aryeh Carmell and Cyril Domb eds., 2nd revised edition (1976) pp. 164-174.
(note 12) Pesikta Rabbati, Hossafah 2:1.
(note 13) In the Beginning: Biblical Creation and Science, Ktav Publishing House, Hoboken 1990; Fossils and Faith, Ktav Publishing House, Hoboken 2001.
Le premier ouvrage a été traduit en français, par une maison d’édition chrétienne, sous le titre : Au Commencement, Editions MJR, Genève 1990.
(note 14) Voir à ce sujet l’excellent article de Gad Freudenthal, Cosmogonie et physique chez Gersonide, Revue des Etudes Juives, numéro 145 (1986), pp. 295-314.
(note 15) Voir Genesis and the Big Bang – the Discovery of Harmony between Science and the Bible, Bantam Book, 1990; ou encore: the Science of God – the Convergence of Scientific and Biblical Wisdom, First Broadway Books 1998. The Hidden Face of God, The Free Press 2001.
L’approche de Schroeder a été popularisée en français par une traduction de Éric Blum (disponible ici : http://www.lamed.fr/index.php?id=1&art=374) et surtout par les conférences du rav Ron Chaya, qui reprennent les thèses de Schroeder pratiquement à l’identique ; voir ici : http://www.leava.fr/cours-torah-judaisme/science/10_lage-du-monde-1-4.php et http://www.leava.fr/cours-torah-judaisme/science/11_lage-du-monde-2-4.php. Rav M. Bitton également suit cette même approche, mais en l’édulcorant quelque peu :(http://www.espacetorah.com/category/65/5075).
Signalons encore la parution d’un roman portugais par José Rodrigues dos Santos, vendu dans le monde à plus de 2’000’000 d’exemplaires et traduit en français sous le titre la Formule de Dieu (éditions Hervé Chopin, Paris 2012), et dont le nœud de l’intrigue tourne autour des thèses de Schroeder quant à l’utilisation de la théorie de la relativité aux fins de résoudre la grande contradiction entre Science et Bible.
Pour une critique détaillée des idées de Schroeder, voir ici : http://www.talkreason.org/articles/schroeder.cfm .
(note 16) Nous le reprenons de Slifkin, the Challenge of Creation, p. 189.
(note 17) Autre exemple de source classique sur la Création de l’Univers en opposition totale avec la vision scientifique et dès lors complètement ignorée par les réconciliateurs : les premiers chapitres des Pirkei de-Rabbi Eliezer.
Serait-il possible de préciser qui sont les chercheurs ayant constaté le calcul de R. Kaplan zatsal ?
Voyez par exemple ce qu’ecrit Ari Kahn dans son livre Explorations (http://www.amazon.com/gp/offer-listing/1568712936/ref=sr_1_1_olp?ie=UTF8&qid=1393848479&sr=8-1&keywords=ari+kahn+explorations&condition=new), p. 291. Nous ne serions pas dans le 6eme cycle cosmique mais dans le 2eme, ce qui change completement les calculs.
Où se trouve la réfutation de « l’approche B » ?
Bonsoir Salomon,
La fin du traitement de la partie A, et celui de la partie B, ont ete laisses de cote provisoirement, du fait de leur caractere quelque peu technique (enfin surtout le A). L’article entier, sans coupures, sera publie sur le blog dans environ 2 semaines, ou si vous preferez vous pouvez l’obtenir en m’ecrivant sur mon adresse email : manubloch75 AT Gmail.com. Merci de votre lecture.
Merci beaucoup ! je saurai attendre.
Pourquoi avoir si peu pris appui sur la théorie de l’évolution elle-même, lui préférant très largement les questions de datations de l’univers ?
Juste pour limiter le sujet (l’article fait deja 25 pages !). Je n’exclus absolument pas de traiter de la question de l’evolution dans le futur 🙂
Bonjour,
Très riche et très didactique, merci! Globalement je trouve ça très convainquant.
Quelques remarques, dans le but d’approfondir les choses par le dialogue:
1- J’en reviens à une question déjà soulevée: vous êtes vous-même amené à distinguer entre l’approche C1 et les approches C2-5, qui forment un tout. Les deux blocs diffèrent sur des points essentiels:
– En C1 il y a une intention trompeuse de Dieu, dans un but non éclairci; alors que dans C2-5 cette hypothèse n’est pas nécessaire
– En C1, l’idée générale reste que la science relève ontologiquement de l’erreur, voire du mensonge divin (ce qui n’interdit pas en effet de reconnaître les vertus utilitaires de la science), et que la vérité de la Torah est littérale. En C2-5, l’idée est que la science dispose de son domaine de validité, et que si on est capable d’élaborer une lecture de la Torah compatible avec les vérités scientifiques on doit s’en réjouir, ce qui est une idée très différente.
– Vous reprenez vous-même pour réfuter C1 une forme de l’argument d’irréfutabilité, en indiquant que C1 permet de justifier n’importe quelle théorie
Ma question vous l’avez compris, qui ne porte que sur un débat de nomenclature, ne remet rien en cause de la démonstration très convainquante que vous faites, ni l’exhaustivité du panorama des différentes positions possibles. Mais si je peux comprendre que vous ne vouliez pas faire de C1 un sous-groupe de A, je pense quand même que C2-5 sont d’une nature différente.
2- vous écrivez: « Force est de constater que les « réconciliateurs » sont très sélectifs dans leur choix des sources qu’ils présentent au nom de la Torah. », puis « admettre la voie de la concordance revient à affirmer que le sens des versets de la Genèse est resté obscur pendant des millénaires, jusqu’à ce que la Science, depuis une cinquantaine d’années environ, permette de le clarifier », qui est la même idée en un sens.
Cette objection là n’est pas celle qui me convainc le plus. D’une manière générale, je ne vois pas où est le problème à admettre que, à toute époque, il y a eu des débats entre les rabbanims littéralistes et ceux qui voulaient interpréter les versets à la lumière des connaissances profanes, en l’état de leur avancement. Si on se place dans la propre logique du Rambam, on peut lire ses écrits sur l’univers et la Torah, quoique reposant sur des bases factuelles fausses, comme témoignant d’une certaine démarche de son esprit, qui est continuée par ses lointains successeurs aujourd’hui sur la base de connaissances mises à jour. A ce titre, la « clarification » du sens ses versets est un travail qui se fait dans le temps, par le biais d’une chaîne de tradition interprétative, et il n’est pas nécessaire d’adopter un biais du présent et de croire que notre époque a un statut particulier.
3- « toute approche qui interprète un « jour » biblique de manière non-littérale rencontre ipso facto une réelle difficulté à rendre compte de l’observance du Chabbat »
Vous avez raison, mais il me semble que selon certaines interprétations (je manque cruellement de références, je crois au moins que Manitou doit dire quelque chose comme ça à un moment mais je ne veux pas le jurer), le Chabbat de la création est le monde même dans lequel nous vivons, celui du repos de Dieu. Dans cette logique là, on doit pouvoir réconcilier la notion de « jour » biblique avec l’observance du Chabbat.
5- Sur le point plus spécifique d’ailleurs de la notion de « jour biblique », je me suis toujours posé une question sur la cohérence interne de la lecture littérale de la Genèse. Les « luminaires » sont créés, de mémoire, au deuxième ou au troisième jour de la création (fichue mémoire!). Or la définition de la succession jour/nuit et même soir/matin dans le récit suppose l’existence préalable de la lune et (au moins) du soleil pour avoir un sens. Je ne sais pas comment cette difficulté est résolue par les tenants d’un littéralisme, mais il y a forcément une entorse à la lecture purement littérale quelque part, non? Avez-vous une réponse
Cher David,
Merci de vos compliments ainsi que de ce long commentaire. Je vais essayer de vous repondre succinctement.
1. J’inclus l’approche C1 (l’Univers ancien en trompe-l’œil) dans les approches harmonisatrices, car precisement a mon sens c’est une manière de valider la Science et sa demarche methodologique. Certes, selon cette logique, en realite l’Univers est jeune ; mais comme Dieu joue a cache-cache, il a les apparences de l’anciennete, et comme (a priori) Dieu est plutôt bon a ce petit jeu, alors l’illusion est parfaite et le monde a vraiment l’air d’avoir son age immense.
On peut donc apprendre des lecons utiles pour le present. Par exemple, etudier les conditions d’explosion d’etoiles anciennes, grace a l’observation du ciel, nous apprend reellement quelque chose sur l’evolution future du Soleil, notre etoile. Et ce, quand bien meme le passe observe ne correspond a aucune realite historique. C’est pour cette raison, cette validation essentielle de la demarche scientifique, que je choisis d’en faire mon point C1.
Maintenant, la refutation est la meme quelle que soit la classification, donc si vous voulez y voir une approche A, libre a vous – le resultat est le meme au bout du compte.
2. Le probleme est que les reconciliateurs n’admettent pas qu’il y a ici debat. Ils choisissent seulement les sources qui les arrangent et ignorent les autres. J’y vois une sorte de tour de passe-passe afin d’epater la galerie.
3. Je vous suis que ce n’est pas l’objection principale… mais elle ne me semble pas inexistante, aussi voulais-je la mentionner.
5. Les litteralistes parlent de la creation, le premier jour, d’une lumiere purement spirituelle, et au 4eme jour de la creation de la lumiere normale que nous connaissons. Je tenterai de proposer une autre lecture la semaine prochaine, dans le cadre de mon approche D.
Cher Emmanuel, merci de vos réponses!
Vous aviez noté que j’avais oublié le point 4, merci d’avoir repris la numérotation fausse, ça facilite 😉
Sur le fond:
1- nous sommes d’accord ce n’est pas essentiel. Je comprends pourquoi ce n’est pas un A dans votre présentation, mais reste sceptique sur le lien qui unit C1 à C2-5, mais ce n’est pas très important en effet.
2- oui, si le biais que vous mentionnez est de mauvaise foi, il faut le dénoncer. Je voulais juste indiquer qu’on pouvait utiliser les dernières découvertes de la science pour éclairer notre lecture des versets, sans tomber dans un « biais présentiel » qui est une autre forme d’anthropocentrisme.
5- merci pour cette réponse. Effectivement, j’ai déjà entendu quelque chose comme ça, mais l’intérêt principal de cet argument est de montrer que les littéralistes ne sont pas si littéralistes que ça. Ils sont bien obligés d’admettre que le texte ne peut pas être pris tel quel au pied de la lettre. A partir de là, ils ne sont plus des littéralistes, mais simplement des maximalistes, qui entendent limiter au maximum les interprétations non littérales, sans pouvoir toutefois s’en passer. C’est sans doute un argument de plus contre la position A.
Je vous fais suivre une demande en MP pour avoir accès à l’article intégral
A bientôt
La question est posée en titre! si la réponse est non alors vous rejetterez la torah? Une question ne devrait jamais remettre en question la foi, on a les questions mais la foi transcende toutes ces considérations liées à notre petitesse/ignorance. Pour qui tu te prends? Tu te mets au même niveau que la Torah quoi? A jugez si c'est compatible! Médiocrité!
Bonjour David,
Je me demande toujours comment repondre a un commentaire du style de celui dont vous avez laisse. L’impression generale qu’il laisse est que vous n’avez pas lu l’article, ou que vous si l’avez lu, vous ne l’avez pas compris. Aucun element, dans ce que j’ai ecrit (et qui est une partie d’une serie de posts qui continuera la semaine prochaine), ne va dans le sens d’un rejet de la Torah.
Je me permets de vous conseiller les strategies suivantes :
1. Lire attentivement le texte. Les mots compliques peuvent etre recherches dans un dictionnaire, ou sur Google.
2. Reflechir un instant au sens de ce que vous lisez, et au besoin poser une question, de maniere respectueuse et sincere.
3. Si tout ceci ne marche pas, vous avez encore la possibilite de ne pas commenter et d’aller faire autre chose.
Entre ces 3 strategies, je pense que vous eviterez, la plupart du temps en tout cas, de poster des grosses betises. Behatslakha !
Je suis assez deçu de lire votre refus total et un peu rapide de l’approche « réconciliatrice » type Aviezer.
Vous la rejetez parce que *certains* passages bibliques semblent irréconciliables avec la science moderne. Par exemple vous citez le pb de la création de la lune au 4ème jour, alors que le Pr Shroeder (que vous citez pourant) répond à ce « problème » dans un de ses livres.
Je pense pourtant que c’est la seule approche valide, surtout au 21ème siècle où toute personne de moins de 40 ans est familier avec le big bang et l’évolution des espèces et n’acceptera pas qu’on tente vainement de discréditer la science. Notre compréhension du monde évolue et je suis certain que les quelques passages encore obscurs peuvent ou pourront etre expliqués.
Enfin ce passage me laisse perpexle : « le premier Récit indique que l’Homme a été créé après les animaux, alors que le deuxième Récit inverse cet ordre. Dès lors, réconcilier la Science avec le premier Récit, c’est se mettre en porte-à-faux avec le second Récit – et donc, nécessairement, avouer l’échec du grand projet harmonisateur. »
Cette remarque est valable meme sans tenter d’harmoniser science et torah ! Si d’après vous les deux récits sont incompatibles, pas besoin de parler d’univers ancien pour discréditer béréshit….
Chavoua Tov Squall,
Merci de votre commentaire, même si, sans vouloir vous vexer, je reste quelque peu sur l’impression que vous avez lu tout cela légèrement trop rapidement, ou sans y accorder la réflexion nécessaire.
Commençons par la fin. Comme le nom du blog l’indique, le but n’est de discréditer ni la Science, ni la Torah. Le premier post de cette série de trois, dont j’ignore si vous l’avez lu (le lien se trouve en tout début de billet), consistait précisément en une critique des arguments antiscientifiques que l’on entend encore malheureusement trop souvent dans certains cercles. Ma conclusion, dans laquelle je ne voyais aucunement une innovation, allait dans le sens de la pertinence fondamentale de l’entreprise scientifique.
Autre point : les deux récits incompatibles de la Création. Leur existence est admise par un certain nombre de commentateurs classiques de la Torah ; le plus fameux est probablement le rav Soloveitchik, qui a rédigé un livre entier (le Croyant Solitaire) afin de présenter sa propre lecture de ce double récit. Au demeurant, il suffit de lire les versets de la Torah pour y déceler les contradictions : les animaux ont-ils été créés avant l’homme, ou après ? La femme a-t-elle été créée en même temps que l’homme, ou après ? Etc. Selon le récit de la Création, premier ou deuxième, la réponse à ces questions varie.
Comprenez bien que si nous voulons conclure au bien-fondé de la Science sans vouloir discréditer la Torah, rien ne nous oblige à adopter une approche aussi problématique que celle de l’harmonisation. Il reste heureusement encore une voie ouverte, celle que je présenterai lors du 3eme billet de lundi – la voie de la lecture non littéraliste.
Les problèmes de la lecture harmonisatrice sont très nombreux, comme le rappelle le tableau comparatif. On ne parle pas juste de « quelques passages obscurs », mais de divergences fondamentales qui sautent aux yeux. L’ordre des événements n’est pas du tout le même, selon la Science ou selon la Torah. Les deux disciplines parlent de choses clairement différentes. A plus forte raison lorsque l’on prend en compte que les chronologies des deux récits ne sont pas les mêmes.
Bonsoir,
J’ai bien lu la première partie sur ce sujet et je suis d’accord que discréditer la science n’est clairement pas la solution. J’ai moi meme du mal à comprendre mes amis qui pensent encore que la terre a 5800 ans.
L’approche de l’harmonisation a le mérite de respecter la science et d’accueillir toute nouvelle découverte comme un challenge. S’il y a eucore des trous, certaines réponses sont très convaincantes. Je suis ni scientifique ni talmid ‘hakham, alors je ne me lancerai pas dans un tableau comparatif.
Votre troisième billet, j’en ai peur, ressemblera à un article écrit par les juifs libéraux anglosaxons il y a 50 ans. Et à chaque « avancée » de la science, la partie non-littérale de la torah va s’agrandir. C’est comme ça qu’un rabbin masorti a fini par dire en public que la sortie d’Egypte n’a probablement jamais eu lieu.
En tout les cas, j’apprécie votre blog qui diffuse une pensée trop méconnue en France.
Bonsoir Squall,
Je comprends maintenant mieux votre position. Ok. Personnellement les objections a la demarche harmonisatrice que je souleve dans ce billet me semblent irresolubles, mais apres tout, l’appreciation de la pertinence d’un argument est une demarche subjective, et des personnes differentes peuvent percevoir la realite de manieres divergentes. Dites-moi simplement alors ce que vous aurez pense du troisieme billet, ok ? 🙂