Réponse à Rav Ron Chaya – la Torah appartient à chaque juif et juive
MAJ: 05/04/2016
“La couronne de la Torah est posée et se tient disponible pour tout Israël […], celui qui la désire viendra et s’en saisira” (Maimonïde, Mishné Torah, hilchot talmoud torah 3:1)
Il y a quelques jours, plusieurs internautes m’ont fait parvenir une réponse (cliquez ici pour la voir) du Rav Ron Chaya concernant l’affaire des « femmes du Mur », ce groupe de femmes se réunissant au Kotel chaque Rosh Hodesh pour prier ensemble, certaines portant talit et téfilines. En plus de ses nombreuses inexactitudes et erreurs halakhiques, Rav Chaya se livre à une attaque gratuite des mouvements du judaïsme qu’il considère comme illégitimes, au nombre desquels il inclut le monde orthodoxe moderne.
Précisons que dans le présent billet, je n’exprime pas mon opinion personnelle quant à la possibilité ou non de porter les téfilines pour une femme, je cherche uniquement à montrer que l’opinion de Rav Chaya est loin de représenter la loi orale toute entière, comme il le sous-entend. Si Rav Chaya s’était contenté de donner sa propre opinion, sans se livrer à une attaque personnelle contre différents courants et à une présentation partiale du fonctionnement de la loi orale, je n’aurais pas réagi.
–
Une présentation orientée de la Halakha
Je ne doute pas un instant des connaissances de Rav Chaya et c’est pourquoi « l’oubli » de certaines références me paraît plus que surprenant.
a) La réponse de rav Chaya s’ouvre sur un verset de la Torah : «Ne t’écarte pas de la parole qu’ils te diront, ni à droite, ni à gauche»1. Par ce verset, Rav Chaya nous rappelle que nous sommes obligés « d’écouter les juges de notre génération, c’est-à-dire les dirigeants spirituels de notre génération ».
Ce verset parle-t-il vraiment des dirigeants de notre génération ? Pour certains Rishonim, c’est bien le cas (Rashba, Sefer Hahinoukh) ; mais pour d’autres, ce verset ne concerne que le Grand Sanhedrin qui siégeait à Jérusalem. Tel est l’avis explicite du Rambam2, apparemment suivi par le Choulkhan Aroukh qui ne mentionne nulle part une telle obligation vis-à-vis des sages contemporains.
L’avis que le rav Chaya présente comme unanime n’est en fin de compte qu’un parmi d’autres ; mieux encore, ce n’est pas celui qui fut retenu par les plus grands décisionnaires.0
b) Rav Chaya nous parle de Michal Bat Kouchi qui, selon le Talmud3, portait les téfilines. Ce Kouchi serait « un illustre inconnu » selon Rav Chaya. Bien que cela ne change rien au fond du débat, j’ai du mal à croire que Rav Chaya puisse vraiment ignorer que, selon la plupart des commentateurs et selon Rashi lui-même4, ce Kouchi n’est nul autre que le roi Chaoul. Michal, fille du roi Chaoul et femme du roi David, mettait donc les téfilines et le Talmud nous enseigne à cet égard que « les Sages ne l’empêchèrent pas »…
c) Rav Chaya affirme à tort que cette anecdote au sujet de Michal n’est pas retenue par la Halakha. Comme je l’ai déjà dit, elle est retenue par le Rambam5, l’un des plus grands décisionnaires du judaïsme, suivi jusqu’à aujourd’hui par certaines communautés.
Rav Chaya a répondu que la halakha est tranché par le Choulkhan Aroukh…, mais que dit le Choulkhan Aroukh ? Rav Chaya écrit que « cela est totalement interdit, et ainsi tranche le Choul’han Aroukh, Ora’h ‘Haïm chapitre 38 alinéa 3 ».
Pourtant, rien de tel dans le Choulkan Aroukh… Au contraire, il écrit uniquement que « les femmes et les esclaves sont dispensés de téfilines, car il s’agit d’un commandement positif lié au temps »6. Rien de nouveau ni d’original, les femmes sont dispensées de tous ces commandements mais peuvent les accomplir si elles le souhaitent. Certes, le Rema l’interdit mais le Rema n’est pas le Choulkan Aroukh et sa décision influe surtout sur les communautés ashkénazes7.
Je tiens encore à rajouter un point, pour éviter tout malentendu. Le Choulkhan Aroukh tranche que « les femmes et les esclaves sont dispensés de téfilines, car il s’agit d’un commandement positif lié au temps »8. Dans le même ordre d’idées, il écrit que « les femmes sont dispensées de la lecture du Shema »9, « de l’écoute du Shofar »10, « et de la mitsva de Soucca »11, car tous ces commandements sont des mitsvot positives et liées au temps. Cependant, le Talmud et tous les décisionnaires permettent aux gens dispensés d’un commandement de le faire à titre bénévole. Les femmes juives ont d’ailleurs l’habitude de se rendre à la synagogue pour écouter le Shofar et participent souvent à la mitsva de Soucca. Affirmer que cette dispense du Choulkhan Aroukh serait un interdit est tout simplement faux et reviendrait à dire que toutes les femmes pieuses se rendant à la synagogue à Rosh Hashanna commettent une transgression.
Au passage, notons que c’est justement de l’histoire de Michal Bat Kouchi que de nombreux décisionnaires apprennent qu’une femme peut accomplir les commandements dont elle est dispensée et réciter les bénédictions d’usage. Voir par exemple les propos de Rabeinou Tam12 ou ceux de Rashba13. Cette décision halakhique fait force de loi chez les communautés ashkénazes…
Voilà donc qu’une histoire prétendument « non retenue par la halakha » selon Rav Chaya est en fait considérée par un grand nombre de Rishonim comme source de loi ! Certains retiennent de ce cas qu’une femme peut porter des téfilines (Rambam, Choulkhan Aroukh, Rashba, …) d’autres retiennent qu’elle peut réciter des bénédictions pour les commandements dont elle est dispensée (Rabeinou Tam, Rashba, Rema, etc…).
Je voudrais encore rajouter un point : même l’avis interdisant aux femmes de porter les téfilines estime que l’interdit se base sur une raison extérieure ; c’est-à-dire que selon la loi orale, le principe général veut qu’une femme soit autorisée à porter les téfilines, mais qu’on l’empêcherait à cause d’un problème indépendant: le fait qu’elle n’ait pas un corps propre. Cet avis est celui du Maharam de Rotenbourg14, sur lequel se base le Rema pour interdire aux femmes de porter les téfilines.
Selon cette logique, la conclusion du Olat Tamid, un des commentaires classiques du Choulkhan Aroukh, s’impose d’elle-même : « mais si une femme est âgée et sait garder son corps, on ne lui interdira pas [de porter les téfilines] »15.
Les références sont encore nombreuses et variées, mais je crois que celles-ci devraient suffire à étayer mon reproche, à savoir le fait de sélectionner certaines références pour en faire l’avis unique de la loi orale. Je doute fort que quelqu’un ose dire du Rashba ou du Rambam qu’il ne représente pas la loi orale, à plus forte raison du Talmud, qui l’autorise explicitement. De plus, j’ai également prouvé que l’histoire de la fille de Kouchi est retenue par la halakha selon tous les décisionnaires, mêmes si certains interdisent aux femmes de porter les téfilines pour d’autres raisons.
d) Rav Chaya nous propose une liste d’exemples visant à prouver la contradiction interne qui existerait chez des femmes voulant porter les téfilines, car «D’un côté, elles écoutent ‘Hazal parce qu’elle porte (sic) des tefillin comme le dévoilent ‘Hazal dans le cadre de la loi orale (boîtes noires, sur le bras, les textes dévoilés par ‘Hazal), et d’un autre côté, elles portent des tefillin alors que ces mêmes ‘Hazal interdisent de porter des tefillin. »
L’argument est spécieux. Généralement, le nom « Hazal » fait allusion aux Sages du Talmud. Si c’est l’intention voulue par rav Chaya, alors il a clairement tort : ces femmes ne s’opposent en rien à Hazal, qui permettent explicitement aux femmes de porter les téfilines, comme nous l’avons vu. Et si l’intention du Rav était de faire allusion aux Sages des générations ultérieures, alors il est vrai que ces femmes s’opposent à l’avis d’une partie d’entre eux, mais elles suivent en réalité une autre partie et ont sur qui s’appuyer – comme prouvé précédemment. À l’inverse des exemples rapportés à contresens par Rav Chaya, les femmes portant des téfilines ne sont donc pas en rupture avec la loi orale. C’est d’ailleurs la conclusion pratique de Rav Eliezer Melamed, rav orthodoxe contemporain dont l’œuvre halakhique est suivie par une grande partie du monde sioniste-religieux, qui estime que ces femmes portant les tefilin ont sur qui s’appuyer et que les rabbins n’ont pas à les rejeter16.
–
Rejet et méconnaissance du monde juif
J’en viens au fait qui m’a poussé à écrire ce billet : la délégitimation de Rav Chaya de tout courant juif ne collant pas scrupuleusement à sa propre façon de voir les choses. Il écrit :
« Tous les mouvements (dont celui auquel certainement vous appartenez) qui ont remis en cause ne serait-ce qu’un yota de la loi orale ont, en quelques générations, soit disparu soit perdu leur identité de représentativité du peuple juif. Il y a eu plusieurs dizaines de mouvements de ce type durant l’histoire. Et vraiment absolument aucun d’entre eux n’a perduré. Soit ils ont tout simplement disparu, soit ils sont devenu des mouvements non reconnus comme représentatifs de la Torah d’Israël. Ce sera le cas pour les tsedokim, les baïtossim, les chrétiens, les karaïtes, les néologues, les réformistes, les reconstructionnistes, les conservatifs, les libéraux, les massortis, les moderne-orthodoxes, les dardaïm et j’en passe… Tous avaient comme point commun celui qu’ils ont avec vous : la non reconnaissance de la validité de la loi orale. »
a) Tout d’abord, je ne sais pas ce que Rav Chaya entend par « ils sont devenu des mouvements non reconnus comme représentatifs de la Torah d’Israël ». Représentatif aux yeux de qui ? De Dieu ? Des juifs ? Des non-juifs ? Ou, plus probablement, « représentatif » aux yeux du seul rav Ron Chaya lui-même ?
Pour ce qui est de Dieu, j’avoue ne pas connaître Ses pensées. Et, sous peine pour lui de tomber dans le grave péché d’orgueil qu’il se fait fort d’attribuer aux « femmes du Mur », Rav Chaya doit admettre les mêmes limitations.
Pour les deux catégories suivantes, il est clair que le judaïsme orthodoxe (avec lequel je m’identifie, soit dit en passant) est loin de représenter « la Torah d’Israël » aux yeux des juifs et non-juifs de la planète. La large majorité des juifs ne s’estime pas orthodoxe et les mouvements conservative et réformé comptent chacun plus d’adhérents de par le monde que le mouvement orthodoxe…
Comme Rav Chaya, je souhaiterais que le monde orthodoxe (dans sa diversité, du monde harédi aux orthodoxes modernes) puisse représenter la Torah d’Israël aux yeux du peuple juif. Mais je pense personnellement que si ce n’est pas le cas, c’est bien à cause de notre propre incapacité à présenter aux juifs non-orthodoxes un judaïsme à la fois strict et souriant, un judaïsme en accord avec les paroles du roi Shlomo : « ses chemins sont des chemins agréables et toutes ses voies sont paix » (Prov. 3:17). Plutôt que de combattre les autres courants, c’est sur ce programme que l’orthodoxie devrait axer ses efforts.
b) Les dardaïm. Il s’agit d’un courant yéménite aujourd’hui très minoritaire. Toutefois, les transformer en hérétiques me semble être une pure démonstration de haine gratuite ou d’ignorance.
Le fondateur du courant « dor déa », expression qui est à l’orgine du mot dardaï, était le Rav Yehia Kapach (19e siècle), un grand sage yéménite. Consterné par les pratiques superstitieuses et quasi-idolâtres de ses coreligionnaires, Rav Kapach voulu rehausser le judaïsme yéménite en revenant à l’étude de la philosophie juive et de Maïmonide, autrefois grand guide du judaïsme yéménite.
Cependant, Rav Kapach alla assez loin en considérant que l’ensemble de la littérature kabbaliste était interdite, voire idolâtre. Il est vrai que cette opinion extrêmement minoritaire a de quoi surprendre, mais qu’a-t-elle d’hérétique ? Certes, la Kabbala est acceptée par l’ensemble du peuple juif, mais celle-ci n’appartient en aucun cas aux 13 fondements de Maïmonide et celui qui la rejette ne peut être qualifié d’hérétique. Rav Chaya parle de « rejet de la loi orale », or les dardaïm basaient toute leur pratique juive sur le grand Maïmonide, un des piliers de la loi orale 17!
Nous savons pertinemment que de nombreux rishonim n’appréciaient pas la mystique juive, cela fait-il d’eux des hérétiques ? Maïmonide, Ibn Ezra, Ralbag et d’autres seraient-ils hérétiques ?
Rajoutons qu’au sujet des dardaïm, Rav Ovadia Yossef statue qu’ils ne sont en rien des hérétiques et qu’il est strictement interdit de détruire leurs synagogues18. Par ailleurs, il existe un échange épistolaire entre le Rav Kapach et Rav Avraham Kook, ce dernier qualifiant son interlocuteur de « Grand Rav, splendeur parmi les gens […], notre maître Rav Kapach »19. Difficile d’imaginer de tels titres attribués à un hérétique.
Rajoutons enfin que le petit-fils du fondateur de ce courant n’est autre que le grand Rav Yossef Kapach, qui fut dayan dans les tribunaux du grand rabbinat d’Israël, sous la présidence de Rav Ovadia Yossef. Il publia également la plupart des écrits du Rambam en se basant sur les manuscrits très précis transmis par son grand-père, sur lequel il ne tarissait pas d’éloges.
c) L’orthodoxie moderne. Dire de l’orthodoxie moderne qu’elle ne respecte pas la loi orale relève du mensonge le plus total. Rav Soloveitchik fut l’un des grands maîtres de l’orthodoxie moderne et la plupart de ses écrits tournent justement autour de la sainteté de la halakha ; le plus connu est son célèbre essai « L’homme de la Halakha», au titre évocateur.
Les grandes organisations de l’orthodoxie moderne sont l’Orthodox Union (OU) et le Rabbinical Council of America (RCA). L’OU dirige un label de kasherout reconnu internationalement et le RCA jouit d’une reconnaissance indiscutable, ses mariages, divorces et conversions étant reconnus par les rabbinats orthodoxes de par le monde (y compris le rabbinat français et le rabbinat israélien).
Une des plus grandes institutions orthodoxe moderne en Israël est la Yeshivat Har Etzion, où étudient des centaines d’élèves. Son séminaire rabbinique fonctionne en collaboration avec le rabbinat israélien et son dirigeant, Rav Lichtenstein (gendre de Rav Soloveitchik), est considéré comme un grand érudit. Il suffit de lui parler pour apprendre que les dirigeants orthodoxes américains comme Rav Moshé Fenstein, le Rabbi de Loubavitch ou Rav Kotler portaient un profond respect à Rav Soloveitchik et voyaient l’OU et le RCA comme des organisations totalement orthodoxes.
d) le mouvement conservative/massorti. Tout d’abord, il s’agit du même mouvement, ce que Rav Chaya semble ignorer. Deuxièmement, on peut trouver leurs opinions illégitimes mais on ne peut affirmer qu’ils rejettent la loi orale puisqu’eux-mêmes affirment le contraire.
Une lecture sérieuse de leurs textes montre que la loi orale est la base de leur judaïsme, même si leur vision de la halakha n’est pas celle de l’orthodoxie.
Notons que certains dirigeants du mouvement étaient considérés comme des talmidei hachamim aux yeux de nombreux dirigeants orthodoxes. Pour ne citer qu’un exemple, Saul Lieberman (qui dirigea le séminaire rabbinique du mouvement jusqu’à sa mort au début des années 80) était considéré comme un ilouï par son cousin le Hazon Ish, étudia en havrouta avec Rav Kook et se vit offrir un poste rabbinique par Rav Ytshaq Hutner. Jusqu’à la fin de sa vie, il entretenait de chaleureux échanges épistolaires avec les grands érudits du monde orthodoxe20.
e) Rav Chaya présente le monde orthodoxe comme étant la parfaite continuité du judaïsme, qui n’aurait pas bougé d’un iota depuis le don de la Torah. Je ne veux pas m’étendre sur ce point, mais cette vision romantique n’a évidemment aucun fondement historique. L’orthodoxie s’est créée en réaction à la réforme et ne consiste pas uniquement à respecter la loi orale, elle s’accompagne de toute une idéologie totalement nouvelle. Je recommande particulièrement le livre du Professeur Marc Shapiro, au sous-titre explicite: « How Orthodox Judaism Rewrites Its History » (Comment l’Orthodoxie ré-écrit son histoire?).
Des livres entiers ont déjà été écrits sur la question et l’intéressé les trouvera rapidement. Il suffit de réaliser qu’une loi aussi banale que le port des téfilines par des femmes est sujette à débat chez les rabbins du Moyen-âge pour comprendre que la loi orale n’est pas le bloc monolithique que Rav Chaya, à l’instar du monde harédi, veut nous présenter.
–
Conclusion
Dans ce court exposé, j’espère avoir mieux exprimé les raisons de mon mécontentement face à la réponse du Rav Chaya. Ainsi, son exposé repose sur une série d’arguments pour le moins contestables, et souvent erronés. Cela étant dit, comme le note le rav lui-même, l’erreur est humaine. Elle est pardonnable. Ce qui est vraiment irritant n’est pas là, mais dans l’image générale véhiculée, tel un message subliminal, par le texte de la réponse : « je suis le seul à avoir raison ; tous les autres ont tort. Je suis le seul, l’unique et l’authentique représentant de Dieu sur Terre. Tous les autres – des contrefaçons en trompe-l’œil ».
Au-delà des errements du texte de rav Chaya, c’est son intolérance qui frappe, l’absence de toute reconnaissance du droit de l’autre de penser différemment. Pourtant, le judaïsme hareidi, dont le rav Chaya se veut le représentant, connait les vertus de la tolérance. Et pour cause : il n’hésite pas à utiliser ce même argument de la tolérance lorsqu’il se trouve en position minoritaire, donc en position d’en profiter (face aux non Juifs, en-dehors d’Israël ; face aux juifs non religieux, en Israël).Les références présentées dans cet article ne sont qu’un modeste extrait de la diversité et du pluralisme de la loi orale. J’espère qu’elles permettront à certains de mieux comprendre le fonctionnement de la halakha afin d’exprimer une plus grande tolérance envers l’ensemble des juifs.
Je ne suis pas intéressé à poursuivre cette discussion car il me semble que Rav Chaya n’est pas vraiment prêt à considérer une opinion différente, même si elle provient de quelqu’un s’estimant également orthodoxe, mais ne partageant pas son idéologie. Car ne vous y trompez pas, le débat n’est pas halakhique mais hashkafatique, idéologique. Contrairement à Rav Chaya, je crois qu’il ne m’appartient pas de condamner les choix d’autres juifs et juives croyants, surtout si ces choix puisent également leurs sources dans la loi orale et la Torah d’Israël.Mais surtout, je crois que ces petites divisions au niveau de la pratique sont bien mineures face à ce qui devrait être le véritable objectif du peuple juif : vivre uni et en paix. Cette union sera impossible tant qu’une partie du peuple continuera à se voir comme seule source de légitimité et cherchera à imposer son point de vue aux autres.
Je rappelle encore une fois que le but initial de cet article n’était pas de rejeter l’avis halakhique de Rav Chaya. Il vient avant tout répondre à la grave insulte qu’à porté Rav Chaya à la majorité du peuple juif et au courant orthodoxe moderne. J’en ai profité pour présenter les failles du raisonnement halakhique de Rav Chaya, que je respecte toutefois s’il s’agit là de son avis personnel et non de « l’avis de la loi orale » toute entière.
–
Notes:
0 pour plus d’approfondissements au sujet de l’autorité rabbinique, nous vous renvoyons à l’article de Franck Benhamou « Fabrique la Loi » sur le Site des études juives : http://www.lesitedesetudesjuives.fr/medias/files/fabriquer-la-loi.pdf
Hazak Gabriel. Je souscris évidemment à chaque mot de ta réponse ordonnée et notamment sur ton accent sur la diversité du judaïsme qui ne se limite pas à Bné Brak et associés (et avec tout le respect sincère que j’ai pour ces communautés).
Si je puis me permettre juste une remarque permettant d’aller encore plus en profondeur dans la discussion (sachant que le Rav Ron Chaya a quand même eu le mérite de répondre ici): il faudrait ajouter un mot sur le fait que beaucoup (pas tous c’est vrai) des poskim contemporains interdisent le port des téfilines pour les femmes (en plus du fait que l’histoire sur les filles de Rachi est effectivement une légende). Que faire de cela ?
A mon sens, il y a plusieurs réponses:
– D’abord l’évolution très contemporaine d’une centralisation des décisions halakhiques « courantes » aux mains de « guedolim » (notion aussi très moderne), alors que la tradition consistait plutôt à interroger « son rav » avec lequel on a une vraie relation personnelle et existentielle. Pour preuve des limites du système actuel consistant à prendre ses avis halakhiques auprès de rabbanim à qui 95% des gens ne parleront jamais en vrai et 99% des gens pas plus de 30mn dans leur vie, je doute que tous les rabbanim Haredim français se soient interdits les Smartphones, comme certains Guedolim le préconisent….
– Ensuite le fait que certaines halakhot « unanimement » respectées à une époque, ne le soient plus plusieurs centaines d’année après tout simplement parce que le peuple change et sans que ça provoque de grands traumatismes. Les exemples sont légions et sont même référencés pour certains dans le Talmud
Néanmoins, sans partager tous les arguments du Rav Ron Chaya, je pense qu’il faut rester sensible à l’argument du « risque libéral » (qui était aussi celui du Rav Feinstein). Les problématiques de « statut personnel » sont suffisamment sensibles et cruciales pour le peuple pour qu’on puisse envisager avec sérénité que des psakim soient délivrés afin de d’ôter toute confusion possible avec une tentative de Reforme (au sens libéral du terme) du judaïsme.
Merci Frison.
Je suis d’accord avec la plupart de tes remarques.
Mais comme dit dans l’article, mon but n’est pas de discuter de la possibilité ou non de mettre les téfilines pour une femme.
Je voulais simplement dénoncer la vision monolithique et intolérante de R. Chaya.
Globalement, je crois qu’on assiste à une triste globalisation de la psika. Des rabbanim tranchent pour leurs communautés, et leurs décisions sont immédiatement vues comme universelles. C’est très problématique, car cela crée un décalage terrible entre le possek et le peuple. Personnellement, je crois que chacun devrait s’adresser à un rav dont il est proche, pas un rav éloigné de son monde, fut-il un « gadol ».
En ce qui concerne la possibilité pour une femme de mettre des téfilines, je crois que là aussi la globalisation de la Halakha frappe. On entend les opposants mais jamais l’autre coté. Beaucoup de rabbins orthodoxes accepteraient cette possibilité si on leur demandait à titre individuel. Nul ne veut être taxé de réformé….
Au passage, je trouve que le Pninei Halakha est très courageux sur ce point, puisqu’il estime qu’il ne faut pas empecher une femme désirant mettre les téfilines. En réalité, il ne fait que suivre la logique du Choulkhan Aroukh, mais c’est courageux quand même.
Encore un mot sur la légende des filles de Rashi. C’est effectivement une légende, mais ce genre d’anecdote existe pour d’autres figures célèbres. Tout d’abord Mikhal, fille de Shaoul, mais aussi la femme du Or Hahayim, ce qui est attesté par de nombreuses sources dont Rav Tolédano dans son livre « Or Hamaarav ». Il y a encore quelques exemples que je n’ai pas sous la main.
Gabriel
Bravo Gabriel pour cette leçon de bon sens
Au-delà des questions d’espèces qui n’intéressent que les intéressés, la controverse touche à la compréhension de la Halakha.
Voici un article de Franck Benhamou qui met le doigt là où il faut :
http://www.lesitedesetudesjuives.fr/pages/halakha/philosophie-de-la-halakha/fabriquer-la-loi.html
Hazak
J’ai envoyé cela a leava.
J’espere que Rav Chaya me repondra
A plus tard
Nath
Chalom Rav,
Dans une réponse précédente, vous parliez du « judaïsme orthodoxe » qui serait le seul authentique depuis 3000 ans.
J’avoue ne pas comprendre entièrement.
Rabbi Akiva et ses élèves, Saadia Gaon, Rambam portaient ils un chapeau borsalino comme tous les orthodoxes le font maintenant? Mangeaient ils la même cacherout que nous quand on sait que Rabbi Yossi mélangeait le poulet avec le lait et enseignait cela à sa communauté?
Ou commence donc dans l’histoire votre judaïsme « orthodoxe » ?
Au choulhan Artoukh ? Mais le recours à ce dernier n’a-t-il pas été critiqué par les plus grands ? (le Maharal par exemple, qui y voit une faiblesse intellectuelle et qui dit explicitement dans Netivot Olam que l’application d’une Halacha doit sortir d’un limoud et non d’un texte)
C d’ailleurs l’étymologie du nom orthodoxe (doxa, opinion, droite).
La Torah, selon vous serait donc une norme, une opinion droite qui ne bouge plus depuis 3000 ans ?
Ou serait donc notre part personnelle dans cette extraordinaire aventure ?
Quel serait donc l’utilité de l’étudier si tout est décidé depuis le Choulkhan Aroukh , il y a 500 ans ?
La comprendre ? Certes. Mais une fois qu’on a compris qu’est-ce qu’on fait ?
Et si mon histoire, mon expérience, mon étude et ma fréquentation des maitres font que je la comprenne différemment, qu’est-ce que je-fais ?
Pour vous donc, la Torah est une vérité absolue et les hommes n’y ont aucune part et ne peuvent pas la changer au fil des générations?
Pourtant, si je ne m’abuse, a l’époque du Sanhedrin, les lois étaient revotées à chaque génération, le Mechech Hokma dans le commentaire de la percha Behoukotai dit même que c’est un élément central pour la pérennité du peuple juif.
J’aimerai bien avoir votre point de vue sur cette problématique.
Cordialement
Meir
J’ai un seul probleme avec vous. C’est que vous citez des sources de la Torah Orale alors que vous ne la respectez pas dans son entiereté. Aujourd’hui et depuis plusieurs siecles le Choulhan aroukh est la base dans la fixation de la loi avec quelques differences ashkenaze/sefarade. Ce n’est pas une carte de restaurant. Vous ne pouvez pas d’un coté, dire que certaines décisions halakhiques sont dépassées et de l’autre appuyer vos nouvelles décisions (entre autre les tefilinnes pour les femmes) avec des sources provenant du Choulhane Aroukh. Si vous me répondez que vous suivez la loi Orale dans son entiereté alors je vous demanderai pourquoi les orthodoxes ont un probleme avec vous. En vous démarquant du Choulhane Aroukh vous vous mettez à la marge du peuple juif comme l’on fait avant vous tous les mouvements libéraux et les chrétiens.
« Globalement, je crois qu’on assiste à une triste globalisation de la psika ». C’est très juste. La psika est par essence l’application de la halacha au ici et maintenant de chaque communauté, de chaque individu.
Reb Chaim Grodzinski avait reçu une sheela d’Allemagne relative aux relations que le mouvement néo-orthodoxe allemand devait entretenir avec les autres tendances de l’époque. La question partait du principe que les conditions avaient changé depuis la décision du Rav Shimshon (ben) Raphael Hirsch.
Reb Chaim Grodzinski a estimé qu’il fallait que cette question soit posée à un Rav inséré dans la société juive allemande et qui en connaisse les conditions particulières, ce qui n’était pas son cas. Il a donc refusé de statuer et renvoyer vers une autorité locale.
Cet article suscite en moi 2 questions :
– Au fond, quel est le but poursuivi par ces femmes ? Le droit de mettre les tephilines ? L’obtention d’une zone dédiée au kotel ? Autre chose ? En fait, je ne comprend pas réellement leurs motivations.
– La conséquence de cet acte est une augmentation du fossé qui sépare les différentes communautés du peuple juif. Avons nous besoin de cela en ce moment ? En même temps, ce n’est pas la « root cause ». Je pense que depuis les dernières élections, les choses se tendent entre les ‘haredi et les autres tendances (notament avec les modern orthodox).
Cependant, voir assimiler les modern orthodox, libéraux, conservative avec les chrétiens était tout à fait insuportable.
D’ailleurs, il y a quelques semaines le Rav Ron Chaya avait, sur son blog, recommandé de fuir comme la peste les modern orthodox (sans aucune explication).
Mon avis est que les ‘haredi sont absent du gouvernement Israelien et qu’ils (une partie seulement) tiennent pour responsable les modern orthodox (Bennet) et Lapid. D’ou la campagne de dénigrement à laquelle on assiste. Ici on est plus sur un terrain politique que religieux. Comme l’a dit le Rav Yaakov Sitruk dans le petit hebdo « Aujourd’hui la carte politique en Israel a changé, ce sont les règles du jeu, nous devons les accepter. Si nous ne sommes pas prêts à les accepter nous ne devons pas jouer »
Merci Gabriel pour cet article.
Gabriel Abensour Certainement pas dans la citation en tête du blog. "ce" mouvement et non pas "notre" mouvement. "Nos" valeurs oui, car il s'agit des valeurs juives communes aux différentes tendances actuelles de la société juive réelle.
Il faut lire la lettre entière. A part ça, je ne connais aucun de ces élèves prétendant qu'il n'était pas MO. Bien au contraire, tous ses élèves sont des figures connus du rabbinat MO.
Je suis déçu par la véhemence du rav Chaya ,que j’ai vu en séminaire à Paris , et que je ne pense pas etre un gourou
Sa préoccupation me semblait alors etre l’union de Am Israel et le retour au bercail de brebis » égarées »
Sa réaction excessive me semble liée à la peur de se confronter à d’autres Vérités
( chivim panim); peur particulière du Baal Techouva de se couper de la source
initialle de son enseignement
Mais peur erronée , à mon sens , car contraire à tout l’enseignement
du Talmud à savoir : la recherche avant tout , et par la confrontation , de la vérité,
meme si elle s’avère contraire à notre opinion initialle
Merci à Gabriel de sa pondération et de sa recherche sincère de cette (sa) vérité
ma réponse adressée à Ron Chaya directement suite à son commentaire sur le mur le blog Modern Orthodoxe :
Depuis quand Rav Ron Chaya "mihze kéyohara" signifie un interdit ?? De plus le même Rama qui dit que la femme ne doit pas les porter (Orah Haïm 17, 2) à cause de la raison de "yohara" dit juste avant que si elle les porte elle peut dire la bénédiction, or si c'est interdit qu'elle les porte comment sa bénédiction "QUI NOUS A SANCTIFIÉ PAR SES COMMANDEMENTS" ne serait-elle pas considérée comme une bénédiction en vain ? De plus voyez dans la halakha chaque endroit où il est écrit qu'il ne faut pas faire une chose à cause de la raison de "yohara" je vous défi d'en trouver un seul qui renvoie à un acte interdit !
Vous le savez mieux que nous tous ici cher monsieur que lorsqu'une chose est interdite elle a pas besoin de dépendre de la question de "yohara", yohara est juste une disposition plus morale que halakhique. Tout comme les femmes peuvent halakhiquement monter à la Torah mais nous disons que ce n'est pas dans le respect de la communauté de la faire monter (Méguila 23, a, Shoulhan Aroukh Orah Haïm 282, 2), ainsi on ne peut déduire de ce texte un interdit au contraire si c'était interdit le respect de la communauté n'aurait pas lieu d'être évoqué ici, de plus la bénédiction que la femme ferait en montant à la torah serait là encore en vain, ce qui n'est pas le cas et ce, même d'après le Beth Yossef.
Pour vous donner juste un exemple on dit dans la Mishna que le Hatan vue qu'il est préoccupé par le mariage et qu'il ne peut avoir la concentration requise pour la lecture du shéma il en est dispensé. la Mishna nous dit, en revanche, que s'il veut il peut être plus sévère et le faire. R. Shimon b. Gamaliel, par contre le déconseille il dit: "pas tout celui qui veut saisir le Nom de Dieu peut se permettre de le faire" sous entendu il y a ici un acte d'orgueil de vouloir montrer qu'on est capable de lire le shéma comme il faut et faire mieux que tout le monde (Berachot 16, b). Là encore non seulement ça ne signifie pas un interdit, même d'après Rashbag, il se trouve que le Shoulhan Aroukh (Orah Haïm 70, 3) nous dit que puisque de nos jours, les gens ne sont plus si scrupuleux, à lire le shéma avec autant de concentration, le hatan devra donc lui aussi le faire. Le Mishna Berora ajoute que de nos jours la halakha est inversée c'est au contraire si le hatan veut s'en dispenser que ça devient un signe d'orgueil que lui montre à tous qu'il ne fait pas le shema le soir de son mariage, parce que bien évidement les autres jours IL FAIT LUI le shéma comme il faut. (Idem 14). Un texte clair et net qui vous montre qu'il ne faut surtout pas amalgamer une règle mise en place à cause de "yohara" d'un interdit halakhique, alors même que ça n'a même pas valeur d'un interdit rabbinique, et qu'en plus il montre que "yohara" dépend du contexte. Ainsi, selon cette Mishna on pourrait bien dire que si les femmes de nos jours mettent de plus en plus le Talit il n'y aurait donc plus de "yohara" ce qui aurait pour effet de lever même cette règle d'usage. On peut donner l'exemple avec le compte du Omer que même si les femmes sont dispensées le Maguen Avraham (489, 1) écrit que de nos jours les femmes ont pris ce commandement sur elle comme une obligation (Cf. Shoulhan Aroukh Harav idem 2).
Notons que le Minhat Hinoukh (306) écrit que les propos du Maguen Avraham lui sont incompréhensibles et qu'il n'a trouvé aucune source qui indiquerait que le compte du omer serait devenu obligatoire pour les femmes par la force de l'usage, à l'instar de la prière du osir pour les hommes, qui à la base n'était pas obligatoire, et reste avec question, mais l'usage est tenace et les femmes appliquent cette mitsva avec joie !
Voilà pour le moment sur vos propos même s'il me reste encore beaucoup à dire.
Ron Chaya lol http://www.youtube.com/watch?v=yqgQKIF0FhY
Première partie de ma vidéo sur le sujet http://www.youtube.com/watch?v=ueVfBOB3oTI la seconde sera publié aujourd'hui.
Je suis désolé, mais le Rav Ron Chay (qui a fait l’armée) qui est ouvert d’esprit et qui a fait faire téchouva à plus d’un ! C’est à mes yeux un Grand de la Thora !!!
Oui, rav Ron Chaya a clairement raison !!!
Comment voulez-vous qu’un ultra convaincu comme l’est un orthodoxe vous dise autre chose que ce qu’il a dit ???
Comment voulez-vous qu’il ne voit pas dans ces femmes portant téfilines et talith au Kotel, lieu le plus Saint de notre religion juive ???
Si vous vouliez une réponse qui ne condamne pas avec force, en étant en pleine cohérence, fallait pas s’adresser à un orthodoxe mais à un massorti, un libéral ou encore un réformiste !
Cher Sam,
Dans mon article j’apporte de nombreuses références et des arguments logiques, ce à quoi vous m’opposez l’argument d’autorité selon lequel « Ron Chaya est un grand de la Torah, il a donc forcément raison ». En deux mots, nous ne parlons pas la même l’angle puisque votre commentaire ne réagit en rien aux points soulevés par l’article. Je vous renvoie vers le billet suivant pour mieux comprendre ce que je vous dis: https://www.aderaba.fr/argumentdautorite/
Pour finir, ce que j’aurai attendu d’un rabbin se disant orthodoxe c’est une référence honnête des sources de la Halakha que sont le Rambam et le Choulkhan Aroukh. Or les deux autorisent les femmes à porter talit et téfilines (même s’ils ne les obligent pas à le faire). Je suis certain que les mouvements non-orthodoxes seront heureux d’apprendre que pour vous, ces deux autorités sont « un massorti, un libéral ou encore un réformiste ».
Kol Touv
Bonjour Gabriel,
Vous citez Rambam et le Choulhan Aroukh pour prouver que les femmes ont le droit de mettre téfilines et talith mais c’est faux !
Choulhan Aroukh (38-3) dit que les femmes sont dispensées de mettre les téfilines et le talith car c’est une Mitsva liée au temps. Maintenant, si les femmes veulent malgré tout mettre les téfilines/talith, le Choulhan Aroukh nous dit qu’on ne le leur permet pas !
Plus près de nous : avez-vous entendu une autorité halachique, un possek digne de ce nom (non Massorti/libéral/réformiste) d’aujourd’hui ou d’il y a peu, autoriser les femmes à mettre et les téfilin et le talith ??? Et qui plus est au Kotel ??? Et qui plus est en publique ???
Si oui, je serais curieux de savoir qui ???
Il n’y a pas de loi Écrite sans loi Orale ou alors on retombe dans l’hérésie de certaines sectes juives…
Quand à Rambam nous dit parce que dérangé par l’inégalité entre hommes et femmes au niveau du port des téfilin, en vient à autoriser le port des téfilin pour les femmes, était-ce là l’avis de tous les possek de sa génération ??? Qu’en dit par exemple Ramban ???
Maintenant on peut reconnaitre que la loi juive ne permet pas aux femmes de mettre les téfilin et le déplorer jusqu’à invalider cette loi, mais à ce moment, est-ce la seule loi que l’on va invalider, jusqu’où cela ira… ???
Les femmes et les hommes au regard de la loi juive sont différents, avec des mitsvot de la Thora et des rabbins, différentes !
Maintenant, au regard de la dignité humaine et du respect à témoigner comme il se doit à cette dernière, hommes et femmes sont totalement égaux de chez égaux !
Oui, c’est ainsi que D. l’a voulu :
Au regard de la loi juive (Écrite et Orale, de la thora et des rabbins), enfants, garçons, filles, hommes, femmes sont différents mais non moins égaux devant la dignité de la personne humaine et du respect à témoigner scrupuleusement à cette dernière !
Et je le répète : Rav Ron Chaya n’est ni un Gourou, ni un intégriste, juste un très grand de la Thora, aux immenses connaissances dans le domaine de la loi juive orale et écrite, qui est fidèle à la loi de la Thora de Moché Rabbenou (zatsal !) et qui ne veut pas l’aménager/ là diluer sauce massorti, ou sauce libérale, ou sauce réformiste.
Demander à un médecin si une personne qui à 5 grammes de cholestérol peut manger une viande grace plusieurs fois par jours et il vous dira que non.
C’est la loi médicale telle qu’elle est, point barre !
Libre à chacun/chacune de là respecter ou de l’invalider.
Rav Ron Chaya vous donne la loi juive point barre et demande légitimement en cohérence avec la loi juive telle qu’elle est, qu’au Kotel elle soit respectée.
Maintenant, si des femmes veulent louer le zenith de paris, le stade de France et y faire un jour de prière avec talith et téfilin, libre à elles et libre au Rav Ron Chaya (et moi avec) de le déplorer.
Mais au Kotel, non, non et milles fois non.
J’apporte donc mon soutien clair et net, au Rav Ron Chaya !!!
Bonjour Sam,
Je vois que vous n’avez pas fait l’effort de lire l’article que vous commentez puisque vous écrivez exactement la même erreur que R. Chaya. Comme je l’ai écrit et prouvé dans le texte, ce n’est pas le Choulkhan Aroukh mais le Rema qui interdit aux femmes de mettre les téfilines. Dans les éditions modernes du CA, le Rema se trouve inclut dans le CA, mais il s’agit de deux auteurs complétements différents (Le CA: Rabbi Yossef Karo; le Rema: R. Isserlis). En fait, le fait même que le Rema l’interdise prouve que le CA le permet, puisque le Rema n’écrit ses notes que lorsqu’il est en désaccord avec le CA. Au passage, même R. Chaya a reconnu son erreur dans un échange de mails que nous avons eu suite à cet article.
Je note encore que je ramène d’autres autorités mis-à-part le Rambam. Lisez les notes, lisez l’article en profondeur, et commentez ensuite.
Je vous ai donc donné la loi juive « point barre », libre à vous de pensez que ces femmes sont de dangereuses hérétiques mais sachez au moins qu’elles ont largement sur qui s’appuyer. Rappelez vous que le lashon ara est midéoraïta alors que mettre les téfilines pour une femme est au grand maximum un midérabanan (et apriori, même ceux qui interdisent reconnaissent que c’est uniquement un minhag, pas même un midérabanan…).
Pour le reste, je reviens sur mon premier commentaire. Je ne cherche pas à vous convaincre, ni à dire du mal de R. Chaya (que je n’ai pas qualifié de gourou…). Libre à vous de croire à ce qu’il vous plait, ce blog vient uniquement ouvrir un débat avec les gens intéressés par ce débat. Si vous êtes déjà convaincu de toutes vos positions (comme le laisse entendre votre ton catégorique), il n’y a pas de possibilités de débat et ce blog ne vous apportera rien.
Kol Touv
J’aimerai pouvoir distinguer une connexion entre les valeurs juives de Tsniut profondément ancrées en nous et cette interdiction si virulente d’interdire le port des tefilin à une femme. Hors de tout débat halahique, l’intérêt émotionnel que je perçois ici malgré moi, est un besoin de sécurité, et non une véritable bataille au nom des valeurs juives.
Il est temps que le Am Israël se réveille à de véritables, authentiques aspirations de Kedoucha et non à un désir obsessif de se prouver sans arrêt des halahot erronées pour se rassurer.
comment vous vous comparez(jeune étudiant) à d’autres rabbanim, sil il était possible de trancher une halacha en faveur du port des tefilin /talith, Pouquoi le rav solveitchik/hirsch n’aurait pas trouvé des sources l’autorisant comme vous? Pourquoi un grand dans la Halacha n’aurait il pas écrit de responsa à ce sujet?tel que le hafets haim qui a permis l’etude de la torah, rabbenou gershom qui a interdit la polygamie…Si chacun interpretait les sources à sa maniere en ne les considerant pas dans leur totalité, qu’obtiendrait nous?des reformes, des reformes pour arriver comme est constaté aujourd’hui dans le milieu réformé a une disparition de la religion juive.Tous les harédim ne sont pas les memes, certains travaillent, certains étudient et chacun son ouverture mais il y’a une ligne rouge à ne pas franchir, c’est la halakha et beaucoup d’atricles de votre blog ne correspondent pas aux gens qui respectent strictement la halakha.
Si vous lisez les notes (et les ouvrez), vous verrez que je ne tranche rien mais que je me contente de citer des Grands du judaïsme (Rambam, Shoulkhan Aroukh, etc…). Vous qui respectez tant nos rabbanim, ferrez bien de respecter aussi ces piliers du judaïsme.
J’ai bien compris le désire des massorti, libéraux, reformistes, à des degrés divers, de faire évoluer (régresser à mes yeux…) le judaisme dans l’air du temps.
La loi juive (halakha) à été au Sinaï par Dieu à notre Maître Moché (Alav Hachalom) et depuis on ne l’a que très très peu aménagée et ce, après mahloket (vif débat).
Une des règles de base du judaisme est le respect des genres, le lait ne va pas avec la viande, le lin ne va pas avec la laine, l’hommene ne va pas avec l’homme ni la femme avec la femme, ni le lion avec la vache…
Ainsi on doit respecter le genre des Mitsvot et un homme ne peut pas prendre sur lui de faire les Mitsvot dévolues à la femme et inversement !
Le non respect des genres amene au maboul !!
Tefilines et Talith sont des Mitsvot données à l’homme, on ne peut pas refaire la halakha !!
Maintenant, si quelqu’un peut me citer un possek/décisionnaire digne de ce nom qui a écrit noir sur blanc dans l’une de ses Responsa, qu’il est permis aux femmes de porter Talith et Téfilines au moins en privé et entre femmes (alors en public au Kotel… ) : je suis preneur et j’irais vérifier la source !!
Alors pourquoi ne pas lire les notes et références de Gabriel?
Bonjour Sam,
toutes les références nécessaires se trouvent déjà dans les notes. Je crois que Maïmonide, par exemple, est un décisionnaire « digne de ce nom » comme vous disez… Vous semblez trancher bien vite, et sans connaissance préalable, ce que la torah veut ou ne veut pas et la façon dont la halakha évolue. Il existe une infinité de contre-exemples, vous en trouverez certains sur ce blog, tous référencés.
Je vous recommande aussi ce billet: https://www.aderaba.fr/approchesefhalakha/
Kol touv
Depuis qu’une superbe plateforme leur a été ouverte au Kotel, les « Women of the Wall » ont disparues. Sof maaseh, bemachshava techila. Preuve est faite qu’il ne s’agissait pas d’une démarche sincère. Je tiens quand même à les remercier car cette plateforme donne un accès beaucoup plus intime au kotel, juste à coté des vestiges de l’arche dite de Robinson (qui donnait accès au parvis du beith hamikdash).
Attention au lashon hara. Comme vous pouvez le constater par les photos publiées sur leur page facebook (ou en vous rendant au Kotel), les femmes du Kotel continuent de venir chaque rosh hodesh, comme elles le font depuis 25 ans.
https://www.facebook.com/womenofthewall?fref=ts
En réponse à Gabriel, 17 juin 2015: vous avez raison, autant pour moi, mais ne les ayant pas vues sur la plateforme décrite ci-dessus, j’ai pensé à tort qu’elles ne venaient plus. Elles viennent donc bedavka sur l’esplanade générale. Est-ce par souci de provocation? Une addiction à l’adrénaline? Des revendications issues du bon sens commun (ironie) ou de la lomdut?
N’étant pas leur porte-parole je ne saurai vous répondre. Mais j’essaye d’appliquer le principe de juger « lékaf zechout » et donc je suis sur qu’elles doivent avoir une raison suffisamment bonne pour se fatiguer à venir prier à 7h du matin (heure qui n’est pas la meilleure si le but est de provoquer) tous les mois depuis 25 ans.
Merci pour votre investissement Gabriel et Manu, j’ai beaucoup d’estime pour les innovations dans le domaine de notre cher judaïsme, surtout quand cela vient d’orthodoxe qui osent marcher hors des sentiers battus, tout en en y restant respectueux !!!
J’apprécie notamment votre article sur l’étude des femmes. (pour autant femme ou homme comme prof peu importe du moment que l’étude soit de qualité et tolérante) j’étais moi -même à l’ancien séminaire de Gateshead et la rencontre de Rabbanim humbles, ouverts et érudits m’ont beaucoup apporté en tant que fille à faire évoluer mon regard sur les hommes, donc ne soyons pas extrémiste dans aucun domaine.
j’ai apprécié l’intervention de Nathalie Loewenberg ; qui est très sympatique mais le discours est encore pour moi très masculin , le fait de pouvoir se confier à une femme sur ses problèmes et questions intimes et certes un plus mais il reste encore beaucoup à faire pour trouver une approche féminine de la question: en terme de psychologie humaniste développer des méthodes d’écoute de son corps, de ses besoins, les probs liés à la maternité , à la relation aux enfants…etc
Le sujet était comment optimiser les jours « permis »…je suis restée sur ma faim…
Encore une dernières remarque , beaucoup de liens dans vos articles sont en »error » et c est assez frustrant…car ils ont l air très intéressant .mais , tout de même Bravo et keep going on !!
Bonjour Lea,
Merci pour le feedback positif, cela fait toujours plaisir !
Nathalie est une amie mais n’est pas liée directement au blog ; vous pouvez prendre contact avec elle via Cheela ou Facebook, elle sera surement intéressée de recevoir vos impressions suite à sa conférence à Paris.
Pour les liens cassés, cela peut être lié au changement d’hébergeur ou à des sites qui ont eux-mêmes disparu. Il faut nous les signaler et nous nous efforcerons de remplacer les liens erronés. Merci d’avance.
Je me permet de faire juste une remarque , j’ai un ami qui étudiait la torah , la Guemara il y a 10 ans de façon assidue , il est rentré à la fac et a commencé a fréquenter le mouvement modern orthodoxe , aujourd’hui je discute avec lui , il me dit que la torah il y a une partie philosophique , quand d… A ouvert la mer rouge , en réalité il ne l a pas ouvert en 12 c’est seulement des histoires pour que les enfants retienne , baba sale n a jamais fait de miracle ce n’est pas possible de faire des choses extra naturelles , il me dit c’ est juste un message qui doit nous faire communiquer .
J’ai vraiment de la peine alors qu’on doit être dans un moment union entre chaque juif je m’aperçois que les mêmes histoire qui avait lieu à l’époque de Korah et Moche se répète ici
Le problème c’est qu aucun grand d Israël ne vous approuve , vous ramenez que des gens en quête de réponse qui sont énervé contre les religieux orthodoxe ou qui pense que la torah peut s adapter à l homme , n’avez vous pas peur de la parashat korah
J’aimerais bien si vous êtes sur de vous , que un gadol hador dise clairement que vous êtes les héritiers de moshe rabennou .
Bonjour,
J’imagine que nous risquons de ne pas être d’accord sur la définition d’un gadol hador…
En tout cas, je suis prêt à demander à toute personne se rapprochant de la figure du Rambam, du Ramban ou du Ibn Ezra sont avis sur le blog. C’est à dire que pour moi, un gadol hador n’est pas uniquement quelqu’un de profondément versé dans la torah mais également quelqu’un de profondément versé dans les sciences profanes, comme l’étaient les 3 figures pré-citées (tous 3 médecins, scientifiques et philosophes).
En réponse à Gabriel Abensour, webmaster says 22 July 2015 at 18 h 15 min: Je suis en désaccord avec l’idée selon laquelle un gadol hador se définirait également par son érudition en dehors de la sphère Torah. Si qui était vrai avant, l’était d’autant plus aujourd’hui que les savoirs scientifiques représentent un corpus proprement gigantesque et sans commune mesure avec celui des générations précédentes. Si la Torah a son propre corpus, lui-même en pleine expansion, elle possède surtout ses concepts et sa logique interne propres. C’est une discipline autonome, de sorte que la plus-value d’un Gadol Hador ne réside absolument pas dans sa maîtrise des sciences dites « profanes » et un profil « encyclopédique » mais bel et bien dans la connaissance fine et l’intériorisation des valeurs Torah. Amicalement.
Bonjour, je crois que le désaccord est plus que légitime.
Je précise seulement que je ne fais pas de comparaison entre torah et sciences profanes. Ma vision sur ce point est plutôt maïmonidienne au sens où le « Grand » doit arriver à plusieurs perfections: la perfection morale (midot tovot), la perfection religieuse et la perfection intellectuelle. La Torah a ses propres règles mais, pour citer le Gaon de Vilna, celui a qui il manque une mesure de sciences profanes, il lui manque 10 mesures en torah. Autrement dit, je crois que les sciences profanes et les valeurs morales permettent l’approfondissement de la torah.
Il y a d’ailleurs des exemples simples pour le prouver : une personne n’ayant aucune notion de mathématique n’arrivera qu’avec de grosses difficultés à comprendre les souguyot sur le calcul du mois juif, une personne n’ayant pas de connaissances en biologie risque d’être un possek douteux en ce qui concerne les règles de Nidda,etc…
Ce n’est pas pour rien que les sages du sanhedrin devaient maitriser 70 langues ainsi que de nombreuses sciences et capacités philosophiques (comme la réthorique) pour être acceptés au Sanhedrin.
En réponse à Gabriel Abensour, webmaster says 28 July 2015 at 21 h 31 min: (1) sur le propos prêté au Gaon: ramenons les propos exacts du Gaon de Vilna et évitons tout contre-sens. Il n’utilise pas le concept de « sciences profanes » assurément. Je crois me souvenir qu’il parle de géométrie et d’algèbre. Quelle est votre source exacte Gabriel pour cette memra du Gaon? (2) Vous utilisez le concept chrétien de « religieux », un concept que l’on ne trouve nul part dans les sources classiques, dans je vous cite « la perfection religieuse ». Quelle formulation du Rambam traduisez-vous de la sorte? (3) Vous affirmez également que « les valeurs morales permettent l’approfondissement de la torah. » De quelles valeurs morales parlez-vous? La Torah fixe une axiologie assez précise entre des valeurs qui ne sont pas l’apanage exclusif du Am Israel, loin s’en faut: ce qui compte c’est l’axiologie, pas les valeurs prises isolément. (4) Plus largement, suite à l’entreprise de conceptualisation de la halacha entreprise par Reb Chaim Soloveichik et décrite par son petit-fils Rav Yossef Dov, la démonstration a été faite que si le limoud hatorah nécessite à titre accessoire de maitriser des notions de mathématiques, de biologie ou d’agriculture, ce n’est certainement pas pour elles-mêmes que ces connaissances sont valorisées. Ces deux champs ne se développent pas aux mêmes niveau: les sciences ont pour objectif une plus grande maîtrise du monde tandis que le limoud hatorah se déploie sur un plan métaphysique, à partir duquel une infime partie du limoud sert à fixer la halacha (c’est le keter du « na’asé »). Le limoud hatorah proprement dit est accompli pour lui-même (c’est le keter du « nishma »). Quant à la réthorique, il s’agit seulement d’une méthode et une pratique du discours, pas à proprement parler de philosophie. Qu’elle qu’en soit le degré de sophistication, cette dernière n’est plus ni moins qu’un levoush du yetser hara. On attend d’un Gadol Hador qu’il maitrise et innove en Torah, et d’une médaille Fields qu’il/elle maîtrise et innove en mathématiques.
Bonjour, je propose de continuer la conversation sur le ton cordial avec lequel elle avait débuté.
1) Pour la citation du Gaon, elle est rapportée par son élève, Rabbi Barouh’ mishiklov, auquel il avait demandé de traduire du grec le livre de géométrie d’Euclide, en justifiant ainsi sa demande : « »כפי שיחסר לאדם ידיעות משארי חכמות, לעומת זה יחסר לו מאה ידות בחכמת התורה » »
Rajoutons que le Gaon témoigne avoir appris toutes les sciences à la demande de son père, à l’exception de la médecine, qui lui aurait fait perdre trop de temps s’il avait eu à soigner les malades.
2) Je crois que dire que j’utilise le concept « chrétien » du religieux prouve un grand manque de connaissance de la conception du religieux chez les chrétiens. Les deux modèles chrétiens dominants sont Saint Augustin, d’un coté, et Saint Thomas d’Aquin de l’autre. Le premier prône une sorte d’ascétisme et une vie vouée à dieu et coupée du monde. Le deuxième prône une séparation entre le domaine religieux et le domaine profane. À mes yeux, il est incontestable que le judaïsme orthodoxe, ayant emergé en terre chrétienne, se soit effectivement inspiré de ces modèles. L’ultra-orthodoxie rejoint la pensée d’Augustin, l’orthodoxie moderne, ou néo-orthodoxie, est plus proche du modèle de Thomas d’Aquin.
Le modèle que je prône est plutôt, si déjà, d’influence grecque, aristotélicienne ou néo-platonicienne. Mais ce n’est pas un secret que de dire que ces deux philosophes ont largement influencé la pensée juive séfarade au moyen-âge. Rambam l’avoue sans honte, comme d’autres penseurs juifs.
3) Pour cette vision que je décris chez Maimonide, je fais surtout allusion aux « traité des 8 chapitres » et au « Guide des égarés ».
Je conseille par exemple la lecture du dernier chapitre de la troisième partie du « Guide des égarés », où Maimonide décrit les 4 types de perfections à atteindre. Les traductions classiques traduissent « perfection morale » par « שלמות המידות ». En tout cas, Maïmonide lui même reconnait l’influence philosophique grecque et toute personne ayant lu aristote ne peut que voir le quasi copier-coller des idées.
4) Comme dit, je ne pense pas détenir l’unique vision juste mais je ne cache pas non plus mon adhésion à une vision plus proche du Rambam que de Reb Chaim. Mais pour l’anecdote, rappelons que ce même petit-fils, le Rav J.D Soloveitchik, avait lu même un doctorat en philosophie et dirigea la Yeshiva University ,qui prônait un haut niveau d’études religieuses au coté d’un haut niveau d’étude profane. Son élève, le rav Riskin, raconte dans son autobiographie que Rav Soloveitchik refusait de donner une « smikha » à un érudit n’ayant pas de diplome universitaire !
Tout d’abord merci pour cette « havrouta » par blog interposé. C’est intéressant.
Dans cette tentative de promouvoir un modèle idéal de Gadol Hador, s’est opéré à mon sens une confusion entre les deux כתרים couronnes de la Torah d’une part et entre l’apport des sciences et l’apport de la philosophie d’autre part.
Je m’explique: la Torah correspond à deux כתרים couronnes: la couronne de “naasé”, la couronne de “nishma”. D’une part la halacha lemassé pratique et d’autre part un ensemble composé de la pensée halachique, du limoud hatorah pour elle-même et de la métaphysique juive, càd la kabbalah. Les sciences informent la halacha lemaasé tandis que la pensée halachique en est tout à fait affranchie. Elle fonctionne en pleine autonomie. La philosophie grecque, a fortiori dans sa cristallisation aristotélicienne, ne peut en rien fonder un modèle Juif. Rav Y. D. Soloveichik avait un PhD en philosophie, il savait quoi répondre à l’apikorsout.
Si déjà on devait choisir parmi les Grecs, je dirais Socrate, Platon oui, Aristote, non merci. Sans façon. Le Rambam lui-même revient à Platon quand il s’agit de philosophie politique (Hilchot Melachim Umil’hamot). Cf. Benny Levy à ce sujet. Quand à la physique aristotélicienne, la croissance exponentielle des nos savoirs scientifiques à partir de la Renaissance tient au fait que l’Occident s’en est alors affranchi. Mais c’est un sujet adjacent. Cf. Rav Y. D. Soloveichik à ce sujet.
(1) Un des apports majeurs du Gaon de Vilna et des ses successeurs (parmi lesquels Reb Akiva Eiger, Reb Chaim Ozer, le Chassam Sofer, Reb Chaim et d’autres) est précisement d’avoir permis au peuple Juif de retrouver son indépendance intellectuelle, c’est à dire face à la philosophie. Etait-ce entièrement le cas avec le Rambam? Je suspend mon jugement. L’apprentissage des sciences ne remet absolument pas en cause cette indépendance, ces deux domaines n’étant pas concurrents l’un de l’autre.
Je vous remercie d’avoir rapporter la formulation rapportée par Rabbi Mishiklow ”כפי שיחסר לאדם ידיעות משארי חכמות, לעומת זה יחסר לו מאה ידות בחכמת התורה”. Le Gaon faisant allusion aux sciences exactes, qui sont des ידות, des leviers pourrait-on dire. Ces savoirs ont dans un cadre de Torah un rôle instrumental, et sont utilisés au cours et au service du limoud.
(2) Je ne dis pas que vous utilisez le concept « chrétien » du religieux, mais que le concept de « religieux » est entièrement chrétien. D’où le caractère inopérant des distinctions entre Augustin et Thomas d’Aquin. Le ton cordial nous évitera en effet des formules telles que « Je crois que dire que j’utilise le concept “chrétien” du religieux prouve un grand manque de connaissance de la conception du religieux chez les chrétiens ». Mais revenons à nos moutons.
(3) Ma question ne portait pas sur l’expression “perfection morale (midot tovot)” mais sur l’expression “perfection religieuse”. Elle correspond au point (2). Si “perfection morale” correspond à midot tovot, à quoi faisiez-vous correspondre “perfection religieuse” dans la formulation du Rambam?
Conclusion: l’expertise en halacha lemaaseh, sanctionnée éventuellement par une smicha (au sens contemporain du terme, puisque l’authentique semicha n’a plus cours), ne définit pas un Gadol Hador, c’est mon humble avis. Nous avons des poskim pour cela. Des experts en halacha assistés d’experts en sciences. Voire les deux réunis en un seul homme, pourquoi pas. Cela n’est pas nécessaire pour autant, un juge ou les parties au procés pouvant toujours s’entourer et faire appel à des spécialistes.
Un Gadol hador c’est autre chose. Il innove en Torah et ouvre la voie, comme le Gaon l’a fait. Comme ses successeurs cités plus l’ont fait également, il nous affranchit du joug d’Esav (la philosophie) et nous arme contre les tenants de Korach (le sens commun). Cf. Rav Y. D. Soloveichik sur parshat Korach.
Amicalement, Raphael.
Bonjour Raphaël, je suis content de continuer cet échange. Pour Rav Soloveitchik, je pense que ce n’est pas exact. Rav Soloveitchik n’avait pas la position orthodoxe lituanienne classique sur ce sujet. Il donnait une vraie valeur aux connaissances profanes, valeur qui s’exprime dans ses écrits et chez ses élèves. Le gendre le plus célèbre de Rav Soloveitchik, Rav Aharon Lichtenstein, avait un Phd en littérature anglaise (ce qui ne sert pas à grand chose d’un point de vue instrumentaliste) et c’est précisement ce gendre que rav soloveitchik voulait pour dirigeant du kolel de la yeshiva university. Je vous conseille également la lecture de ce texte du Rav Lichtenstein, traduit sur le blog, sur le rôle de la littérature dans la vie religieuse : https://www.aderaba.fr/litteraturedat/ . Les sciences profanes sont présentées non pas comme un moyen et mais bien comme apportant un enrichissement ayant une valoir en soi.
1) Je suis tout à fait d’accord avec vous en ce qui concerne la vision des rabbanim lituaniens que vous citez. Ils sont les prédécesseurs de ce qu’on peut appeler la vision du « koulo kodesh », pensant que la torah se lit et s’interprète de façon indépendante. Vous avez également raison de noter que pour le Gaon, la science reste instrumentaliste.
2) Par contre, et là j’en viens à votre deuxième point, je crois que cette vision sépare justement le religieux du profane, en pensant que les deux domaines ne sont pas liés. Ce point me rappelle effectivement la pensée chrétienne d’un D’Aquin et je note que ce n’est pas par hasard si cette vision a emergé justement en terre ashkénaze.
J’en reviens à Maïmonide, qui reste le représentant d’un courant de pensée bien différent de celui des sages pré-cités. On peut penser, comme vous semblez le penser, que sa pensée est « mélangée » d’éléments juifs et non-juifs. C’était d’ailleurs une des critiques que le Gaon a émit à son égard.
Personnellement, je préfère la vision du Rambam à celle du Gaon et je note également que celle du Rambam est en fait celle de la majorité des penseurs séfarades du moyen-âge. Eux, justement, refuse la distinction entre religieux et profane. Le « profane », c’est à dire la sagesse, a une valeur religieuse pour Maïmonide. C’est l’avis auquel j’adhère, mais je suis parfaitement conscient que ce n’est pas l’avis du Gaon, ni celui de la majorité du judaïsme orthodoxe contemporain (mais la mahloket n’est elle pas source d’enrichissement ?).
Au passage, je suis surpris de lire que Benny Levy estime que la philosophie politique du rambam n’est pas aristotélicienne. Je crois que certains éléments sont très aristotéliciens, c’est également l’avis de chercheurs comme Eliezer Berman. Mais bon, c’est un détail dans cet échange.
3) Il n’y a effectivement pas de « perfection religieuse » en soit, ce que je voulais dire c’est que pour lui l’homme parfait (le prophète) doit atteindre 4 perfections : la perfection économique (etre indépendant économiquement), la perfection corporelle, la perfection morale et la perfection intellectuelle (שלמות שכלית/ עיונית). La dernière inclut tant une perfection de connaissances religieuse (ce que j’appelais « perfection religieuse ») qu’une perfection en sagesses non-toraïques, comme décrit en long et en large dans le Guide.
Voilà, nous revenons donc au problème de base : il existe deux visions différentes dans ce domaine. Vous semblez être d’orientation plutôt lituanienne (gaon) et moi plutôt séfarade (maimonide). Aucun problème pour moi, mais je crois avoir expliqué mon point de vue 🙂
Merci pour cet échange enrichissant,
ps : je tiens aussi à partager ma vision du possek, élement que je trouve très manquant chez les gedolei hador actuels du monde lituanien. Voir ce billet: https://www.aderaba.fr/approchesefhalakha/
Messieurs du "Modern Orthodox" :
Cessez de proclamer en jouant vous-même sur les mots que le Rav Soloveitchik, l’Orthodox Union (OU) et le Rabbinical Council of America (RCA) se définissent comme "Modern Orthodox". Citez moi un seul écrit de leur part dans ce sens !
Les "modern orthodox" ne sont pas que des orthodoxes ouverts sur le monde actuel mais le choix précis de cette appellation en fait un groupe bien particulier qui affiche la "modernité" comme une valeur de base. Or la modernité évolu au cours du temps et qu'est ce qui a été moderne récemment : le marxisme, le stalinisme, le fascisme, la drogue, les hippies, le libertarisme, les bobos hédonistes etc etc . Non la modernité n'est pas une valeur en soi !
.
Sur le reste notamment, dire que les "massortis" acceptent la loi orale puisqu'ils le disent est quelque peu spécieux. Par exemple les "juifs pour jésus" se disent juifs et ne le sont pas …
beaucoup de references mais aucune crainte du Ciel
Comme souvent, des grands commentaires pleins d'affirmations infondées…
Pour Rav Soloveitchik, je vous renvois à son recueil de lettres "Covenant, community and
commitment" où il se déclare plusieurs fois comme appartenant au courant de pensée "modern orthodox". Voir notamment la lettre sur l'étude des femmes, où il dit adhérer à l'orhodoxie moderne.
Pour l'OU, taper les mots clés "modern orthodox" dans le moteur de recherche de leur site et vous trouverez tout une liste d'articles écrits par des rabbins de l'Union. Un tour sur wikipédia aurait d'ailleurs suffit à apprendre que " their rabbis typically identify themselves with Modern Orthodox Judaism."
Pour votre compréhension du titre "moderne", je me contenterai de dire qu'en suivant votre logique, se dire "humain" doit être abominable car Daesh, les nazis, les pédophiles, etc… sont tous des humains !
Citez moi donc une citation explicite du Rav Soloveitchik ou de l'OU qui les mentionne comme "modern orthodox" ou sympathisant des "modern orthodox" de façon explicite : j'attends cela depuis 3 ans !
Par ailleurs wikipedia n'est pasune référence comme vous le savez.
Sur "modern" si vous prenez la peine de coller "modern" au même niveau que "orthodox" c'est que vous accordez aux deux valeurs un poids voisin, ce que je conteste par mes exemples de modernismes dans les récentes années. Ce que vous citez de Daesh et humain est FAUX : cela serait vrai si Daesh pronait l'humanisme dans ses 2 valeurs fondamentales ET s'y tenait, ce qui est bien loin d'être le cas.
J'ai cité le recueil de lettres de R. Soloveitchik et j'aime pris la peine de mentionner une des lettres où ce que vous demandez apparait.
Si ouvrir un livre pour vérifier par vous même est trop compliqué, alors je pense que vous attendrez encore bien longtemps.
Dernier point: personne ne vous oblige à lire ce blog. Je suis heureux de voir que vous le lisez quand même (depuis plusieurs années, si j'en crois vos commentaires postez au fil du temps) mais dans ce cas, merci d'arrêter immédiatement votre usage de l'impératif, que je trouve extrêmement déplacé.
Bonjour
Je ne rentre pas dans le débat halakhique puisque je n’ai pas assez étudié la question.
Mais je pense que la raison pour laquelle Rav Chaya a été si violent ( et peut être maladroit ) , est que ( ça n’ engage que moi, mais beaucoup de mon entourage religieux ou pas le pense ) la motivation des femmes du kotel n’est pas franchement de se rapprocher de la kedousha, comme une femme pourrait le faire en écoutant le chofar etc.
Je ne sais pas quelles sont leurs motivations mais elles n’ont pas l’air vraiment de tenir à la loi juive a tel point de même pratiquer les lois dont elles ne sont pas astreintes .
Bon c’est vrai je ne suis pas dans leur tête, mais rien n’interdit de faire confiance à son feeling…
Donc conclusion , une femme qui veut véritablement se rapprocher de Dieu en mettant les tfilin, why not…
Mais une femme , qui ne pratique même pas la base, et qui n’a trouvé QUE mettre les tfilin au kotel… Bof
Si déjà elles ont tellement envie de se rapprocher du bon dieu , il y a , avant les tfilin, pas mal de chose à respecter.
Qu’en pensez vous ?
Une autre question. Est ce que dans le mouvement modern orthodoxe, les femmes mettent de façon régulière les tfilin?
Cordialement
Bonjour, j’écris ce commentaire en réaction a une accusation que j’entends souvent à plus ou moins demi-mot à propos du courant Massorti, à savoir qu’il « christianise ». En ce qui me concerne je me considère comme étant proche de l’aile droite du courant Massorti et je vais régulièrement dans leur synagogue. Je trouve cette accusation de « christianisé » absolument scandaleuse.
Le courant Massorti n’a absolument pas abandonné la Loi orale et l’intégralité des décisions prises par les poskim Massorti sont argumentées sur la base du Talmud, du Shoulkhan Aroukh et de la littérature des responsa en respectant scrupuleusement les règles halakhique. Rien n’est décidé sur la simple opinion personnelle de telle ou telle personne. Ce n’est pas parce que les conclusions du courant Massorti peuvent être différentes de celles du courant Orthodoxe qu’elles sont infondées ou illégitimes. Il est toutefois vrai que certaines décisions prises par l’aile gauche du courant (notamment aux Etas-Unis) sont bien malheureuses et doivent être combattues.
Pour ma part, la prise de position de certains Orthodoxe me fait penser à celle des Esséniens qui s’étaient isolés dans les montagnes afin de ne pas être en contact avec le reste de leur frères qu’ils considéraient comme des hérétiques et des impies. On sait comment ils ont fini.