Pour l’amour de Sion
Pour l’amour de Sion, je ne garderai pas le silence et pour Jérusalem je n’aurai point de repos. (Isaïe 62:1)
Pour une fois, j’ai du mal à écrire. Pourtant, ce n’est pas l’inspiration qui manque – plutôt l’inverse.
Les idées se font désordonnées, tant elles se bousculent. L’émotion s’en mêle également, comment traduire les mots du cœur ?
Comment réussir à toucher l’autre, si proche mais si loin ? Les doutes aussi s’en mêlent. Me comprendrez vous ? Me lirez vous ?
Certains se diront peut être, voilà un jeune idéaliste qui ne tardera pas à être désabusé. D’autres, me liront avec un sincère intérêt, sans pour autant réussir à comprendre ce que la raison ne saisit pas forcement. Mais peut être qu’un lecteur, où qu’il soit, me comprendra. Ce texte est pour lui.
« Quand tu seras arrivé dans le paysque l’Éternel, ton Dieu, te donne en héritage, quand tu en auras pris possession et y seras établi[…] tu te réjouiraspour tous le bien que l’Éternel, ton Dieu, aura donné à toi et à ta famille, et avec toi se réjouiront le Lévite et l’étranger qui est dans ton pays. »1
« tu seras » n’est utilisé que pour parler de joie. Pour t’apprendre qu’il n’y a de joie que dans l’établissement au pays [d’Israël].2
La gloire de Dieu est ta splendeur, la lumière du soleil, de la lune et des étoiles, tu n’en as pas besoin. […] L’air de ta terre est la vie de mon âme comme la myrrhe est ta poussière et suave comme le miel sont tes eaux vives. Il serait doux à mon âme d’aller pieds nus parmi les ruines où fut ta parole…3 Ces vers ne sont pas seulement l’œuvre d’un poète doué. Il s’agit des mots de mes ancêtres, vos ancêtres. Des mots profonds, bouleversants, déchirants. Des mots qui calmaient les pires maux.
Que décrivent ces vers? Notre passé, et notre avenir. Nos joies et nos peines. Nos vies.
Oui, nos vies. Mon cœur est en Orient, mais moi je suis au fin fond de l’occident4.Ceci était, et continue à être, le destin du juif de l’exil. Aujourd’hui, certains ont du mal à se l’avouer, mais ne tremblent-ils pas lorsqu’Israël est menacé ? Ne prient-ils pas chaque jour pour Jérusalem ? Y a t-il un endroit ou nous ne mentionnons pas son nom ? Y a t-il une prière, une fête, un geste, qui ne soit pas lié à Sion ?
Peut être que c’est parce que nous la mentionnons trop que nous l’oublions parfois. Sa présence constante n’est pas supportable. Au cœur de nos prières, la voilà. À chaque naissance, chaque mariage, chaque deuil, elle est là. À chaque fête, elle réapparait, toujours plus présente.
Qu’il soit ta volonté mon Dieu, de nous ramener dans la Joie à Sion5. L’an prochain à Jérusalem6. Lorsque Dieu ramènera les exilés de Sion, nous serons comme dans un rêve.7 Joie pour ta terre et Paix pour ta ville8. Si je t’oublies Jérusalem, que ma droite m’oublie9. La bonne et large terre que tu nous as donné10. Constructeur de Jérusalem11….
Nous l’avons oublié, c’est compréhensible, il n’est pas facile de vivre en sachant que nous avons perdu le socle de nos vies. Nous avons dû réinterpréter, s’arranger sans elle, diminuer son rôle, habituer notre inconscient à ne plus la remarquer – ni dans les prières, ni lors des cérémonies, ni lors de la lecture des prophètes et de la Torah. Nous n’aurions pas pu vivre autrement. Mon chagrin est faible, car je ne peux plus supporter, tant mon âme est amère12.
Mais pourtant, nous avons gardé un espoir fou. Ou peut être est-ce cet espoir qui nous a gardé ?
La véritable bravoure du judaïsme de l’exil proviendra de son profond attachement à Eretz Israël. C’est de l’espoir qu’il place en Eretz Israël qu’il recevra toujours les qualités qui lui sont propres. L’espérance en la délivrance est la force qui maintient le judaïsme de l’exil, et le judaïsme d’Eretz Israël est la délivrance même13.
Même lorsque tout allait bien, nous ne l’oublions pas entièrement. N’est ce pas au cœur de l’Espagne qu’on composa ses plus beaux poèmes ? Je briserai la beauté de mes verrous pour te rejoindre. Qui me donnera des ailes ? Je m’éloignerai errant ! Je déposerai les ruines de mon cœur entre tes ruines. Je poserai ma face sur ta terre, je désirerai tes pierres et je choierai ta poussière14.
Et aujourd’hui, tout cela est possible. Bien plus même. À la place des errances entre les ruines, il nous est donné de construire. À la place des pleurs, sont apparus les rires. Et voilà que déjà, des vieux et des vieilles sont assis sur les places de Jérusalem, tous un bâton à la main à cause de leur grand âge. Et les places de la cité sont pleines d’enfants qui jouent sur ces places15.
C’est un fait indéniable. Une prophétie surréaliste il y a cent ans, devenue le quotidien des habitants de Jérusalem, dont j’ai l’honneur de faire parti. Réjouissez-vous avec Jérusalem et soyez dans l’allégresse pour elle, vous tous qui l’aimez !16
Évidement, tout n’est pas parfait. Le rêve est devenu réalité, et la réalité est toujours plus complexe !
Il n’est pas simple de devenir adulte. Cela ne fait aucun doute. Être aux mains des nations, ignorer le sens de mots comme « politique », « autonomie », « auto-gestion » cela est fort pratique.
Tel un enfant qui passe à l’âge adulte, nous voilà en pleine crise d’adolescence. Voulons-nous vraiment être adultes ? Indépendants ? Les doutes sont là, mais au fond chacun connait la vérité. La vérité est que la terre d’Israël est redevenue le centre de nos vies et de nos espoirs.
La situation n’est pas toujours facile. Comment comprendre que c’est justement dans l’état juif que nous nous séparons les uns des autres ? Au final, nous restons une grande famille réunie.
Une famille avec ses tensions, ses comptes à régler, ses enfants rebelles. Une famille dispersée qui se retrouve et qui à tant à se dire, à faire, à partager.
Je vais vous l’avouer, la famille va très bien. Beaucoup mieux qu’elle veut bien le dire ! Évidement, la mère (juive) est pleine d’inquiétudes. Elle est soucieuse et exigeante, le moindre défaut lui apparaît comme un échec fatal. Mais c’est une battante, qui ne baisse jamais les bras. Les enfants sont turbulents, ils se chamaillent, se battent, se font la tête. Parfois, cela dure même assez longtemps, mais au final, ils se réconcilient toujours. Certains traversent des phases difficiles (la mère juive considère que tout est perdu), mais eux aussi se débrouilleront bien.
La famille est séfarade, elle déborde de sentiments, elle exagère, elle dramatise, et lorsque tout va bien, elle ne connait pas la modération. Prenez de ses nouvelles, elle vous dira que c’est la fin, plus de famille, plus de fête… ou à l’inverse, elle vous pressera de la rejoindre, pleine d’enthousiasme, comme un enfant désirant partagé sa joie avec tout ceux qu’il croise.
Bientôt, chaque enfant trouvera sa voie, sa place au sein de la famille. L’harmonie viendra ensuite. Les frères s’accepteront et s’aimeront de cet amour qui unie les êtres chers, au delà de la raison.
Heureux et l’homme qui attend, il se rapprochera
et verra l’ascension de ta lumière.
Sur lui, tes aubes écloront . Il verra ta place de choix,
et se réjouira lorsque vers toi reviendra, ta jeunesse d’autrefois17.
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17D’après un poème de Rabbi Yéhouda Halevy (11e siècle, Espagne), Sion.
Bravo pour ce texte très touchant.
Je regrette de ne pouvoir écrire ce qui va suivre que dans le cadre d’un commentaire, et que la portée de mes mots, comme des tiens, ne soit pas plus importante.
Je ne partage pas forcément ton idéalisme, puisque tes souhaits relèvent bien de l’utopie. D’un autre côté, le messianisme n’est-il pas aux yeux des non-croyants un vieux rêve poussiéreux, servant
d’opium à un peuple qui a beaucoup souffert ?
Alors en attendant, le constat est là : tensions, déchirements, profanations du Nom de Dieu… malaise dans une société « adolescente », pour reprendre ton expression très juste. Après tout, est-ce
si étonnant? A peine sorti des camps de la mort, le juif pieux du ghetto se voit l’opportunité d’exprimer son judaïsme à découvert, aux yeux de tous, avec une fierté qui n’avait jamais pu être
ressentie auparavant. Le juif laïc peut enfin choisir librement d’être associé à un peuple sans être associé à une Loi dont il ne comprend pas l’intérêt. Or, comme pour tout, l’incompréhension mène
à la haine…. Ces deux juifs étaient une seule et même personne aux yeux des Nazis. Ils ne devaient pas se sentir si différents eux-mêmes lorsqu’ils étaient confinés dans le même baraquement. Mais
voilà que les prisonniers deviennent libres et que les geôliers ne sont plus que des souvenirs douloureux. Tout cela va très vite…. Trop vite semble-t-il….
Ta présentation du problème est inédite. Un mot pour la décrire : tsniout. Des rabbins libéraux et massorti décrivent dans les journaux français les travers actuels de la société israélienne,
lavant ainsi notre linge sale à la vue de tous, et contribuant à propager le ‘Hilloul Hachem qui était déjà assez insupportable comme ça !
Tu as donc choisi de traiter le sujet sous un autre angle. Un message d’espoir faisant contrepoids à ces polémiques stériles. Bravo.
D’ailleurs, à propos de la tsniout, je remarque que l’un de tes articles sur le sujet fit beaucoup plus de bruit que celui-là. J’avais d’ailleurs manifesté ma désapprobation contre ce qui était
écrit, ou plutôt, contre ce qui pouvait laisser la place à une interprétation tendancieuse.
Rien d’étonnant….. La polémique fait vendre. On ne verra pas ton article dans Le Monde ou Libération car cela n’intéresse pas les lecteurs de savoir qu’il y a encore des juifs qui gardent espoir et
appellent à une véritable union. Cependant, la qualité ne se mesure pas au nombre des lecteurs, et encore moins au nombre de « like » sur facebook !
Yona
Je précise que j’ai d’ailleurs cité ton article dans ma drasha du Shabbat matin à Cagnes-sur-Mer. J’y ai précisé que cet espoir n’est autre que l’idéal d’éducation désiré par Yaakov. Ce n’est que
lorsqu’il s’aperçoit que Yossef est vivant, que la famille est enfin recomposée et unie, qu’il dit : « Maintenant je peux mourir ».
J’ai lu avec un intérêt sincère, le bel article d’un idéaliste non désabusé …
Les lignes qui suivent sont le résultat de réflexions et commentaires que cet article a suscités en moi.
La réalité de la Jérusalem d’aujourd’hui, me paraît bien loin des textes prophétiques d’Isaïe, des poèmes inspirés de Rabbi Y.Halévi ou des psaumes du roi David.
Les tensions entre tribus sont plus nombreuses, plus manifestes et plus violentes qu’autrefois.
Ces textes qui nous parlent de la terre d’Israël, sont de ceux qui espèrent en la délivrance et au retour de l’exil vers Sion comme dans un rêve.
Mais la dure réalité est face à nous, le doute s’insinue, la Jérusalem des textes prophétiques et des prières reste incomprise et inaccessible, par ses propres habitants.
Est-il possible de vivre à Jérusalem et d’oublier ce qu’elle représente ?
L’enfant ne reconnaîtrait-il plus son rêve ? Aurait-il oublié cette vitale espérance, noyau dur de son existence ?
Plus que jamais cette question (Exode17 – 7 )posée par les enfants d’Israël après leur sortie d’Egypte est d’actualité : D. est il oui ou non parmi nous ? juxtaposé à ce texte nous lisons :
Amalek vint pour se battre avec Israël . Rachi voit un lien flagrant entre les deux textes .
Il nous dit que la venue d’Amalek pour se battre avec Israël est liée à cette question. D. nous dit : je suis toujours parmi vous et prêt à vous fournir tout ce dont vous avez besoin .
Il poursuit par une parabole (midrach Tanhouma): un homme marche son fils juché sur ses épaules ; l’enfant voyant un objet demande à son père : papa achète moi ce truc, donne -moi ceci, donne-moi
cela ! Le père le lui donne …et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’ils croisent un homme à qui l’enfant demande :
«T’aurais pas vu mon père ?»
Tu ne sais pas où je suis, répond son père ???! il le jette de ses épaules et le chien vint le mordre.
Certes, pour devenir adulte, il faut grandir.
Apprendre à se comporter d’une manière qui soit acceptable face à nos frères et face à D.
Apprendre à discerner, ce qui vient de D. et ce qui vient des hommes.
Réintégrer sa part d’ombre pour redevenir humain et briser cette belle façade édifiée à la gloire d’un «modèle de l’homme parfait » et tout cela au nom de D.
Cesser de faire l’ange car les anges n’ont pas besoin des hommes… Ni de D.
J’ai voulu dénoncer cette distorsion de la réalité, qui guette tous les milieux dits «spirituels»,
qui nous empêche de grandir, qui me fait parfois douter et désespérer.
En même temps, je veux croire en la réalisation de ces prophéties et en une délivrance.
Délivrance de nos guerres idéologiques … le rêve devenu réalité.
La somme de toutes les « attentes inspirées » de nos pères à travers les générations et celle des nôtres, celle de ceux qui n’oublient pas d’espérer, finira par attirer à nous la vraie liberté
…
Polichinel.
Polichinel,
Peut-être faut-il comprendre que la joie poétique décrite dans les prophéties ne représente pas ce que nous devons nous attendre de voir dans la Terre d’Israël retrouvée, mais ce que nous devons
ressentir.
Je vis dans cette société si imparfaite, les problèmes me travaillent beaucoup. Mais je ne nécessite pas de grande réflexion pour ressentir en moi beaucoup des sentiments exposés ici par le
blogmaster.
Comme le disait un de mes maîtres à la yechiva: « Certains disent qu’il n’est pas possible que le Retour des exilés (Kibbouts Galouyot) se fasse par des impies – קא משמע לן שכן. » Certaines choses
peuvent très sérieusement ternir notre vision des choses, mais, sans me cacher les yeux, je veux croire que les côtés positifs justifient l’optimisme.
Bravo pour ce texte très touchant.
Je regrette de ne pouvoir écrire ce qui va suivre que dans le cadre d’un commentaire, et que la portée de mes mots, comme des tiens, ne soit pas plus importante.
Je ne partage pas forcément ton idéalisme, puisque tes souhaits relèvent bien de l’utopie. D’un autre côté, le messianisme n’est-il pas aux yeux des non-croyants un vieux rêve poussiéreux, servant
d’opium à un peuple qui a beaucoup souffert ?
Alors en attendant, le constat est là : tensions, déchirements, profanations du Nom de Dieu… malaise dans une société « adolescente », pour reprendre ton expression très juste. Après tout, est-ce
si étonnant? A peine sorti des camps de la mort, le juif pieux du ghetto se voit l’opportunité d’exprimer son judaïsme à découvert, aux yeux de tous, avec une fierté qui n’avait jamais pu être
ressentie auparavant. Le juif laïc peut enfin choisir librement d’être associé à un peuple sans être associé à une Loi dont il ne comprend pas l’intérêt. Or, comme pour tout, l’incompréhension mène
à la haine…. Ces deux juifs étaient une seule et même personne aux yeux des Nazis. Ils ne devaient pas se sentir si différents eux-mêmes lorsqu’ils étaient confinés dans le même baraquement. Mais
voilà que les prisonniers deviennent libres et que les geôliers ne sont plus que des souvenirs douloureux. Tout cela va très vite…. Trop vite semble-t-il….
Ta présentation du problème est inédite. Un mot pour la décrire : tsniout. Des rabbins libéraux et massorti décrivent dans les journaux français les travers actuels de la société israélienne,
lavant ainsi notre linge sale à la vue de tous, et contribuant à propager le ‘Hilloul Hachem qui était déjà assez insupportable comme ça !
Tu as donc choisi de traiter le sujet sous un autre angle. Un message d’espoir faisant contrepoids à ces polémiques stériles. Bravo.
D’ailleurs, à propos de la tsniout, je remarque que l’un de tes articles sur le sujet fit beaucoup plus de bruit que celui-là. J’avais d’ailleurs manifesté ma désapprobation contre ce qui était
écrit, ou plutôt, contre ce qui pouvait laisser la place à une interprétation tendancieuse.
Rien d’étonnant….. La polémique fait vendre. On ne verra pas ton article dans Le Monde ou Libération car cela n’intéresse pas les lecteurs de savoir qu’il y a encore des juifs qui gardent espoir et
appellent à une véritable union. Cependant, la qualité ne se mesure pas au nombre des lecteurs, et encore moins au nombre de « like » sur facebook !
Yona
Je précise que j’ai d’ailleurs cité ton article dans ma drasha du Shabbat matin à Cagnes-sur-Mer. J’y ai précisé que cet espoir n’est autre que l’idéal d’éducation désiré par Yaakov. Ce n’est que
lorsqu’il s’aperçoit que Yossef est vivant, que la famille est enfin recomposée et unie, qu’il dit : « Maintenant je peux mourir ».
J’ai lu avec un intérêt sincère, le bel article d’un idéaliste non désabusé …
Les lignes qui suivent sont le résultat de réflexions et commentaires que cet article a suscités en moi.
La réalité de la Jérusalem d’aujourd’hui, me paraît bien loin des textes prophétiques d’Isaïe, des poèmes inspirés de Rabbi Y.Halévi ou des psaumes du roi David.
Les tensions entre tribus sont plus nombreuses, plus manifestes et plus violentes qu’autrefois.
Ces textes qui nous parlent de la terre d’Israël, sont de ceux qui espèrent en la délivrance et au retour de l’exil vers Sion comme dans un rêve.
Mais la dure réalité est face à nous, le doute s’insinue, la Jérusalem des textes prophétiques et des prières reste incomprise et inaccessible, par ses propres habitants.
Est-il possible de vivre à Jérusalem et d’oublier ce qu’elle représente ?
L’enfant ne reconnaîtrait-il plus son rêve ? Aurait-il oublié cette vitale espérance, noyau dur de son existence ?
Plus que jamais cette question (Exode17 – 7 )posée par les enfants d’Israël après leur sortie d’Egypte est d’actualité : D. est il oui ou non parmi nous ? juxtaposé à ce texte nous lisons :
Amalek vint pour se battre avec Israël . Rachi voit un lien flagrant entre les deux textes .
Il nous dit que la venue d’Amalek pour se battre avec Israël est liée à cette question. D. nous dit : je suis toujours parmi vous et prêt à vous fournir tout ce dont vous avez besoin .
Il poursuit par une parabole (midrach Tanhouma): un homme marche son fils juché sur ses épaules ; l’enfant voyant un objet demande à son père : papa achète moi ce truc, donne -moi ceci, donne-moi
cela ! Le père le lui donne …et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’ils croisent un homme à qui l’enfant demande :
«T’aurais pas vu mon père ?»
Tu ne sais pas où je suis, répond son père ???! il le jette de ses épaules et le chien vint le mordre.
Certes, pour devenir adulte, il faut grandir.
Apprendre à se comporter d’une manière qui soit acceptable face à nos frères et face à D.
Apprendre à discerner, ce qui vient de D. et ce qui vient des hommes.
Réintégrer sa part d’ombre pour redevenir humain et briser cette belle façade édifiée à la gloire d’un «modèle de l’homme parfait » et tout cela au nom de D.
Cesser de faire l’ange car les anges n’ont pas besoin des hommes… Ni de D.
J’ai voulu dénoncer cette distorsion de la réalité, qui guette tous les milieux dits «spirituels»,
qui nous empêche de grandir, qui me fait parfois douter et désespérer.
En même temps, je veux croire en la réalisation de ces prophéties et en une délivrance.
Délivrance de nos guerres idéologiques … le rêve devenu réalité.
La somme de toutes les « attentes inspirées » de nos pères à travers les générations et celle des nôtres, celle de ceux qui n’oublient pas d’espérer, finira par attirer à nous la vraie liberté
…
Polichinel.
Polichinel,
Peut-être faut-il comprendre que la joie poétique décrite dans les prophéties ne représente pas ce que nous devons nous attendre de voir dans la Terre d’Israël retrouvée, mais ce que nous devons
ressentir.
Je vis dans cette société si imparfaite, les problèmes me travaillent beaucoup. Mais je ne nécessite pas de grande réflexion pour ressentir en moi beaucoup des sentiments exposés ici par le
blogmaster.
Comme le disait un de mes maîtres à la yechiva: « Certains disent qu’il n’est pas possible que le Retour des exilés (Kibbouts Galouyot) se fasse par des impies – קא משמע לן שכן. » Certaines choses
peuvent très sérieusement ternir notre vision des choses, mais, sans me cacher les yeux, je veux croire que les côtés positifs justifient l’optimisme.
Bravo pour ce texte très touchant.
Je regrette de ne pouvoir écrire ce qui va suivre que dans le cadre d’un commentaire, et que la portée de mes mots, comme des tiens, ne soit pas plus importante.
Je ne partage pas forcément ton idéalisme, puisque tes souhaits relèvent bien de l’utopie. D’un autre côté, le messianisme n’est-il pas aux yeux des non-croyants un vieux rêve poussiéreux, servant
d’opium à un peuple qui a beaucoup souffert ?
Alors en attendant, le constat est là : tensions, déchirements, profanations du Nom de Dieu… malaise dans une société « adolescente », pour reprendre ton expression très juste. Après tout, est-ce
si étonnant? A peine sorti des camps de la mort, le juif pieux du ghetto se voit l’opportunité d’exprimer son judaïsme à découvert, aux yeux de tous, avec une fierté qui n’avait jamais pu être
ressentie auparavant. Le juif laïc peut enfin choisir librement d’être associé à un peuple sans être associé à une Loi dont il ne comprend pas l’intérêt. Or, comme pour tout, l’incompréhension mène
à la haine…. Ces deux juifs étaient une seule et même personne aux yeux des Nazis. Ils ne devaient pas se sentir si différents eux-mêmes lorsqu’ils étaient confinés dans le même baraquement. Mais
voilà que les prisonniers deviennent libres et que les geôliers ne sont plus que des souvenirs douloureux. Tout cela va très vite…. Trop vite semble-t-il….
Ta présentation du problème est inédite. Un mot pour la décrire : tsniout. Des rabbins libéraux et massorti décrivent dans les journaux français les travers actuels de la société israélienne,
lavant ainsi notre linge sale à la vue de tous, et contribuant à propager le ‘Hilloul Hachem qui était déjà assez insupportable comme ça !
Tu as donc choisi de traiter le sujet sous un autre angle. Un message d’espoir faisant contrepoids à ces polémiques stériles. Bravo.
D’ailleurs, à propos de la tsniout, je remarque que l’un de tes articles sur le sujet fit beaucoup plus de bruit que celui-là. J’avais d’ailleurs manifesté ma désapprobation contre ce qui était
écrit, ou plutôt, contre ce qui pouvait laisser la place à une interprétation tendancieuse.
Rien d’étonnant….. La polémique fait vendre. On ne verra pas ton article dans Le Monde ou Libération car cela n’intéresse pas les lecteurs de savoir qu’il y a encore des juifs qui gardent espoir et
appellent à une véritable union. Cependant, la qualité ne se mesure pas au nombre des lecteurs, et encore moins au nombre de « like » sur facebook !
Yona
Je précise que j’ai d’ailleurs cité ton article dans ma drasha du Shabbat matin à Cagnes-sur-Mer. J’y ai précisé que cet espoir n’est autre que l’idéal d’éducation désiré par Yaakov. Ce n’est que
lorsqu’il s’aperçoit que Yossef est vivant, que la famille est enfin recomposée et unie, qu’il dit : « Maintenant je peux mourir ».
J’ai lu avec un intérêt sincère, le bel article d’un idéaliste non désabusé …
Les lignes qui suivent sont le résultat de réflexions et commentaires que cet article a suscités en moi.
La réalité de la Jérusalem d’aujourd’hui, me paraît bien loin des textes prophétiques d’Isaïe, des poèmes inspirés de Rabbi Y.Halévi ou des psaumes du roi David.
Les tensions entre tribus sont plus nombreuses, plus manifestes et plus violentes qu’autrefois.
Ces textes qui nous parlent de la terre d’Israël, sont de ceux qui espèrent en la délivrance et au retour de l’exil vers Sion comme dans un rêve.
Mais la dure réalité est face à nous, le doute s’insinue, la Jérusalem des textes prophétiques et des prières reste incomprise et inaccessible, par ses propres habitants.
Est-il possible de vivre à Jérusalem et d’oublier ce qu’elle représente ?
L’enfant ne reconnaîtrait-il plus son rêve ? Aurait-il oublié cette vitale espérance, noyau dur de son existence ?
Plus que jamais cette question (Exode17 – 7 )posée par les enfants d’Israël après leur sortie d’Egypte est d’actualité : D. est il oui ou non parmi nous ? juxtaposé à ce texte nous lisons :
Amalek vint pour se battre avec Israël . Rachi voit un lien flagrant entre les deux textes .
Il nous dit que la venue d’Amalek pour se battre avec Israël est liée à cette question. D. nous dit : je suis toujours parmi vous et prêt à vous fournir tout ce dont vous avez besoin .
Il poursuit par une parabole (midrach Tanhouma): un homme marche son fils juché sur ses épaules ; l’enfant voyant un objet demande à son père : papa achète moi ce truc, donne -moi ceci, donne-moi
cela ! Le père le lui donne …et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’ils croisent un homme à qui l’enfant demande :
«T’aurais pas vu mon père ?»
Tu ne sais pas où je suis, répond son père ???! il le jette de ses épaules et le chien vint le mordre.
Certes, pour devenir adulte, il faut grandir.
Apprendre à se comporter d’une manière qui soit acceptable face à nos frères et face à D.
Apprendre à discerner, ce qui vient de D. et ce qui vient des hommes.
Réintégrer sa part d’ombre pour redevenir humain et briser cette belle façade édifiée à la gloire d’un «modèle de l’homme parfait » et tout cela au nom de D.
Cesser de faire l’ange car les anges n’ont pas besoin des hommes… Ni de D.
J’ai voulu dénoncer cette distorsion de la réalité, qui guette tous les milieux dits «spirituels»,
qui nous empêche de grandir, qui me fait parfois douter et désespérer.
En même temps, je veux croire en la réalisation de ces prophéties et en une délivrance.
Délivrance de nos guerres idéologiques … le rêve devenu réalité.
La somme de toutes les « attentes inspirées » de nos pères à travers les générations et celle des nôtres, celle de ceux qui n’oublient pas d’espérer, finira par attirer à nous la vraie liberté
…
Polichinel.
Polichinel,
Peut-être faut-il comprendre que la joie poétique décrite dans les prophéties ne représente pas ce que nous devons nous attendre de voir dans la Terre d’Israël retrouvée, mais ce que nous devons
ressentir.
Je vis dans cette société si imparfaite, les problèmes me travaillent beaucoup. Mais je ne nécessite pas de grande réflexion pour ressentir en moi beaucoup des sentiments exposés ici par le
blogmaster.
Comme le disait un de mes maîtres à la yechiva: « Certains disent qu’il n’est pas possible que le Retour des exilés (Kibbouts Galouyot) se fasse par des impies – קא משמע לן שכן. » Certaines choses
peuvent très sérieusement ternir notre vision des choses, mais, sans me cacher les yeux, je veux croire que les côtés positifs justifient l’optimisme.