Lettre aux rabbanim: c’est ainsi que Dieu m’a créée
C’est avec beaucoup d’émotion et responsabilité que nous publions le témoignage de L., jeune femme religieuse, francophone et ayant une orientation homosexuelle. Nous tenons à rappeler plusieurs points, en ce qui concerne les rapports entre homosexualité et orthodoxie juive :
Il y a de cela six ans, nous publiions sur le blog une « Déclaration de principes sur la place des juifs ayant une orientation homosexuelle au sein des communautés orthodoxes ». Cette déclaration avait été écrite et signée par des centaines de rabbins et éducateurs orthodoxes américains et israéliens.
À l’instar d’autres organisations orthodoxes, nous n’attendons pas un changement de la halakha. Cependant, il convient de souligner et de rappeler que l’homosexualité, qui est une identité, n’a jamais été interdite par la Torah. Nous n’avons malheureusement pas de réponses satisfaisantes pour accompagner les personnes homosexuelles souhaitant de tout leur cœur vivre en accord avec leur foi. Nous n’avons cependant aucune légitimité pour juger leurs choix et ce choix, quel qu’il soit, ne saurait justifier un quelconque rejet.
En ce qui concerne les « thérapies de conversions », prônées par certains sites religieux, nous avons le devoir d’informer le public que ces thérapies ont été dénoncées comme inefficaces et dangereuses par l’ensemble des grandes organisations psychologiques au monde. Soulignons tout particulièrement la position du ministère de la santé israélien qui, après une étude détaillée sur plusieurs centaines de personnes ayant tenté ces thérapies, est arrivé à la conclusion qu’elles sont inefficaces et présentent un risque évident pour la santé psychique du patient.[1] Aux Etats-Unis, les méthodes de l’association Jonah, qui offrait des thérapies de conversion aux juifs homosexuels, ont été déclarées frauduleuses par la justice américaine, qui ordonna également la dissolution de l’association[2].
Lettre ouverte de L.
Je tombe malencontreusement sur le dernier post d’un blog de questions/réponses religieux francophone et mon sang se glace. La lecture de la question « peut-on guérir de l’homosexualité » et de sa réponse assez étrange (et mal documentée) m’entraînent dans un tourbillon malheureux qui me fait revenir quelques années en arrière. Ce jour dramatique où j’ai compris, recevant une claque magistrale, que je faisais partie de « ces gens-là ».
En vérité, c’est une amie proche qui m’avait ouvert les yeux et mise face à ma réalité. Moi, L., jeune femme shomeret mitsvot de 28 ans, depuis 7 ans en Israël, ayant grandi dans un milieu religieux et fréquenté des écoles juives, j’aime les femmes.
Enfin…une en particulier. Une amie, elle-même pratiquante, qui ne pourrait même pas comprendre cet amour. C’est bien ma veine! Elle ne le sait pas, évidemment, et je ne compte pas l’en informer. S’ensuit une période douloureuse chargée de secrets et de mensonges : comment puis-je garder mon amitié pour cet amour interdit? Cela ne peut plus durer, au bout d’un an, celle-ci cesse de la manière la plus abrupte et radicale qu’il soit, après sa découverte de mon « crime »: l’avoir aimée. Interdiction de la contacter, de la voir, de lui parler. Ce fut long et douloureux mais c’est finalement comme ça que je me détachais d’elle.
Sauf que cette histoire m’avait fait réaliser plusieurs choses sur mon passé. Pourquoi n’avais-je jamais été attirée par les garçons ? Pourquoi refusais-je systématiquement les shidouhim ? Serais-je véritablement une… Non ! l’idée même me faisait frémir, je pouvais à peine me résoudre à prononcer le mot interdit.
Ce n’est pas moi ! Dieu n’a pu me créer ainsi ! Il y a surement une solution, ça va me passer…
Mais plus le temps passe et plus je finis par me résoudre à l’évidence. C’est moi, c’est ma réalité, ma vie. Avec le soutien de quelques amies, certaines pratiquantes, d’autres non, je pousse enfin la porte d’une association de lesbiennes religieuses, et en parallèle je commence une thérapie chez une psychologue.
Je découvre alors un nouveau monde, des femmes qui concilient leurs deux identités, qui vivent en couple avec leur compagne tout en continuant de garder les mitsvot, tant bien que mal. Certaines d’entre elles ont construit leur famille, leurs enfants fréquentent les ganim et écoles religieuses. Mais alors…tout cela est donc possible ? A côté de ces femmes courageuses qui osent vivre leur vie librement, il y a les autres. Celles enfermées à double tour dans leur obscur placard. Celles qui se posent encore des questions, celles qui sont mariées à des hommes depuis si longtemps et qui souffrent en silence (et qui, au passage, font souffrir leurs époux), celles qui ne peuvent choisir entre leur vie sociale, familiale et religieuse, d’un côté, et leur vie amoureuse et intime de l’autre. Ces femmes aussi viennent recevoir un peu de soutien dans cette association.
Et moi dans tout ça ? Je continue à me poser des questions tout en me bouchant les oreilles. Je ne veux pas savoir, je ne veux pas admettre. Je ne veux pas faire partie de ce monde-là. Ce monde honni, haï, maudit par tout un pan de notre société, par les « miens » en l’occurrence. Mes rabbins, mes professeurs, mes proches. Pourquoi quitter ma petite vie, somme toute bien douillette, pour tenter l’inconnu et l’interdit ? Peut-être dois-je renoncer et admettre que le bonheur d’aimer et d’être aimée en retour ne sera jamais mon lot ? Qu’il s’agirait d’un privilège accordé aux personnes « normales »?
Juste avant d’atteindre le point de non-retour dans la dépression, je me suis souvenue d’un verset: ובחרת בחיים, et tu choisiras la vie (Deut. 30:19). Choisir la vie, ce n’est vivre dans le mensonge et se faire violence, trahir son conjoint en lui faisant croire que je suis heureuse avec lui. Et d’ailleurs, pourquoi n’aurais-je pas moi-même le droit à une vie heureuse ?
Je me souviens également que Dieu, qui m’a créée telle que je suis, est bien plus bienveillant et clément que quiconque ici sur terre. Seul Lui sonde les cœurs, seul lui connaît mes doutes, ma détresse, mes espoirs et ma foi en Lui.
Avec le temps, j’ai fini par accepter la possibilité d’être heureuse et de vivre enfin ma vie, comme on le dit. Mais dans mon cas, au sein de mon milieu religieux, mon dernier recours reste l’adage « pour vivre heureux, vivons cachés ».
Malgré cela, je n’ai pas encore atteint la plénitude dans ma vie, je cache mon bonheur aux yeux de mes proches, de mes parents, de mes frères. Je ne peux encore me résoudre à leur dévoiler mon secret. Je sais qu’il les blesserait. Eux qui rêvent tant de me mener sous la houppa….
Il n’est pas encore venu pour moi le moment d’assumer ma double vie. Car c’est de cela qu’il s’agit, une vie faite de petits bonheurs mais aussi de réelles souffrances, et mon cri reste coincé dans ma gorge parce qu’il ne peut être entendu par tous.
Messieurs les rabbins, éducateurs et éducatrices, parents, je vous en supplie.
Ouvrez les yeux et regardez autour de vous ! Nous sommes vos fils, vos filles, vos élèves. Nous aussi avons en nous une étincelle divine et une neshama tehora.
Nous faisons des efforts immenses pour vivre autant que possible en accord avec notre foi et notre religion. Nous n’attendons pas votre admiration mais rappelez-vous au moins les paroles pourtant simples d’Hillel: « ne juge pas ton prochain tant que tu n’es pas à sa place » (Pirkei Avot 2, 4). Vous ne serez jamais à notre place, réjouissez-vous en plutôt que de nous accabler.
À vous tous, frères et sœurs juifs et juives, changez votre vocable. Nous ne sommes ni malades, ni dégénérés. Changez votre approche: ne claquez pas la porte! Ne nous blâmez pas, acceptez-nous parmi vous et ne nous rejetez pas de votre sein. Si Dieu le peut, vous aussi vous le pouvez.
À vous de nous indiquer le chemin vers l’acceptation. Il s’agit dans de nombreux cas de pikouah nefesh, le taux de suicide des jeunes religieux homosexuels le prouve, ne laissez pas ces âmes dépérir.
N’oubliez pas, vos mots ont un impact et peuvent tuer. Nos difficultés ne vous libèrent pas de votre responsabilité, bien au contraire. Pensez-y constamment, dans vos cours ou vos réponses sur les réseaux sociaux.
Notes:
[1] Voir ici le communiqué officiel du Ministère de la Santé: https://www.health.gov.il/newsandevents/spokemanmesseges/pages/05102014_1.aspx
[2] http://www.newsweek.com/life-and-death-jewish-exgay-therapy-organization-406898
Bonjour,
Avant toute chose je veux signaler que « bien » qu’hétérosexuel, je tiens à intervenir sur ce sujet parce que les questions « d’identités » en général m’interpellent au plus haut point et ce depuis mon plus jeune age.
Pour les personnes de ma génération (la cinquantaine), il nous faut admettre qu’il n’y a pas si longtemps, l’homophobie était une quasi norme, la façon de voir les choses était sans aucun doute plus rustre et ne s’encombrait pas de subtilité.
Pourtant, il me semble que comme tout ce qui prend une tournure « militante », il faut raison garder et faire le point entre ce qui relève de la légitimité la plus honorable, des revendications perturbées par un prisme excessivement partisan.
Ma curiosité naturelle, m’a poussé à visiter nombres de forums homosexuels non Juif mais aussi religieux israéliens afin de me confronter à cette particularité dont je ne connaissais pas grand-chose. Je ne cache pas que certaines questions ou conseils ayant attrait aux pratiques sexuels ont été très difficiles (sites non Juif) à suivre pour moi mais m’ont permis de constater certains « faits » dont je croie pouvoir tirer certaines présomptions et hypothèses quant à ce que certains appellent « l’identité sexuelle ».
Je voudrais revenir sur un passage de la Tora tout en avouant ne pas très bien comprendre le commentaire de Rachi à son propos, et au risque de frôler ce que d’aucuns considéreront comme un « blasphème », demander si dans ce cas Rachi ne témoigne pas plus d’une mentalité de son époque que d’une analyse éclairée.
וַיֹּאמֶר יְהוָה אֱלֹהִים, לֹא-טוֹב הֱיוֹת הָאָדָם לְבַדּוֹ; אֶעֱשֶׂה-לּוֹ עֵזֶר, כְּנֶגְדּוֹ
L’Éternel-Dieu dit: « Il n’est pas bon que l’homme soit isolé; je lui ferai une aide contre lui »
Rashi explique : Une aide contre lui Si l’homme a du mérite, elle lui sera une aide, s’il n’en a pas, elle sera contre lui et le combattra (Beréchith raba 17, 3. Voir aussi Yevamoth 63a).
Je voudrais humblement soumettre une interprétation quelque peu différente à la fois simple et proche du texte : « une aide parce que contre lui » (comprendre parce que différente de lui).
Un bon état de santé « morale » nécessite une capacité authentique à intégrer la diversité des points de vue et quelles différences plus radicales et authentique que celle d’une femme et d’un homme. Un enfant a désespérément besoin dans sa gestation et son éducation de cette diversité si naturelle à une famille traditionnelle.
Cependant, hors caricatures malveillantes (insultes homophobes et sexistes) ou humoristiques (la cage aux folles), une telle diversité n’existe pas entre deux hommes ou deux femmes. C’est ce que je pense avoir appris de ces forums homosexuels ou la plupart des participants ne pratiquent certainement pas l’auto-censure.
La question de la souffrance due à un comportement, à des désirs ou des pulsions innés aussi « non malveillants » soient-ils, mais contre nature est en soi ce que je qualifierai de « scandale théologique ». Mais hélas, ce n’est ni le premier ni le dernier, nombres d’être humain sur terre souffrent d’une non adéquation entre leurs caractères et personnalités avec l’évolution naturelle et sociale humaine.
À bien des égards, je suis mois aussi une personne marginale, assez agoraphobe et d’autres chose que je choisis de ne pas étaler, des personnes comme moi, il en existe sans doute par millions sur terre, mais est ce que chaque marginalité, chaque mal-être doit être normalisé ?
Hélas dans le monde moderne occidental, peut être par héritage du christianisme, toute idéologie ou convictions s’accompagne d’une forme de prosélytisme exacerbée. La conscience occidentale qui se voit comme éclairés et supérieur à toute autre, stigmatise tout questionnement sur cette question comme autant d’objections assimilés à du racisme, de l’extrémisme et implicitement illégitime.
Il est frappant de voir par exemple dans la littérature et autres séries TV modernes s’adressant particulièrement aux adolescents, ce thème abordé comme s’il s’agissait d’un sujet clôt et qui ne souffre d’aucun débats. Ce thème quasi systématiquement abordé auprès des jeunes, dans une vision unilatérale fait beaucoup plus penser à une « croisade » qu’a une invitation à la réflexion sur un sujet aussi lourd de conséquence concernant l’avenir de nos sociétés.
Je pense que lutter contre l’homophobie est une bonne chose et que ce que font les uns et les autres dans la sphère privée est une question qui ne regarde que les intéressés dans la mesure ou il y a consentement et ne porte pas atteinte à autrui.
Que des dispositions soient prises à titre privée (via avocat ou autres options juridiques) pour protéger les intérêts en cas de décès, séparations ou autres événements de la vie courante me semble tout naturel, mais en demander la reconnaissance comme une norme sociale avec des statuts officiels me semble totalement disproportionnées et dont les risques pour les futures générations sont humainement et socialement incalculable.
Rationnellement, nous sommes souvent confrontés à des situations ou nous laissons les choses se faire de façons naturelles parce qu’elles font partie peut-être des droits réels et authentiques les plus fondamentaux de par cette condition naturelle.
A part un régime totalitaire et fasciste, il nous semblerait illégitime et immoral d’empêcher un couple d’avoir des enfants parce qu’on les considérerait comme pas assez instruit ou ne coïncidant pas avec l’idée que nous nous faisons de parfait parent.
Pourtant, nous avons tous connu des gens dont on aurait pu avoir des questionnements concernant leurs capacités parentales, mais nous ne remettons pas en question de par principe la nature de la procréation.
Je pense que d’affirmer qu’il s’agit d’une question de « droit » dont somme toute le seul critère ne pourrait être obtenu que dans le cadre d’un bouleversement social sans précédent est une approche dangereuse. Pire la tentative d’obtention de ces mêmes droits par « harcèlement » médiatique divise et représente un risque de radicalisation extrême des deux cotés (je pense que cette question et celles ayant attrait aux mœurs font partie des principaux vecteurs de fondamentalisation des jeunes islamistes).
Faire de cette détresse l’une des priorités les plus légitimes face à toutes les autres détresses rencontrées dans ce monde si imparfait me semble être inopportun, déplacé et contre productif.
Je crois que l’inconsidération et le mépris trop souvent affiché devant l’homosexualité par nos Rabins n’a pas été moins pervers que sa surexposition médiatique actuelle et je ne vois pas comment calmer les esprits entre deux acceptations, celle du fait homosexuel et l’acceptation que l’existence de ce fait n’est pas suffisante pour en faire une norme sociale alternative à la famille traditionnelle.
J’espère que ce texte ne sera pas jugé comme agressif et je m’excuse auprès de l’auteur de ma réponse qui élargie le sujet abordé et pourra lui apparaître comme marqué d’une certaine insensibilité.
Comme beaucoup d’autres sujets, le monde religieux (les Rabbins) n’a pas su anticiper la surexposition médiatique de cette ancienne question et ont laissé son traitement au talk-show et au populisme. En cela, ils ont manqué à leurs fonctions, maintenant que la lutte contre l’homophobie a été donnée à la vindicte populaire, les divisions ne pourront que s’accentuer et resteront comme autant d’épines dans le pied de l’humanité.
Bonjour,
Pourquoi dites-vous que « l’homosexualité, qui est une identité, n’a jamais été interdite par la Torah » ? C’est étrange de proférer ce genre de chose alors que la Torah depuis 3300 ans considère cette pratique comme une « abomination » : « Et avec un homme tu n’auras pas de rapport comme avec une femme, c’est une abomination. » (Vayikra 18,22) . Vous trompez vos lecteurs de façon choquante. Merci de bien vouloir eclaircir ce point.
Par ailleurs, vous citez un communique du Ministère de la Sante de 2014 alors que ce ministère était tenu par Yael German, farouche défenseur de la cause homosexuel et extremement anti-religieuse. Son avis est donc extremement partial.
Il faut donc partir du postulat que l’homosexualité est interdite et donc les gens qui ont ce genre de tendance vivent une épreuve.
Pour nous, les juifs, dépositaires de la Torah, une épreuve peut être dépassée et vaincue. D.ieu n’inflige pas d’épreuves insurmontables à Ses créatures. Donc oui une bonne psychothérapie de longue durée ne peut être que benefique.
Il faut savoir qu’il est très difficile de nos jours de publier des études sur les traitements/psychothérapies pour vaincre l’homosexualité sachant que ces études sont rejetées d’emblée par le politiquement correct. Les professionnels de la psychotherapie ont peur de défendre l’efficacité de la thérapie réparatrice.
Meme le Pr Spitzer Professeur de psychiatrie et de psychologie à Columbia University, qui est un des acteurs essentiels de la radiation de l’homosexualité comme maladie mentale en 1973, a effectue une étude portant sur 200 personnes des deux sexes (143 hommes et 57 femmes). Toutes font part d’une réduction significative de leur attirance pour des personnes du même sexe et d’une augmentation de leur désir hétérosexuel, suite à la psychothérapie.
Selon l’article de Wikipedia sur l’étude de Spitzer, 66 % des hommes et 44 % des femmes ont atteint un « bon fonctionnement hétérosexuel… Contrairement aux idées reçues, certaines personnes très motivées, qui ont recours à différentes techniques de conversion, peuvent altérer de façon substantielle les multiples indicateurs de l’orientation sexuelle… Certaines personnes peuvent changer et changent effectivement », écrit Spitzer.
Mais il se rétracte en 2012 et va jusqu’à présenter des excuses aux homosexuels pour avoir défendu l’efficacité de la thérapie réparatrice « chez certains individus très motivés ».
Bonjour,
1) En ce qui concerne l’interdit d’homosexualité, si vous relisez la torah et les commentaires des ‘hahamim sur ce sujet, vous verrez que ce qui est condamné dans Vayikra 18,22 n’est pas l’homosexualité mais la sodomie entre hommes (autant le dire crûment). Cet acte est effectivement appelé « toéva », mais c’est l’acte lui-même qui est désigné ainsi, pas les personnes. De plus, toutes les autres formes d’actes homosexuels (homosexualité féminine et homosexualité masculine sans pénétration) ne sont pas appelées « toéva » et ne sont pas interdites par ce verset. Elles sont néanmoins interdites « midérabanan », ou même par la torah pour certaines pratiques, mais considérées comme des interdits mineurs (n’entrainant aucune condamnation à mort).
Dans tous les cas, la torah condamne des actes, pas des identités ni des attirances pas forcement consommées. C’est ce que je voulais dire quand je notais que la torah ne condamne pas l’identité homosexuelle, elle condamne certaines pratiques.
2) Pour l’aspect médical, n’étant pas médecin je ne me permettrai pas de trancher. Je tiens juste à partager que j’ai moi même eu la chance de m’entretenir avec des psychologues israéliens religieux et spécialistes du sujet, doutant fortement de la réussite de ces « thérapies ». L’auteure de ce post a elle même suivi une thérapie, sans le moindre résultat positif.
Il y a aujourd’hui un concensus total chez toutes les grandes associations de psychologues sur les dangers de ces thérapies. Si quelqu’un veut malgré tout en tenter une ou la conseiller à autrui, il ferrait bien de le faire avec prudence, car y mettre trop d’espoir pourrait être dévastateur.
3) Je crois que les juifs et juives n’étant pas eux-mêmes homosexuels ferraient bien d’appliquer les paroles d’Hillel: « Ne juge pas ton prochain tant que tu n’es pas à sa place ». Il n’est pas à nous de décider qui a ou n’a pas fait assez d’efforts pour se confronter aux épreuves qu’hashem lui envoie. Pour moi, s’ériger en envoyé de Dieu sur terre relève du sacrilège et de l’indécence.
La lettre de L. m’a touché.
Votre sincérité est palpable, L.
Vous employez des mots si simples pour décrire une factualité que nous ne saurions raisonnablement ignorer.
A vous lire et vous relire, je me sens presque coupable.
Vous avez tellement raison de faire ainsi part de votre douleur!
Mais s’il vous plait, proposez des solutions concrètes: comment décrirez vous cette « acceptation » que vous revendiquez légitimement, quels mots employez vous pour nous convaincre que l’inscription de votre identité dans le concert social Juif et (de surcroit) Chomer Torah serait d’un apport cohérent avec les Mitsvot et jamais un écueil pour l’idée Juive d’un Peuple-Exemple?
De retour, je vous en supplie trouvez les mots, formulez les idées, proposez des solutions!
Des mots, des idées, des solutions qui ne soient jamais un péril pour nos enfants et pour l’idéal du Am Ségoula que nous nous évertuons à leur transmettre et leur faire vivre.
Comprenez moi: Je veux sincèrement être de ceux, éclairés et justes, qui entendent votre douleur et ne vous prennent certainement pas pour des « malades ou dégénérés »…
OK, ceci est acquis.
Mais, pourquoi me faire porter la fragile responsabilité de « vous indiquer le chemin vers l’acceptation »?
Comment voudriez vous que je vous fraie un chemin au travers d’un épais nuage que je préfère ignorer en m’abritant égoïstement dans une Arche remplie « d’espèces » qui me ressemblent… n’est ce pas aussi légitime?
Et finalement, « vous indiquer le chemin vers l’acceptation », cela signifie quoi au juste… vous dire, OK, je vous invite dans mon Arche? Non, bien sûr, c’est bien plus subtile nuancé que cela, n’est ce pas… alors, s’il vous plait L., indiquez moi le chemin de l’acceptation.
Je le répète, votre discours m’a touché, avancez dans votre réflexion, cela ne peut être que constructif.
Concernant la remarque 1) de Gabriel Abensour, tout Talmudiste en herbe vous répondra que l’acte humain n’est pas raisonnablement indissociable de son auteur… c’est une aberration… Vous constaterez par exemple que la Torah ne parle jamais de « Bogedet » bien que l’acte « tromperie » est bien désigné comme « Bagad »… Emprunter le raccourci selon lequel « la torah condamne des actes, pas des identités » équivaut à dire qu’une épouse trompant son mari ne porte pas intrinsèquement la responsabilité de son égarement… grave non? (et les exemples sont multiples)