Les juifs et les malheurs du monde

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La circulation incroyable des informations nous permet d’être connecté en temps réel avec le monde entier. lorsqu’un tremblement de terre touche le Japon, lorsque la mousson inonde l’Inde ou lorsqu’un génocide est commis au Darfour nous le savons. Ou plutôt, nous l’entendons d’une oreille vague, que notre cerveau refoule rapidement.

Après tout, pourquoi me soucierais-je du Darfour ? Si je ne dors pas la nuit, cela les aidera t-il ? Si j’écoute avec inquiétude les informations, craignant d’entendre qu’une inondation frappe l’Asie, cela apportera t-il un quelconque soutien aux familles délogées ? Alors pourquoi me créer un soucis ?

Je crois qu’il existe au moins une raison juive qui nous pousse à nous soucier des massacres du Darfour, de la pauvreté en Asie et du Sida en Afrique :

יְקִימְךָ ה’ לוֹ לְעַם קָדוש כַּאֲשֶר נִשְבַּע לָךְ כִּי תִשְמֹר אֶת מִצְוֹת ה’ אֱלֹקֶיךָ וְהָלַכְתָּ בִּדְרָכָיו:

L’Éternel te maintiendra comme sa nation sainte, ainsi qu’il te l’a juré, tant que tu garderas les commandements de l’Éternel, ton Dieu, et que tu marcheras dans ses voies. (Deut. 28,9)

Mais comment marche t-on dans les voies de l’Éternel ?

Maimonide, citant le Sifri, considère ce verset comme un ordre divin. Il nous explique comment le réaliser :

Et le huitième commandement est qu’il nous a ordonné de lui ressembler, selon nos possibilités. C’est ce qu’il écrit « et tu marcheras dans ses voies » (Deut. 28,9). Cela nous a été ordonné à deux reprises, comme il est également écrit « Allez dans toutes ses voies » (Deut. 10,11).

Et voici l’explication [de cette mitsva] : de la même façon que Dieu est miséricordieux, soit également miséricordieux ; de la même façon qu’il est clément, soit clément, de la même façon qu’il est appelé pieux et juste, comporte toi de façon pieuse et juste (Siffri, fin de Eikev).

Et cela nous a été ordonné à une autre reprise, dans un autre langage : « marchez après Hashem votre Dieu » (Deut. 13). Nos sages nous ont expliqué (Sota 14a) que cela signifie qu’il faut lui ressembler dans ses bonnes actions et ses qualités. Tel qu’on le décrit de façon allégorique dans la Torah.

(Maimonide, Sefer Hamitsvot, commandement positif n°8)

La Torah nous ordonne de ressembler aux attributs de Dieu, tels qui nous sont décrits dans la littérature juive. Ne ressentir aucune peine pour les victimes du génocide soudanais, c’est faillir à ce commandement divin.

Un célèbre Midrash raconte que lorsque les enfants d’Israël traversèrent la mer rouge, les anges voulurent louer l’Éternel pour ses miracles. Celui-ci les arrêta et leur dit «Mon œuvre se noie dans la mer et vous voulez chanter ?! ».

Les égyptiens étaient certes les ennemis des juifs et méritaient leur sort, mais cela ne change rien au fait que l’œuvre de Dieu disparaissait sous les flots de la mer.

Le roi Salomon nous enseigne : « quand ton ennemi tombe, ne te réjouis pas » (Prov. 24,17). La mort de l’ennemi souligne l’échec de la création. Si l’homme réussissait sa mission, il ne devrait pas mourir mais revenir vers Dieu.

S’il y a échec dans la mort du méchant, nous pouvons imaginer combien est grand l’échec humain provoqué par la mort de l’innocent.

Lorsqu’une possibilité nous est offerte de rajouter du bien dans le monde alors ne la ratons pas. Même si cela ne concerne pas nos intérêts égoïstes.

La nation juive, à la différence de la plupart des autres nation, a un très fort sentiment de solidarité. Quant un attentat frappe Israël, c’est tout le peuple qui est en deuil. Quant un acte antisémite est commis en Amérique du Sud, c’est tout le peuple qui se mobilise. Choisissons d’élargir encore plus cette qualité et de l’étendre à l’humanité entière. Au début, cela ne changera rien, mais qui sait ce que cela pourra produire en quelques générations ?

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