Les juifs, ces grands humanistes un peu racistes
Dans son dernier billet publié sur ce blog, Emmanuel Bloch nous a présenté les différentes approches possibles que nous pouvons adopter envers les textes « racistes » que nous rencontrons parfois dans les sources juives.
Si je suis fondamentalement d’accord avec les approches proposées et la démarche profondément honnête d’Emmanuel, j’aimerai tout de même exprimer mon désaccord sur quelques points, et en éclaircir d’autres.
Racisme ?
A plusieurs reprises, Emmanuel qualifiait certains textes d e racistes. Si je me fonde sur ce qu’écrit l’Encyclopeadia Universalis, le racisme est une idéologie qui, partant du postulat de l’existence de races humaines, considère que certaines races sont intrinsèquement supérieures à d’autres.
Si une chose est certaine, c’est que le judaïsme ne croit pas à l’existence de « races » puisque la Bible elle même nous raconte en détails les origines des peuples antiques, qui descendraient tous d’un même homme. Peut-on parler de racisme pour qualifier des textes rédigés bien avant l’apparition du concept de races ? Je pense que l’utilisation d’un tel terme manque de rigueur et prête à confusion en poussant le lecteur à comparer, à tort, ces textes avec les théories raciales modernes. Je propose donc de parler de « prédominance ».
Au passage, notons que le terme « race » n’existe pas dans l’hébreu classique. En hébreu moderne, on utilise le terme גזע qui n’a été forgé que récemment. Si aucun terme ne désignait les « races » à proprement parler, c’est bien parce qu’un tel concept n’existait tout simplement pas.
Trois catégories distinctes
De mon point de vue, il existe trois types de textes juifs traitant de « l’autre » :
- Certains textes sont franchement humanistes et égalitaires. Par exemple, cette assertion du Talmud : « l’homme fut créé seul, pour t’apprendre que tout celui qui tue un homme est considéré comme s’il avait tué toute l’humanité ; et tout celui qui sauve un homme, est considéré comme ayant sauvé le monde entier 1».
- Certains textes parlent d’une prédominance théologique, qui n’a aucune conséquence pratique. Cette « supériorité spirituelle » ne me dérange pas, puisqu’elle ne signifie absolument pas qu’un être humain vaut moins qu’un autre, uniquement que certains ont une âme plus élevée que d’autres, ou plus d’âmes. Pas de quoi en faire un drame, surtout que l’idée même d’âme ne signifie pas grand chose pour nous. Par exemple, dans un texte que nous analyserons plus loin, Rav Kook estime que « la différence entre l’âme animal et l’âme humaine est quantitative, tandis que la différence entre l’âme juive et non-juive est qualitative ».
- Les textes attribuant une prédominance absolue aux juifs, du fait de leur ascendance. Ces textes sont les plus proches de ce qu’on pourrait qualifier de « racisme ». Par exemple, le Kouzari2 estime que la particularité d’Israël se transmet de père en fils et est inaccessible aux non-juifs, ainsi qu’aux convertis.
Je pense que la majorité des textes juifs rentrent dans les deux premières catégories. Les textes de la catégorie trois sont très rares et doivent, à mon sens, être replacés dans leur contexte historique et rejetés de la tradition juive. Le Kouzari, par exemple fut originellement intitulé « Livre d’argumentation pour la défense de la religion méprisée ». C’est un livre qui vient « rehausser » la fierté juive, à une époque où l’islam, le christianisme et la philosophie se disputaient la première place du podium, duquel le judaïsme était exclu d’avance. Dans ce contexte, on comprend mieux pourquoi R. Halevy chercha tant à prouver la prétendue suprématie des juifs et du judaïsme à ses fidèles, tentés par la conversion. Il faut également signalé que malgré ces quelques passages dérangeants, ce livre reste un pilier de la pensée juive dans de nombreux domaines.
Je souhaiterai maintenant développer la catégorie numéro deux, celle des textes prônant « une prédominance spirituelle ». S’agit-il vraiment de racisme ?
Raciste et humaniste à la fois ?
Rav Kook, raciste ?
Ne pouvant pas m’intéresser à chaque penseur ayant exprimé une idée « raciste », je choisi de me focaliser sur Rav Kook.
Rav Kook écrit :
ההבדל שבין הנשמה הישראלית, עצמיותה, מאוייה הפנימיים, שאיפתה, תכונתה ועמדתה, ובין נשמת הגויים כולם, לכל דרגותיהם, הוא יותר גדול ויותר עמוק מההבדל שבין נפש האדם ונפש הבהמה, שבין האחרונים רק הבדל כמותי נמצא, אבל בין הראשונים שורר הבדל עצמי איכותי.
« La différence qu’il y a entre l’âme juive – son essence, ses souhaits profonds, son aspiration, sa caractéristique, sa place – et l’âme des non-juifs, tous niveaux confondus, est plus grande et profonde que la différence qu’il y a entre l’âme humaine et l’âme animale. Entre ces derniers, la différence est quantitative, alors que chez les premiers, elle est qualitative. »3
Tout d’abord, il est essentiel de noter que Rav Kook ne compare pas l’âme non-juive à l’âme animale ! Il compare l’âme « humaine » (אדם, terme qui inclut toujours les juifs et parfois également les non-juifs, comme cela semble être le cas) à l’âme animale, puis l’âme juive à l’âme non-juive.
Ce texte, lu trop rapidement, apparaît comme raciste et dégradant. Le non-juif serait proche de l’animal, tandis que le juif ne serait que spiritualité. Une telle lecture est erronée, quiconque lit le texte en hébreu se rend compte que ce n’est pas ce qui est écrit.
Le lecteur attentif remarquera d’ailleurs que le texte n’est pas compréhensible. Si l’âme humaine, et donc l’âme juive également, ne diffère que quantitativement de l’âme animale, comment se fait-il que l’âme juive et non-juive soient si différentes qualitativement.
Pour répondre à cette question, il faut noter que Rav Kook utilise deux termes différents : נפש (nefesh) et נשמה (neshama). Nefesh désigne généralement l’âme primitive, celle que tout être vivant possède. Ainsi, le nefesh animal n’a qu’une différence quantitative avec le nefesh humain.
Par contre, la neshama , ce niveau spirituel propre à l’homme, n’est pas pareil chez le juif et le non-juif. Rav Kook estime que la neshamajuive est qualitativement plus développée que la neshamanon-juive.
En tout honnêteté, je ne comprends pas moi même ce que signifie vraiment ces classifications d’âmes. Ce que je comprends, par contre, c’est que Rav Kook ne compare pas le non-juif à l’animal, pour la simple et bonne raison que si le non-juif est doté d’une neshama, d’une possibilité de spiritualité, l’animal ne l’est pas. La comparaison qu’établit Rav Kook est donc purement d’ordre spirituelle, c’est cette « prédominance spirituelle » dont je parlais.
Cela est-il dérangeant ? Personnellement, je ne trouve pas. La majorité des religions estiment représenter la « vraie » spiritualité, sans pour autant créer des théories raciales. Tant que cette supposée supériorité reste purement religieuse, je pense qu’elle est acceptable.
Rav Kook, l’humaniste
Afin de rassurer les plus sceptiques, je me permets de citer quelques passages franchement humanistes que nous retrouvons dans les textes du Rav Kook.
L’amour des êtres humains doit vivre dans nos cœurs et nos âmes. L’amour de chaque être humain, ainsi que l’amour de tous les peuples […]. La haine ne doit être qu’envers le mal et l’iniquité qui emplisse le monde. […] A chaque endroit où nous trouvons des allusions à la haine, nous devons savoir que cette haine ne se porte qu’envers le mal qui traverse certains peuples – aujourd’hui et particulièrement à l’époque, où l’iniquité était pire encore4.
Ce beau texte vient également expliquer les propos dérangeants que l’on trouve parfois dans le Talmud et dans d’autres sources juives. Ceux-ci ne parlent pas des individus, des peuples, mais du mal qui les emplissaient, particulièrement à l’époque. Plus loin dans ce texte, Rav Kook expliquera que l’idéal messianique juif réside justement dans l’éradication du mal, tant chez les juifs que chez les non-juifs, afin de créer une humanité unie dans le bien.
L’amour des créatures nécessite beaucoup de travail, afin de l’élargir comme il se doit, de la sortir de sa superficialité première – qui provient d’une compréhension incomplète de la torah et de la morale commune – comme s’il y avait des oppositions quelconques à cet amour, qui doit remplir continuellement toutes les parois de l’âme.
La place suprême de cet amour doit être occupée par l’amour de l’homme, qui doit s’étendre à toute l’humanité – malgré les différences d’idées, de religions et de croyances ; malgré les différents peuples et climats. C’est une bonne chose que de chercher à comprendre les différents peuples et groupes humains et de connaître au maximum possible leur nature et leur intérieur, afin de savoir comment concrétiser cet amour et le mettre en pratique.5
Après un tel débordement d’humanisme, quelqu’un peut il encore croire que Rav Kook est raciste ?
Au sujet de la « prédominance juive » Rav Kook continue et écrit :
La vision étroite qui conduit certains à considérer tout ce qui est en dehors de la nation particulière (le peuple juif), même en dehors du pays d’Israël,comme étant quelque chose de laid et d’impur, fait partie des choses les plus sombres, qui sont la cause de la destruction généralisée de tout bien spirituel, à laquelle toute âme sensible aspire.6
La vision négative qu’ont certains juifs à l’égard des non-juifs est non seulement erronée mais en plus, elle est la conséquence de bien des malheurs et de l’effondrement de toute spiritualité.
Rav Kook développe encore plus son humanisme ardent, je ne citerai que ses mots poignants et personnels, qui résume bien toute sa vision de l’humain :
Je ne peux pas ne pas aimer toutes les créatures de Dieu, tous les peuples.
J’aspire de tout mon cœur à la splendeur de tout[e l’humanité] et à sa réparation complète.
Mon amour pour Israël est plus enthousiaste, plus profond, mais mon désir interieur s’étend avec toute la force de son amour sur toute chose.
Je n’ai pas besoin de restreindre ce sentiment d’amour, il provient directement de la sainte profondeur de la sagesse de l’âme divine.7
.
Conclusion
A travers ce billet, trop court pour le sujet abordé, j’ai tenté d’expliquer que même si certains textes peuvent paraître dérangeants, il convient tout d’abord de les analyser en profondeur, afin de véritablement vérifier s’il s’agit de textes « racistes ».
Au fond, je suis d’accord avec Emmanuel et je pense également que les textes racistes doivent être dénoncés clairement. Cependant, je pense qu’un bon nombre de textes aux apparences racistes ne le sont pas vraiment, comme je l’ai montré à travers les écrits du Rav Kook, certainement le plus humaniste des racistes 🙂 !
Il en va de même pour un bon nombres d’autres textes, où le « racisme » sera bien souvent théologique alors que l’humanisme, lui, sera pratique et concret.8
Pour finir, j’émets l’espoir qu’un jour, tout juif religieux se montrera aussi « raciste » que le Rav Kook et, comme lui, dira qu’il ne peut qu’aimer toutes les créatures et tous les peuples !
Pour les hébraïsant(e)s, je recommande la lecture de ce court chapitre intitulé « amour » et tiré d’un livre du Rav Kook.
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Quelques remarques :
1/ le mot de « prédominance » ne peut pas convenir. La « prédominance » désigne un état de fait, pas une doctrine. Il ne peut être sur le même plan que « humanisme », « racisme », « universalisme », etc.
2/ L’énoncé qui maintient que seuls les Juifs ont une neshama est un énoncé « raciste ». IL me semble que l’on peut user de toute la subtilité exégétique que l’on veut, mais lorsqu’on postule une
différence ontologique au sein de l’espèce humaine, on entre dans la logique raciste.
3/ l’idée selon laquelle on est étranger au racisme parce que l’on postule que l’humanité a une origine unique me semble une idée contestable. (Je me permets de renvoyer à ma remarque sur l’article
d’E. Bloch.) Le racisme précède la théorie scientifique des races. Et l’on sait que les religions monothéistes ont très bien combiné la doctrine de l’origine adamique de l’humanité avec des
théories et des pratiques racistes pendant des siècles (pour justifier l’esclavage des noirs, notamment). Ce que l’on appelle le « polygénisme » est intervenu d’abord marginalement pour justifier
scientifiquement des préjugés raciaux, d’abord marginalement (17e et 18e s) puis massivement (19e s.)mais n’est qu’une expression parmi d’autres du racisme.
3/ Au risque de choquer, je rappellerai qu’il ne suffit pas de dire qu’il faut aimer tous les hommes pour ne pas être raciste. On peut très bien aimer tous les hommes, aimer toutes les créatures
vivantes, et affirmer une hiérarchie. Il y a des gens qui adorent les animaux sans les mettre au même plan que les hommes (heureusement). Et des maîtres qui aimaient leurs esclaves noirs tout en
les jugeant inférieurs sur le plan de l’humanité. Postuler une hiérarchie ontologique au coeur de l’humanité ne signifie pas nécessairement détester ceux que l’on proclame inférieurs. Mais cela
aboutit nécessairement à postuler qu’il y a des gens dont l’existence compte plus que celle des autres, qu’il y a des droits supérieurs pour certains, que certains sont faits pour « servir » les
autres (voir ce qu’Ovadia Yossef avait dit sur le rôle des Gentils, entre autres…).
Bref, je crois que certaines distinctions doivent être à tout prix posées pour clarifier le débat.
« le racisme est une idéologie qui, partant du postulat de l’existence de races humaines, considère que certaines races sont intrinsèquement supérieures à d’autres. « ( E.Universalis )
Mais est-ce qu’une définition plus juste du racisme, en partant de celle-ci, ne devrait pas dire:
« le racisme est une passion qui, AFIN DE considérer que certains groupements humains sont intrinsèquement supérieurs à d’autres ( en général le leur ), postule POUR CE FAIRE l’existence de races (
ou de quelque traits déterminants que ce soit relevant d’une essence biologique ou spirituelle (1) ) supposé fonder l’inégalité hiérarchique. »
(1) Le point important ici étant l’i-vérifiabilité de l’assertion. Ou encore le déplacement d’un domaine à l’autre – une métonymie. Par exemple: de la différence de taille moyenne entre les
groupes, en inferer que les « petits » sont inférieurs, complets mais pas tout à fait, etc. ( je pense aux – je crois que c’était en Côte d’Ivoire, que des gens se sont mis à aller massacrer un petit
peu leurs voisins de la forêt, parce qu’ils « étaient des singes » )
( J’emprunte le terme de « passion » à Jean-Paul Sartre, qu’il applique à l’antisémitisme, dans « Réflexions sur la question juive » )
Je dois bien préciser, Gabriel, vu comme c’est chaud, ces sujets, que je suis bien convaincu que vous n’êtes pas raciste ! Kol touv lekha velekoulam.
Cher Gabriel,
le problème avec la définition du racisme telle que vous la reprenez, c’est que d’une certaine manière elle interdit toute discussion sur le racisme de textes antérieurs au 19e siècle. Si on part
du concept biologique de race (et pourquoi pas, en effet?), celui-ci en effet ne naît qu’à l’époque moderne, et dans ce cas je ne vois pas pourquoi on continue à s’interroger.
A partir de ce postulat, il faudrait donc écarter toutes les « histoires du racisme » qui incluraient le moyen âge et l’antiquité. Au passage, il faudrait aussi considérer que, le postulat d’une race
sémitique et le mot même d’antisémitisme n’émergeant qu’à la fin du 19e siècle, il est sans pertinence d’étudier l’antisémitisme dans les siècles antérieurs. Cela se tient, mais cela a aussi le
désavantage de nous faire manquer les continuités entre antijudaïsme, judéophobie, antisémtisme, etc. Si vous appliquez ce rigorisme définitionnel, alors il faut aller jusqu’au bout. Nous pourrions
de même affirmer qu’à part quelques néonazis, il n’y a plus de racistes aujourd’hui puisque presque plus personne ne croit aux races humaines au sens scientifique. Donc le débat serait enfermé
entre la fin du 19e siècle et la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Bonne nouvelle en un sens. Mais encore une fois, dans ce cas, le débat est clos avant d’être posé.
Il me semble que la question du « racisme » des textes anciens n’a d’intérêt que si on accepte un élargissement relatif de la notion. D’abord parce que la notion de « race » n’a pas toujours eu un sens
étroitement biologique (il ne l’a eu que très tard). Ensuite, parce qu’il y a d’autres moyens d’établir des différences irréductibles entre les « races » (on pourrait dire « les familles » ou « les
groupes » humains). Je propose simplement d’appeler « raciste » une pensée qui postule une différence de nature, une différence ontologique, entre les groupes humains (à l’exclusion des préférences ou
des hiérarchies culturelles, qui relèvent de l’ethnocentrisme), et ce avec ou sans « conséquence pratique ». Et d’ailleurs, je ne suis pas du tout convaincu qu’il n’y ait une telle étanchéité entre
la pratique et la théorie, mais cela nous entraînerait trop loin.
Pour ce qui est du débat terminologique et de ma réticence devant votre proposition du mot « prédominance », il vient de ce qu’il ne me semble ajouter à la confusion. Le vocabulaire disponible est
déjà là. Le mot d’ethnocentrisme convient bien à l’attitude qui consiste à considérer que sa culture ou sa foi, ou son groupe, sont supérieurs. Quand il y a hostilité envers l’étranger, le mot
xénophobie convient (Memmi proposait celui d' »hétérophobie », dans un autre contexte). On trouve parfois, avec des connotations nettement agressives, celui de « suprémacisme ». Ce que je voulais dire
par ma réflexion sur le mot de « prédominance », c’est que le mot a déjà un autre sens que celui que vous voulez lui attribuer et qu’il ne peut en aucune façon désigner un état d’esprit ou une
doctrine.
Bien cordialement.
Shalom lekoulam,
Je ne pense pas que la distinction de « niveaux de neshama » soit à mettre dans la catégorie « classification raciste ».
Distinguer entre les niveaux de neshama revient-il à postuler une différence ontologique entre êtres humains ?
Oui et non, tout dépend de ce qu’on définit comme étant « ontologique » et ce qu’englobe ce terme.
Oui, dans le sens où une distinction, une différenciation intervient à un certain endroit/moment.
Non, dans le sens où cette distinction n’a finalement de conséquence que spirituelle, dans la relation Homme-Dieu. En d’autres mots : dans nos relations entre êtres humains, cette distinction
ontologique (neshama différente en termes qualitatifs) ne peut pas/ne doit pas avoir de conséquences dans notre attitude « humaniste ».
Dans ce monde matériel qui est le nôtre, l’aune à laquelle l’être humain « se mesure » (pour tant est qu’il puisse être mesuré… cette prétention relevant souvent uniquement d’une malmesure, pour
paraphraser S. J. Gould) est unifiée en Adam harishon, l’Etre humain primordial, qui renvoit chacun de nous à notre origine commune.
Prétendre haïr l’autre, le non-juif, sous prétexte de sa neshama de « moindre » valeur, c’est passer totalement à côté de notre neshama juive, cela revient à la ternir, à la recouvrir d’une écorce
aussi épaisse que pourrie.
Boh… moi je trouve plus simple de dire qu’il se plante et puis c’est tout. J’ai assisté une fois à un cours à Jerusalem par un rabbin qui était chargé de former des olim indiens. J’y avais été,
parce que je rêvais de rencontrer des belles indiennes…! Et puis c’était dans mon quartier, à Nahlaot. A un moment donné, ce rav a gravement expliqué, en citant le rav Kook disait-il, qu’il y a
moins de différence entre un goy et un cochon qu’entre un goy et un juif. Je ne sais pas d’où il tirait cela, dans les textes du rav Kook, peut-être en intérprétant le passage cité par Gabriel.
Mais en ce qui me concerne, j’ai simplement été extremement choqué. Alors encore une fois, je trouve qu’il faut appeler un chat un chat, et que lorsque des autorités, aussi géniales soient-elles
par ailleurs, ont ci et là des formules douteuses, ou même simplement qu’aujourd’hui on ne peut plus lire de façon éthiquement acceptable, et bien voilà, ce sont des grands hommes, mais c’est tout,
ils ne sont pas infaillibles. D’ailleurs en ce qui concerne la relation de l’homme envers son créateur – eh bien disons que j’ai aussi beaucoup de mal à imaginer en quoi l’oeuvre prodigieuse d’un
Thomas d’Aquin témoingerait de moins ( ni de plus d’ailleurs ) d’âme que celle de Maïmonide, ou bien que la relation personnelle à son dieu d’un st Jean de la Croix, ou d’un Ramakhrishna serait
« moins » que celles d’un R.Nahman de Braslav, ou du Rabbi de Kotsk, par exemple !
Peut-être devrait-on considerer, dans le cas du rav Kook, ces reflexions sur les « âmes », comme simplement une sorte d’enthousiasme amoureux du rav envers Israël, comme lorsque un amoureux dit à son
amoureuse: » tu est vraiment particulière, toi, tu as quelque chose de vraiment différent, d’unique, un lien tellement différent avec les choses et avec les gens ! »
J’en finis là pour ma part avec ce thème, mais juste encore un mot: ce rav qui donnait des cours aux olim d’Inde, il était aussi chargé de trouver les candidats aux tribus perdus dans le monde. Et
il me disait: « les juifs ont quelque chose de particulier, ils ont l’âme douce, ils sont incappables de violence. Les japonais sont violents, naturellement violents, donc c’est sûr que ce ne sont
pas des juifs ! » » Les juifs incappables de violence, par essence… » Je suis sûr que ceux des lecteurs de ce blog qui résident en Israël peuvent facilement sentir les choix « politiques » que cela
sous-entend. J’ai assisté, moi, à la même époque, à un début de lynchage dans le même quartier, rue Bezalel. C’était mes voisins, des gens très gentils par ailleurs…. Non, les juifs n’ont rien
d’intrinsèquement particulier, rien ! C’est écrit aussi quelque part dans le talmud ( ou dans un midrash ? ): la sagesse est chez tous les peuples, mais la Torah est seulement chez nous.
Après ce cours, je suis resté chez eux à regarder le Dictateur de Chaplin à la télé… La femme du rav ( ou quelqu’un de proche, je ne sais plus ) était passé par les camps… Pas la moindre trace
de malaise, d’un sentiment de contradiction chez mon hôte.
shalom.
Cher Gabriel,
Je trouve le temps, finalement, de rédiger quelques remarques sur ce billet, mais j’ai l’impression que tout a déjà été dit dans les commentaires précédents, en particulier par Zelie.
Au final, je me réjouis de comprendre que ta position est extrêmement proche de la mienne:). Tu es d’accord qu’il existe des textes « problématiques » (racistes !!! :), je reviens ci-dessous sur ce
point), que ces textes sont dangereux et qu’il faut en restreindre la portée par tous les moyens possibles, et en particulier en les « dénonçant ». Si nous sommes d’accord la-dessus, le reste n’est
que détail.
Mais, je propose tout de même, en toute amitié et avec beaucoup de respect pour ce beau billet, quelques remarques:
1. Même si je comprends ton idée de dire que le mot « raciste » est anachronique, je ne suis pas complètement d’accord. Utiliser le mot « raciste » pour qualifier des textes talmudiques et rabbiniques
n’est pas non plus un manque de rigueur. Le terme n’existait peut-être pas a l’époque, tu as raison, mais le phénomène oui, sans aucun doute.
Ta logique, poussée a ses conclusions logiques, aboutirait a des résultats surprenants. Par exemple, le mot « électricité » a été invente par William Gilbert, en l’an 1600. Iras-tu prétendre que l’on
ne peut parler de l’existence de l’électricité avant cette date ? Est-ce que le soleil n’était pas bien réel pendant les millénaires
ou les premiers hommes, ou leurs lointains ancêtres primates, ne connaissaient pas encore de terme pour le designer? Si le terme « racisme » est « une ideologie qui considère que certaines races sont
intrinsèquement supérieures à d’autres », alors, c’est bien le terme le plus précis pour qualifier les textes dont j’ai parles, qui établissent, justement, l’idée d’une race supérieure aux autres,
quelle qu’en soit la raison citée dans le texte.
2. Je ne suis pas non plus convaincu de l’utilité du terme « prédominance ». Qu’il y ait des textes « humanistes » et « égalitaires » (ces termes modernes te dérangent apparemment moins, même lorsqu’ils
font référence a un passe dans lequel ces notions n’existaient pas, ni dans l’idée, ni dans les faits), soit. J’en parle dans mon billet également. Que tous les textes ne soient pas dérangeants au
même degré, et qu’il existe tout un éventail de positions plus ou moins extrêmes, nous sommes d’accord également.
Après, affirmer qu’il s’agit d’une distinction purement theorique, sans consequences concretes dans les rapports entre Juifs et non-Juifs (comme tu le fais en reponse a Zelie, et comme le repete
Esther plus bas), c’est malheureusement faux. Les discriminations halakhiques envers les non-Juifs sont nombreuses. Je n’ai pas traite de cet aspect dans mes billets, mais tu peux consulter le
colloque signale par « m »:
– http://www.akadem.org/sommaire/colloques/l-etranger-biblique-dans-la-tradition-juive/la-figure-de-l-etranger-dans-la-bible-le-talmud-et-la-hala-ha-16-03-2012-30837_4401.php
Intervention de Mickael Benadmon (excellente), a partir de la minute 35.
– http://www.akadem.org/sommaire/colloques/l-etranger-biblique-dans-la-tradition-juive/droit-hebraique-et-droits-de-l-homme-16-03-2012-30840_4401.php
Intervention de Michael Wygoda (tout aussi excellente), a partir de la minute 54.
– http://www.daatemet.org.il/articles/article.cfm?article_id=119&lang=he
Article du rav David Ben Hayyim, de la yeshiva Merkaz haRav.
Il ne faut pas se voiler la face …
3. Les sources « humanistes » de la Bible sont aisement reinterpretes par les auteurs « racistes ». La Torah dit que l’homme a ete cree a l’image de Dieu, mais pour ces auteurs cela ne s’applique
qu’aux juifs. Etc.
4. Sur le rav Kook: comme tu le sais, je prefere ne pas trop m’avancer sur ce terrain. Certains de ses textes sont indeniablements tres ouverts, d’autres sont extremement intolerants. Je t’ai
signale le texte que tu cites de Orot Israel (cf. note 3), et tu vois du commentaire 5 de « m » que l’idee continue d’etre propagee par les eleves du r. Kook, sur la base de textes completement
explicites.
Le rav Kook de Tamar Ross n’est pas celui de Merkaz haRav; mais, a la difference d’autres penseurs reinterpretes dans tous les sens, ici l’ambiguite se situe dans les textes originaux, fruits de la
pensee du rav. Comprenne qui pourra.
Je signale aux lecteurs interesses le doctorat de Avinoam Rosenak, publie par Magnes, qui traite precisement de ce probleme (parmi d’autres):
http://www.magnespress.co.il/website/index.asp?id=2742
Merci encore de faire de ce blog un espace de discussion ouvert et passionnant!
Amities,
Emmanuel
Shalom Emmanuel,
Pour préciser mon précédent message : il est évident qu’il existe des discriminations halakhiques entre juifs et non-juifs. Cependant, une discrimination n’a pas forcément une base raciste : en
Belgique comme en France, comme dans tous les états du monde, la législation opèrent des discriminations entre citoyens et non-citoyens, entre individus ayant un certain statut marital
(cohabitants, mariés, célibataires…), entre individus majeurs et individus mineurs, etc… dans la plupart des cas, peu de personnes s’en offusquent ou y voient une quelconque racisme. Le fait
d’arroger des droits et devoirs différents en fonction du statut des individus est commun dans tout système légal. Les dérives racistes existent mais ne sont pas intrinsèquement liées à ce système
de distinction, particulièrement quand la discrimination débouche institutionnalise une absence de respect pour l’Autre et sur des injustices flagrantes et/ou l’oppression d’un groupe
particulier.
Les discriminations halakhiques ne peuvent-elles entrer dans le même cadre ? A savoir qu’elles ne reposent pas sur un racisme intrinsèque (la distinction « ontologique » n’ayant de conséquence que
dans la relation Homme-Dieu) mais opèrent de simples distinctions légales assimilables à celles qu’on trouve dans tout système étatique (distinction citoyens/non-citoyens, etc…) ?
Ce qui est clair : il ne faut pas nier les dérives racistes que l’interprétation de certains textes justifie chez certains, au contraire, il faut s’élever haut et fort contre certains argumentaires
aberrants et violents qu’on peut rencontrer parfois au sein de la communauté.
Kol touv,
bonsoir
je veux mentionner la partie de l’étude d’un texte du rav Kook, voir la partie dans l’onglet « l’âme des mécréants » ici:
http://www.akadem.org/sommaire/cours/les-dimanches-de-la-pensee-juive-mystique-et-cabale/le-rav-kook-federer-religieux-et-laics-12-01-2012-13066_4171.php
par Daniel Elkouby.
Ca ne parle pas des questions de racisme soulevés par Gabriel, mais ! mais ça me fait très plaisir de dire que l' »ambiance » générale de cette étude par Alkouby me pousse à revenir contre mon avis,
et je crois apporte plutot de l’eau au moulin de Gabriel.
c’est surtout les remarques en passant à propos du vocabulaire ( cabbalistique ) employé de façon habituelle par le rav Kook. En particulier, l’usage des termes de « nefesh » et « ruah ».
Ca n’enlève pas non plus à mon avis les zones d’ombre, concernant une hiérarchisation « mauvaise » entre les hommes que semble faire, peut-être là aussi le rav Kook, mais ça déplace tellement le
problème, que ça pose … d’autres problèmes. Qui concernerait alors plutot la possibilité ou la légitimité de transmettre certaines notions hors contexte ou hors enseignement direct.
Quoiqu’il en soit, je tenais à dire que je reviens sur ce que j’ai dit plus haut – disons que je retiens.
Quelques commentaires sur les commentaires que j’ai pu lire :
Tout d’abord, pour revenir sur l’origine unique de l’humanité, hé bien si, il s’agit bien d’une démonstration que l’on n’est pas raciste. Ceux qui par exemple justifie la persécution et l’esclavage
de certaines parties de l’humanités (la traîte des noirs) le font au nom d’une faute particulière commis par un de leurs ancêtres. Et le problème de ces personnes n’est pas du racisme mais un grave
problème intellectuel par rapport à la pensée juive. Les seuls autres qui malgré cette origine unique de l’humanité sont racistes croient qu’il y a eu une différentiation ultérieure. Mais dans ce
cas là, ils sont obligés de croire à la théorie de l’évolution alors que c’est le même genre de personne qui la refusent ardemment…
Tout le monde ici semble être d’accord que si une phrase dans le Talmud (ou ailleurs) est raciste (ou l’est en apparence), c’est que la tradition juive l’est.
Mais ne se peut-il pas que cette phrase en question n’est que la pensée d’une personne, d’un courant de pensée ?
Car en règle générale (et le Rav Kook le démontre avec brio dans Eyin Aya) les différences d’opinions dans le Talmud démontre en générale une différence d’Hashkafa entre deux sages (les
contradictions entre beraïtot ne manquent vraiment pas par exemple).
Cela ne veut-il pas dire qu’il peux y avoir plusieurs écoles ?
Car aujourd’hui encore, on peut voir comme un axe avec deux écoles principales, et des sages qui peuvent se trouver n’importe où sur cette axe.
Il y a une école qui déclare que les juifs ont une différence fondamentales; et il y en a une autre qui déclare que non.
Et vu qu’ils s’agit de juifs, les deux écoles ont été interprétés dans les deux sens : certains arrivent à dire du Rambam qu’il est raciste par exemple alors que d’autres arrivent à démontrer qu’en
posant deux-trois définitions précises (comme le concept de Neshama) on peut en déduire qu’il ne s’agit absolument pas de racisme.
Aujourd’hui certains déclarent (rav Yossef) qu’il n’y a pas de pikouah’ nefesh pour un goy, d’autres déclarent qu’il n’y a pas le moindre doute que même pour un terroriste le pikouah’ nefesh existe
(rav Rontsky).
Le problème alors n’est pas que le judaïsme est raciste, mais qu’une partie des sages le sont (ceci est [malheureusement, à mon avis] indéniable).
Et peut-alors que le vrai problème est de savoir qui a raison.
Après tout, jusqu’à l’époque du Rambam, nombreux sont ceux qui étaient persuadés que Dieu avait un corps !
Aujourd’hui, même les érudits (à l’inverse parfois de leurs élèves qui n’écoutent que ce qu’ils veulent, mais là le problème ne se situe plus dans le judaïsme lui-même) qui se rattachent à l’école
de la différence fondamentale entre juif et non-juif pour la plupart réfutent toute haîne du non-juif, pouvant être défini comme étant du « racisme neutre » (tout comme il peut exister du « racisme
positif » comme les quotas minimums dans les films ou administrations dans certains pays).
Si on définit le « racisme » comme étant l’acte de constater une différence fondamentale entre plusieurs être humains (définition plutôt scientifique et philosphique, qui n’est pas immorale en soit,
comme par exemple ceux qui se basent sur les différences d’ADN entre deux groupes d’individus); par opposition à une définition du « racisme » comme étant une « haîne de ce qui (semblent) est
différent », ce qui est la définition légale, médiatique et populaire du mot.
Maintenant en ce qui me concerne, d’après ce que j’ai pu apprendre et étudier je ne pense pas qu’il existe de « races d’êtres humains » sur terre. Que les différences entre juif et non-juifs ne sont
pas comme deux races différentes, mais comme deux cultures-éducations distinctes, et aussi en parrallèle deux génétiques (allez savoir si les deux sont liés).
D’après les élèves du rav Kook, la notion de Neshama peut s’expliquer de deux manières différentes :
-qu’il s’agit d’une différence qui n’existe pas vraiment pour nous mais qui est significative aux yeux de Dieu et de ses calculs divins
-qu’il s’agit d’une différence d’éducation ou bien de caractère
Les deux explications renforcent toutes deux l’humanisme du judaïsme. La première ne fait que rajouter un ordre de priorité, qui peut s’expliquer simplement que pour que le peuple juif puisse faire
son boulot il est obligé de fixer des priorités. La seconde rappelle même que certains nons-juifs peuvent avoir la même différence et donc même se convertir (la première aussi mais elle nécessite
plus d’approfondissement).
Enfin, concernant la « discrimination halah’ique », on peut très simplement l’expliquer en général par le principe qu’afin de pouvoir aimer et aider les autres on doit d’abord s’aimer soit même et
s’occuper de ses proches. Avant d’aller sauver des gens de la famine à l’autre bout du monde, il faut d’abord s’assurer que sa famille a largement de quoi manger.
Mais pour le Pikouah’ Nefesh ca ne suffit pas, et j’ai reçu un magnifique enseignement de mes maîtres :
Le dereh’ eretz et le moussar doivent précéder la Torah. Faire les mitsvot et être immorale, c’est contradictoire et n’a absolument aucune valeur. Mais certains des commandements sont justement là
pour nous aider à nous améliorer.
Par exemple : la tsedaka. Tous les textes expliquant dans les détails cette mitsva, ne la justifie absolument pas par le fait qu’il faille aider les pauvres. Au contraire, ils ne font qu’appuyer le
fait que tout le but de ce commandement est de forcer le juif a donner de l’argent. Et ils précisent très clairement que la raison pour laquelle il doit le faire, c’est uniquement pour
lui-même.
Doit-on pour autant en tirer que la Torah est égoïste et force les gens à ne penser qu’à eux-même ? Que la Tsedaka n’existe absolument pas dans le seul but d’aider les pauvres ?
C’est évident que non. Pour tous les grands d’Israel il est évident que d’aider les pauvres est un très grand but !!!
La seule manière de concilier les deux est de comprendre que de base le juif doit donner de l’argent aux pauvres. De lui-même. Mais que lorsqu’il n’y arrive pas, où ne veut pas le faire, la Torah
vient le forcer.
Et toute la force de ce que l’on m’a enseigné, c’est que cette explication sur la tsedaka peut et même doit être transposer sur la question du Pikouah’ Nefesh : il est évident que tout être humain
est important et doit être sauver de manière général. Maintenant, il y a ceux qui pensent que leur livre ou leur shabat est plus important. Car après tout, ils pourront faire plus de bien et plus
améliorer le monde ainsi qu’en allant risquer leur vie pour sauver un juif qui prend l’avion shabat. Si même pour un juif, un de leur frère, ils ne sont pas prêt d’eux-mêmes à tout abandonner pour
les sauver, alors un non-juif !?! Déjà de les forcer à sauver un juif ce n’est pas évident, et donc la Torah veut leur enseigner la base des bases, que sauver une vie est plus important.
Passionant article et passionant débat, mais c’est habituel 🙂
Je trouve la démonstration sur les propos du Rav Kook très convainquante, et je trouve nécessaire la remise en perspective de la notion de racisme que tu proposes. C’est au minimum une voie de
travail très pertinente. Toutefois je suis assez d’accord avec les commentaires qui soulignent que la manière dont tu caractérises le racisme uniquement par la notion moderne de “race” met de côté
l’histoire longue des discriminations et du rejet de la différence, ou celle simplement du nationalisme, et je reste sur ma faim en l’attente d’une perspective plus large.
Ce qu’il faudrait pouvoir appréhender, mais je n’en n’ai pas les moyens, c’est une vision d’ensemble de l’image des non-juifs dans la (ou les) pensée juive. A ce titre, on ne peut pas balayer d’un
revers de main (“pas de quoi fouetter un chat”) la notion que tu caractérises de prédominance théologique, d’ailleurs bien floue et aux conséquences pratiques pas insignifiantes pour ce qui est du
lien social entre juifs et non juifs. Depuis Jules Isaac, on sait ce que la théologie chrétienne de la substitution (de l’élection juive), infusée par les siècles, a à voir avec le sentiment
antisémite européen. Ces notions théologiques, et surtout la manière dont elles sont enseignées et reçues, ce qu’on laisse dire ou penser dans ces domaines, tout cela n’a rien d’insignifiant.
Bien sûr, pour un intellectuel, il est tout à fait possible de distinguer absolument la prédominance théologique d’un côté, et l’égale dignité des êtres humains de l’autre, nefesh et neshama. Mais
ça ne répond pas aux vraies questions qui se posent sur les rapports entre juis et non juifs: entre l’idée juive d’Alliance et la manière concrète dont les juifs concrets vivent l’idée d’élection
divine d’un côté; entre l’universalisme messianique et prophétique et la réalité de l’organisation rituelle d’une séparation entre juifs et non juifs de l’autre, quelle place y a-t-il dans le
judaïsme pour évaluer et célébrer l’apport spirituel éventuel des non juifs à l’humanité, à la connaissance du divin, aux relations civilisées entre les hommes, etc… Est-ce que les non-juifs sont
exactement nos prochains, ou pas, et si pas exactement quelles conséquences halakhiques concrètes cela a-t-il sur nos relations concrètes les uns avec les autres? Voilà ce que pour ma part,
j’aimerais mieux comprendre et apprendre.
Puisqu’on a cité Thomas d’Aquin, laisse moi citer ici la très belle parabole du “bon samaritain” des évangiles, plus riche qu’il n’y parait, et qui traite directement de ces questions. Au cours
d’un débat (au passage un débat civilisé) avec un pharisien, Jésus en vient à dire que pour mériter la vie éternelle, il faut aimer dieu de de toute son âme, force, pensée, et aussi son prochain
comme soi-même. Idées qu’on retrouve me semble-t-il chez Hillel. Question du pharisien: “Et qui est mon prochain”?
« Jésus reprit : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba au milieu de brigands qui, après l’avoir dépouillé et roué de coups, s’en allèrent, le laissant à demi mort. Un prêtre vint
à descendre par ce chemin-là ; il le vit et passa outre. Pareillement un lévite, survenant en ce lieu, le vit et passa outre. Mais un samaritain, qui était en voyage, arriva près de lui, le vit et
fut pris de pitié. Il s’approcha, banda ses plaies, y versant de l’huile et du vin, puis le chargea sur sa propre monture, le mena à l’hôtellerie et prit soin de lui. Le lendemain, il tira deux
deniers et les donna à l’hôtelier, en disant : « Prends soin de lui, et ce que tu auras dépensé en plus, je te le rembourserai, moi, à mon retour. » Lequel de ces trois, à ton avis, s’est montré le
prochain de l’homme tombé aux mains des brigands ? » Il dit : « Celui-là qui a exercé la miséricorde envers lui. » Et Jésus lui dit : « Va, et toi aussi, fais de même4 ». »
(http://fr.wikipedia.org/wiki/Bon_Samaritain)
On note d’abord que Jésus répond à une question qui n’était pas posée: qui s’est montré le prochain de cet homme ne répond pas à la question “qui est mon prochain?”, mais plutôt à la question “que
dois-je faire pour mériter d’être appelé le prochain d’un autre homme?”
On note ensuite que le prêtre et le lévite, voyant un homme laissé pour mort, se conforment en fait à l’interdiction qui leur est faite de le toucher, et pas à une forme de méchanceté ou de
lâcheté.
On note que le samaritain n’est pas considéré comme complètement juif par les autorités de l’époque, mais qu’il se vit lui comme juif.
On note enfin le rôle de l’hôtelier, sur lequel on pourrait gloser, et qui participe certainement des raisons pour lesquelles cette parabole est très profonde.
Rassure toi j’arrête là mon hommage à Jésus. On ne peut pas nier en revanche que les vraies questions sont toutes là: qui est mon prochain, quels sont mes devoirs envers lui, quelle place ont
toutes les lois qui nous séparent des autres peuples, et parfois les uns des autres, dans cette idée du prochain? Il y a me semble-t-il un lien profond entre les règles de pureté et d’impureté
d’une part, la manière de concevoir le rapport à l’autre d’autre part, et enfin le rapport entre juifs et non-juifs. Qu’en penses-tu?
Merci pour cette réponse.
La raison pour laquelle je mets en avant la question de la pureté rituelle est la suivante: dans le rapport à l’autre, ce qui m’intéresse est moins de savoir si le judaïsme tient compte dans
l’absolu de la dignité des uns ou des autres, que les barrières et ponts concrets qui sont tissés entre les hommes par les lois et les pensées. Un exemple simple: avec qui puis-je boire du vin et
partager un repas? Qui puis-je toucher ou ne pas toucher?
Mais effectivement, cela appellerait des développements qui n’ont sans doute pas leur place ici…
Quelques remarques :
1/ le mot de « prédominance » ne peut pas convenir. La « prédominance » désigne un état de fait, pas une doctrine. Il ne peut être sur le même plan que « humanisme », « racisme », « universalisme », etc.
2/ L’énoncé qui maintient que seuls les Juifs ont une neshama est un énoncé « raciste ». IL me semble que l’on peut user de toute la subtilité exégétique que l’on veut, mais lorsqu’on postule une
différence ontologique au sein de l’espèce humaine, on entre dans la logique raciste.
3/ l’idée selon laquelle on est étranger au racisme parce que l’on postule que l’humanité a une origine unique me semble une idée contestable. (Je me permets de renvoyer à ma remarque sur l’article
d’E. Bloch.) Le racisme précède la théorie scientifique des races. Et l’on sait que les religions monothéistes ont très bien combiné la doctrine de l’origine adamique de l’humanité avec des
théories et des pratiques racistes pendant des siècles (pour justifier l’esclavage des noirs, notamment). Ce que l’on appelle le « polygénisme » est intervenu d’abord marginalement pour justifier
scientifiquement des préjugés raciaux, d’abord marginalement (17e et 18e s) puis massivement (19e s.)mais n’est qu’une expression parmi d’autres du racisme.
3/ Au risque de choquer, je rappellerai qu’il ne suffit pas de dire qu’il faut aimer tous les hommes pour ne pas être raciste. On peut très bien aimer tous les hommes, aimer toutes les créatures
vivantes, et affirmer une hiérarchie. Il y a des gens qui adorent les animaux sans les mettre au même plan que les hommes (heureusement). Et des maîtres qui aimaient leurs esclaves noirs tout en
les jugeant inférieurs sur le plan de l’humanité. Postuler une hiérarchie ontologique au coeur de l’humanité ne signifie pas nécessairement détester ceux que l’on proclame inférieurs. Mais cela
aboutit nécessairement à postuler qu’il y a des gens dont l’existence compte plus que celle des autres, qu’il y a des droits supérieurs pour certains, que certains sont faits pour « servir » les
autres (voir ce qu’Ovadia Yossef avait dit sur le rôle des Gentils, entre autres…).
Bref, je crois que certaines distinctions doivent être à tout prix posées pour clarifier le débat.
« le racisme est une idéologie qui, partant du postulat de l’existence de races humaines, considère que certaines races sont intrinsèquement supérieures à d’autres. « ( E.Universalis )
Mais est-ce qu’une définition plus juste du racisme, en partant de celle-ci, ne devrait pas dire:
« le racisme est une passion qui, AFIN DE considérer que certains groupements humains sont intrinsèquement supérieurs à d’autres ( en général le leur ), postule POUR CE FAIRE l’existence de races (
ou de quelque traits déterminants que ce soit relevant d’une essence biologique ou spirituelle (1) ) supposé fonder l’inégalité hiérarchique. »
(1) Le point important ici étant l’i-vérifiabilité de l’assertion. Ou encore le déplacement d’un domaine à l’autre – une métonymie. Par exemple: de la différence de taille moyenne entre les
groupes, en inferer que les « petits » sont inférieurs, complets mais pas tout à fait, etc. ( je pense aux – je crois que c’était en Côte d’Ivoire, que des gens se sont mis à aller massacrer un petit
peu leurs voisins de la forêt, parce qu’ils « étaient des singes » )
( J’emprunte le terme de « passion » à Jean-Paul Sartre, qu’il applique à l’antisémitisme, dans « Réflexions sur la question juive » )
Je dois bien préciser, Gabriel, vu comme c’est chaud, ces sujets, que je suis bien convaincu que vous n’êtes pas raciste ! Kol touv lekha velekoulam.
Cher Gabriel,
le problème avec la définition du racisme telle que vous la reprenez, c’est que d’une certaine manière elle interdit toute discussion sur le racisme de textes antérieurs au 19e siècle. Si on part
du concept biologique de race (et pourquoi pas, en effet?), celui-ci en effet ne naît qu’à l’époque moderne, et dans ce cas je ne vois pas pourquoi on continue à s’interroger.
A partir de ce postulat, il faudrait donc écarter toutes les « histoires du racisme » qui incluraient le moyen âge et l’antiquité. Au passage, il faudrait aussi considérer que, le postulat d’une race
sémitique et le mot même d’antisémitisme n’émergeant qu’à la fin du 19e siècle, il est sans pertinence d’étudier l’antisémitisme dans les siècles antérieurs. Cela se tient, mais cela a aussi le
désavantage de nous faire manquer les continuités entre antijudaïsme, judéophobie, antisémtisme, etc. Si vous appliquez ce rigorisme définitionnel, alors il faut aller jusqu’au bout. Nous pourrions
de même affirmer qu’à part quelques néonazis, il n’y a plus de racistes aujourd’hui puisque presque plus personne ne croit aux races humaines au sens scientifique. Donc le débat serait enfermé
entre la fin du 19e siècle et la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Bonne nouvelle en un sens. Mais encore une fois, dans ce cas, le débat est clos avant d’être posé.
Il me semble que la question du « racisme » des textes anciens n’a d’intérêt que si on accepte un élargissement relatif de la notion. D’abord parce que la notion de « race » n’a pas toujours eu un sens
étroitement biologique (il ne l’a eu que très tard). Ensuite, parce qu’il y a d’autres moyens d’établir des différences irréductibles entre les « races » (on pourrait dire « les familles » ou « les
groupes » humains). Je propose simplement d’appeler « raciste » une pensée qui postule une différence de nature, une différence ontologique, entre les groupes humains (à l’exclusion des préférences ou
des hiérarchies culturelles, qui relèvent de l’ethnocentrisme), et ce avec ou sans « conséquence pratique ». Et d’ailleurs, je ne suis pas du tout convaincu qu’il n’y ait une telle étanchéité entre
la pratique et la théorie, mais cela nous entraînerait trop loin.
Pour ce qui est du débat terminologique et de ma réticence devant votre proposition du mot « prédominance », il vient de ce qu’il ne me semble ajouter à la confusion. Le vocabulaire disponible est
déjà là. Le mot d’ethnocentrisme convient bien à l’attitude qui consiste à considérer que sa culture ou sa foi, ou son groupe, sont supérieurs. Quand il y a hostilité envers l’étranger, le mot
xénophobie convient (Memmi proposait celui d' »hétérophobie », dans un autre contexte). On trouve parfois, avec des connotations nettement agressives, celui de « suprémacisme ». Ce que je voulais dire
par ma réflexion sur le mot de « prédominance », c’est que le mot a déjà un autre sens que celui que vous voulez lui attribuer et qu’il ne peut en aucune façon désigner un état d’esprit ou une
doctrine.
Bien cordialement.
Shalom lekoulam,
Je ne pense pas que la distinction de « niveaux de neshama » soit à mettre dans la catégorie « classification raciste ».
Distinguer entre les niveaux de neshama revient-il à postuler une différence ontologique entre êtres humains ?
Oui et non, tout dépend de ce qu’on définit comme étant « ontologique » et ce qu’englobe ce terme.
Oui, dans le sens où une distinction, une différenciation intervient à un certain endroit/moment.
Non, dans le sens où cette distinction n’a finalement de conséquence que spirituelle, dans la relation Homme-Dieu. En d’autres mots : dans nos relations entre êtres humains, cette distinction
ontologique (neshama différente en termes qualitatifs) ne peut pas/ne doit pas avoir de conséquences dans notre attitude « humaniste ».
Dans ce monde matériel qui est le nôtre, l’aune à laquelle l’être humain « se mesure » (pour tant est qu’il puisse être mesuré… cette prétention relevant souvent uniquement d’une malmesure, pour
paraphraser S. J. Gould) est unifiée en Adam harishon, l’Etre humain primordial, qui renvoit chacun de nous à notre origine commune.
Prétendre haïr l’autre, le non-juif, sous prétexte de sa neshama de « moindre » valeur, c’est passer totalement à côté de notre neshama juive, cela revient à la ternir, à la recouvrir d’une écorce
aussi épaisse que pourrie.
Boh… moi je trouve plus simple de dire qu’il se plante et puis c’est tout. J’ai assisté une fois à un cours à Jerusalem par un rabbin qui était chargé de former des olim indiens. J’y avais été,
parce que je rêvais de rencontrer des belles indiennes…! Et puis c’était dans mon quartier, à Nahlaot. A un moment donné, ce rav a gravement expliqué, en citant le rav Kook disait-il, qu’il y a
moins de différence entre un goy et un cochon qu’entre un goy et un juif. Je ne sais pas d’où il tirait cela, dans les textes du rav Kook, peut-être en intérprétant le passage cité par Gabriel.
Mais en ce qui me concerne, j’ai simplement été extremement choqué. Alors encore une fois, je trouve qu’il faut appeler un chat un chat, et que lorsque des autorités, aussi géniales soient-elles
par ailleurs, ont ci et là des formules douteuses, ou même simplement qu’aujourd’hui on ne peut plus lire de façon éthiquement acceptable, et bien voilà, ce sont des grands hommes, mais c’est tout,
ils ne sont pas infaillibles. D’ailleurs en ce qui concerne la relation de l’homme envers son créateur – eh bien disons que j’ai aussi beaucoup de mal à imaginer en quoi l’oeuvre prodigieuse d’un
Thomas d’Aquin témoingerait de moins ( ni de plus d’ailleurs ) d’âme que celle de Maïmonide, ou bien que la relation personnelle à son dieu d’un st Jean de la Croix, ou d’un Ramakhrishna serait
« moins » que celles d’un R.Nahman de Braslav, ou du Rabbi de Kotsk, par exemple !
Peut-être devrait-on considerer, dans le cas du rav Kook, ces reflexions sur les « âmes », comme simplement une sorte d’enthousiasme amoureux du rav envers Israël, comme lorsque un amoureux dit à son
amoureuse: » tu est vraiment particulière, toi, tu as quelque chose de vraiment différent, d’unique, un lien tellement différent avec les choses et avec les gens ! »
J’en finis là pour ma part avec ce thème, mais juste encore un mot: ce rav qui donnait des cours aux olim d’Inde, il était aussi chargé de trouver les candidats aux tribus perdus dans le monde. Et
il me disait: « les juifs ont quelque chose de particulier, ils ont l’âme douce, ils sont incappables de violence. Les japonais sont violents, naturellement violents, donc c’est sûr que ce ne sont
pas des juifs ! » » Les juifs incappables de violence, par essence… » Je suis sûr que ceux des lecteurs de ce blog qui résident en Israël peuvent facilement sentir les choix « politiques » que cela
sous-entend. J’ai assisté, moi, à la même époque, à un début de lynchage dans le même quartier, rue Bezalel. C’était mes voisins, des gens très gentils par ailleurs…. Non, les juifs n’ont rien
d’intrinsèquement particulier, rien ! C’est écrit aussi quelque part dans le talmud ( ou dans un midrash ? ): la sagesse est chez tous les peuples, mais la Torah est seulement chez nous.
Après ce cours, je suis resté chez eux à regarder le Dictateur de Chaplin à la télé… La femme du rav ( ou quelqu’un de proche, je ne sais plus ) était passé par les camps… Pas la moindre trace
de malaise, d’un sentiment de contradiction chez mon hôte.
shalom.
Cher Gabriel,
Je trouve le temps, finalement, de rédiger quelques remarques sur ce billet, mais j’ai l’impression que tout a déjà été dit dans les commentaires précédents, en particulier par Zelie.
Au final, je me réjouis de comprendre que ta position est extrêmement proche de la mienne:). Tu es d’accord qu’il existe des textes « problématiques » (racistes !!! :), je reviens ci-dessous sur ce
point), que ces textes sont dangereux et qu’il faut en restreindre la portée par tous les moyens possibles, et en particulier en les « dénonçant ». Si nous sommes d’accord la-dessus, le reste n’est
que détail.
Mais, je propose tout de même, en toute amitié et avec beaucoup de respect pour ce beau billet, quelques remarques:
1. Même si je comprends ton idée de dire que le mot « raciste » est anachronique, je ne suis pas complètement d’accord. Utiliser le mot « raciste » pour qualifier des textes talmudiques et rabbiniques
n’est pas non plus un manque de rigueur. Le terme n’existait peut-être pas a l’époque, tu as raison, mais le phénomène oui, sans aucun doute.
Ta logique, poussée a ses conclusions logiques, aboutirait a des résultats surprenants. Par exemple, le mot « électricité » a été invente par William Gilbert, en l’an 1600. Iras-tu prétendre que l’on
ne peut parler de l’existence de l’électricité avant cette date ? Est-ce que le soleil n’était pas bien réel pendant les millénaires
ou les premiers hommes, ou leurs lointains ancêtres primates, ne connaissaient pas encore de terme pour le designer? Si le terme « racisme » est « une ideologie qui considère que certaines races sont
intrinsèquement supérieures à d’autres », alors, c’est bien le terme le plus précis pour qualifier les textes dont j’ai parles, qui établissent, justement, l’idée d’une race supérieure aux autres,
quelle qu’en soit la raison citée dans le texte.
2. Je ne suis pas non plus convaincu de l’utilité du terme « prédominance ». Qu’il y ait des textes « humanistes » et « égalitaires » (ces termes modernes te dérangent apparemment moins, même lorsqu’ils
font référence a un passe dans lequel ces notions n’existaient pas, ni dans l’idée, ni dans les faits), soit. J’en parle dans mon billet également. Que tous les textes ne soient pas dérangeants au
même degré, et qu’il existe tout un éventail de positions plus ou moins extrêmes, nous sommes d’accord également.
Après, affirmer qu’il s’agit d’une distinction purement theorique, sans consequences concretes dans les rapports entre Juifs et non-Juifs (comme tu le fais en reponse a Zelie, et comme le repete
Esther plus bas), c’est malheureusement faux. Les discriminations halakhiques envers les non-Juifs sont nombreuses. Je n’ai pas traite de cet aspect dans mes billets, mais tu peux consulter le
colloque signale par « m »:
– http://www.akadem.org/sommaire/colloques/l-etranger-biblique-dans-la-tradition-juive/la-figure-de-l-etranger-dans-la-bible-le-talmud-et-la-hala-ha-16-03-2012-30837_4401.php
Intervention de Mickael Benadmon (excellente), a partir de la minute 35.
– http://www.akadem.org/sommaire/colloques/l-etranger-biblique-dans-la-tradition-juive/droit-hebraique-et-droits-de-l-homme-16-03-2012-30840_4401.php
Intervention de Michael Wygoda (tout aussi excellente), a partir de la minute 54.
– http://www.daatemet.org.il/articles/article.cfm?article_id=119&lang=he
Article du rav David Ben Hayyim, de la yeshiva Merkaz haRav.
Il ne faut pas se voiler la face …
3. Les sources « humanistes » de la Bible sont aisement reinterpretes par les auteurs « racistes ». La Torah dit que l’homme a ete cree a l’image de Dieu, mais pour ces auteurs cela ne s’applique
qu’aux juifs. Etc.
4. Sur le rav Kook: comme tu le sais, je prefere ne pas trop m’avancer sur ce terrain. Certains de ses textes sont indeniablements tres ouverts, d’autres sont extremement intolerants. Je t’ai
signale le texte que tu cites de Orot Israel (cf. note 3), et tu vois du commentaire 5 de « m » que l’idee continue d’etre propagee par les eleves du r. Kook, sur la base de textes completement
explicites.
Le rav Kook de Tamar Ross n’est pas celui de Merkaz haRav; mais, a la difference d’autres penseurs reinterpretes dans tous les sens, ici l’ambiguite se situe dans les textes originaux, fruits de la
pensee du rav. Comprenne qui pourra.
Je signale aux lecteurs interesses le doctorat de Avinoam Rosenak, publie par Magnes, qui traite precisement de ce probleme (parmi d’autres):
http://www.magnespress.co.il/website/index.asp?id=2742
Merci encore de faire de ce blog un espace de discussion ouvert et passionnant!
Amities,
Emmanuel
Shalom Emmanuel,
Pour préciser mon précédent message : il est évident qu’il existe des discriminations halakhiques entre juifs et non-juifs. Cependant, une discrimination n’a pas forcément une base raciste : en
Belgique comme en France, comme dans tous les états du monde, la législation opèrent des discriminations entre citoyens et non-citoyens, entre individus ayant un certain statut marital
(cohabitants, mariés, célibataires…), entre individus majeurs et individus mineurs, etc… dans la plupart des cas, peu de personnes s’en offusquent ou y voient une quelconque racisme. Le fait
d’arroger des droits et devoirs différents en fonction du statut des individus est commun dans tout système légal. Les dérives racistes existent mais ne sont pas intrinsèquement liées à ce système
de distinction, particulièrement quand la discrimination débouche institutionnalise une absence de respect pour l’Autre et sur des injustices flagrantes et/ou l’oppression d’un groupe
particulier.
Les discriminations halakhiques ne peuvent-elles entrer dans le même cadre ? A savoir qu’elles ne reposent pas sur un racisme intrinsèque (la distinction « ontologique » n’ayant de conséquence que
dans la relation Homme-Dieu) mais opèrent de simples distinctions légales assimilables à celles qu’on trouve dans tout système étatique (distinction citoyens/non-citoyens, etc…) ?
Ce qui est clair : il ne faut pas nier les dérives racistes que l’interprétation de certains textes justifie chez certains, au contraire, il faut s’élever haut et fort contre certains argumentaires
aberrants et violents qu’on peut rencontrer parfois au sein de la communauté.
Kol touv,
bonsoir
je veux mentionner la partie de l’étude d’un texte du rav Kook, voir la partie dans l’onglet « l’âme des mécréants » ici:
http://www.akadem.org/sommaire/cours/les-dimanches-de-la-pensee-juive-mystique-et-cabale/le-rav-kook-federer-religieux-et-laics-12-01-2012-13066_4171.php
par Daniel Elkouby.
Ca ne parle pas des questions de racisme soulevés par Gabriel, mais ! mais ça me fait très plaisir de dire que l' »ambiance » générale de cette étude par Alkouby me pousse à revenir contre mon avis,
et je crois apporte plutot de l’eau au moulin de Gabriel.
c’est surtout les remarques en passant à propos du vocabulaire ( cabbalistique ) employé de façon habituelle par le rav Kook. En particulier, l’usage des termes de « nefesh » et « ruah ».
Ca n’enlève pas non plus à mon avis les zones d’ombre, concernant une hiérarchisation « mauvaise » entre les hommes que semble faire, peut-être là aussi le rav Kook, mais ça déplace tellement le
problème, que ça pose … d’autres problèmes. Qui concernerait alors plutot la possibilité ou la légitimité de transmettre certaines notions hors contexte ou hors enseignement direct.
Quoiqu’il en soit, je tenais à dire que je reviens sur ce que j’ai dit plus haut – disons que je retiens.
Quelques commentaires sur les commentaires que j’ai pu lire :
Tout d’abord, pour revenir sur l’origine unique de l’humanité, hé bien si, il s’agit bien d’une démonstration que l’on n’est pas raciste. Ceux qui par exemple justifie la persécution et l’esclavage
de certaines parties de l’humanités (la traîte des noirs) le font au nom d’une faute particulière commis par un de leurs ancêtres. Et le problème de ces personnes n’est pas du racisme mais un grave
problème intellectuel par rapport à la pensée juive. Les seuls autres qui malgré cette origine unique de l’humanité sont racistes croient qu’il y a eu une différentiation ultérieure. Mais dans ce
cas là, ils sont obligés de croire à la théorie de l’évolution alors que c’est le même genre de personne qui la refusent ardemment…
Tout le monde ici semble être d’accord que si une phrase dans le Talmud (ou ailleurs) est raciste (ou l’est en apparence), c’est que la tradition juive l’est.
Mais ne se peut-il pas que cette phrase en question n’est que la pensée d’une personne, d’un courant de pensée ?
Car en règle générale (et le Rav Kook le démontre avec brio dans Eyin Aya) les différences d’opinions dans le Talmud démontre en générale une différence d’Hashkafa entre deux sages (les
contradictions entre beraïtot ne manquent vraiment pas par exemple).
Cela ne veut-il pas dire qu’il peux y avoir plusieurs écoles ?
Car aujourd’hui encore, on peut voir comme un axe avec deux écoles principales, et des sages qui peuvent se trouver n’importe où sur cette axe.
Il y a une école qui déclare que les juifs ont une différence fondamentales; et il y en a une autre qui déclare que non.
Et vu qu’ils s’agit de juifs, les deux écoles ont été interprétés dans les deux sens : certains arrivent à dire du Rambam qu’il est raciste par exemple alors que d’autres arrivent à démontrer qu’en
posant deux-trois définitions précises (comme le concept de Neshama) on peut en déduire qu’il ne s’agit absolument pas de racisme.
Aujourd’hui certains déclarent (rav Yossef) qu’il n’y a pas de pikouah’ nefesh pour un goy, d’autres déclarent qu’il n’y a pas le moindre doute que même pour un terroriste le pikouah’ nefesh existe
(rav Rontsky).
Le problème alors n’est pas que le judaïsme est raciste, mais qu’une partie des sages le sont (ceci est [malheureusement, à mon avis] indéniable).
Et peut-alors que le vrai problème est de savoir qui a raison.
Après tout, jusqu’à l’époque du Rambam, nombreux sont ceux qui étaient persuadés que Dieu avait un corps !
Aujourd’hui, même les érudits (à l’inverse parfois de leurs élèves qui n’écoutent que ce qu’ils veulent, mais là le problème ne se situe plus dans le judaïsme lui-même) qui se rattachent à l’école
de la différence fondamentale entre juif et non-juif pour la plupart réfutent toute haîne du non-juif, pouvant être défini comme étant du « racisme neutre » (tout comme il peut exister du « racisme
positif » comme les quotas minimums dans les films ou administrations dans certains pays).
Si on définit le « racisme » comme étant l’acte de constater une différence fondamentale entre plusieurs être humains (définition plutôt scientifique et philosphique, qui n’est pas immorale en soit,
comme par exemple ceux qui se basent sur les différences d’ADN entre deux groupes d’individus); par opposition à une définition du « racisme » comme étant une « haîne de ce qui (semblent) est
différent », ce qui est la définition légale, médiatique et populaire du mot.
Maintenant en ce qui me concerne, d’après ce que j’ai pu apprendre et étudier je ne pense pas qu’il existe de « races d’êtres humains » sur terre. Que les différences entre juif et non-juifs ne sont
pas comme deux races différentes, mais comme deux cultures-éducations distinctes, et aussi en parrallèle deux génétiques (allez savoir si les deux sont liés).
D’après les élèves du rav Kook, la notion de Neshama peut s’expliquer de deux manières différentes :
-qu’il s’agit d’une différence qui n’existe pas vraiment pour nous mais qui est significative aux yeux de Dieu et de ses calculs divins
-qu’il s’agit d’une différence d’éducation ou bien de caractère
Les deux explications renforcent toutes deux l’humanisme du judaïsme. La première ne fait que rajouter un ordre de priorité, qui peut s’expliquer simplement que pour que le peuple juif puisse faire
son boulot il est obligé de fixer des priorités. La seconde rappelle même que certains nons-juifs peuvent avoir la même différence et donc même se convertir (la première aussi mais elle nécessite
plus d’approfondissement).
Enfin, concernant la « discrimination halah’ique », on peut très simplement l’expliquer en général par le principe qu’afin de pouvoir aimer et aider les autres on doit d’abord s’aimer soit même et
s’occuper de ses proches. Avant d’aller sauver des gens de la famine à l’autre bout du monde, il faut d’abord s’assurer que sa famille a largement de quoi manger.
Mais pour le Pikouah’ Nefesh ca ne suffit pas, et j’ai reçu un magnifique enseignement de mes maîtres :
Le dereh’ eretz et le moussar doivent précéder la Torah. Faire les mitsvot et être immorale, c’est contradictoire et n’a absolument aucune valeur. Mais certains des commandements sont justement là
pour nous aider à nous améliorer.
Par exemple : la tsedaka. Tous les textes expliquant dans les détails cette mitsva, ne la justifie absolument pas par le fait qu’il faille aider les pauvres. Au contraire, ils ne font qu’appuyer le
fait que tout le but de ce commandement est de forcer le juif a donner de l’argent. Et ils précisent très clairement que la raison pour laquelle il doit le faire, c’est uniquement pour
lui-même.
Doit-on pour autant en tirer que la Torah est égoïste et force les gens à ne penser qu’à eux-même ? Que la Tsedaka n’existe absolument pas dans le seul but d’aider les pauvres ?
C’est évident que non. Pour tous les grands d’Israel il est évident que d’aider les pauvres est un très grand but !!!
La seule manière de concilier les deux est de comprendre que de base le juif doit donner de l’argent aux pauvres. De lui-même. Mais que lorsqu’il n’y arrive pas, où ne veut pas le faire, la Torah
vient le forcer.
Et toute la force de ce que l’on m’a enseigné, c’est que cette explication sur la tsedaka peut et même doit être transposer sur la question du Pikouah’ Nefesh : il est évident que tout être humain
est important et doit être sauver de manière général. Maintenant, il y a ceux qui pensent que leur livre ou leur shabat est plus important. Car après tout, ils pourront faire plus de bien et plus
améliorer le monde ainsi qu’en allant risquer leur vie pour sauver un juif qui prend l’avion shabat. Si même pour un juif, un de leur frère, ils ne sont pas prêt d’eux-mêmes à tout abandonner pour
les sauver, alors un non-juif !?! Déjà de les forcer à sauver un juif ce n’est pas évident, et donc la Torah veut leur enseigner la base des bases, que sauver une vie est plus important.
Passionant article et passionant débat, mais c’est habituel 🙂
Je trouve la démonstration sur les propos du Rav Kook très convainquante, et je trouve nécessaire la remise en perspective de la notion de racisme que tu proposes. C’est au minimum une voie de
travail très pertinente. Toutefois je suis assez d’accord avec les commentaires qui soulignent que la manière dont tu caractérises le racisme uniquement par la notion moderne de “race” met de côté
l’histoire longue des discriminations et du rejet de la différence, ou celle simplement du nationalisme, et je reste sur ma faim en l’attente d’une perspective plus large.
Ce qu’il faudrait pouvoir appréhender, mais je n’en n’ai pas les moyens, c’est une vision d’ensemble de l’image des non-juifs dans la (ou les) pensée juive. A ce titre, on ne peut pas balayer d’un
revers de main (“pas de quoi fouetter un chat”) la notion que tu caractérises de prédominance théologique, d’ailleurs bien floue et aux conséquences pratiques pas insignifiantes pour ce qui est du
lien social entre juifs et non juifs. Depuis Jules Isaac, on sait ce que la théologie chrétienne de la substitution (de l’élection juive), infusée par les siècles, a à voir avec le sentiment
antisémite européen. Ces notions théologiques, et surtout la manière dont elles sont enseignées et reçues, ce qu’on laisse dire ou penser dans ces domaines, tout cela n’a rien d’insignifiant.
Bien sûr, pour un intellectuel, il est tout à fait possible de distinguer absolument la prédominance théologique d’un côté, et l’égale dignité des êtres humains de l’autre, nefesh et neshama. Mais
ça ne répond pas aux vraies questions qui se posent sur les rapports entre juis et non juifs: entre l’idée juive d’Alliance et la manière concrète dont les juifs concrets vivent l’idée d’élection
divine d’un côté; entre l’universalisme messianique et prophétique et la réalité de l’organisation rituelle d’une séparation entre juifs et non juifs de l’autre, quelle place y a-t-il dans le
judaïsme pour évaluer et célébrer l’apport spirituel éventuel des non juifs à l’humanité, à la connaissance du divin, aux relations civilisées entre les hommes, etc… Est-ce que les non-juifs sont
exactement nos prochains, ou pas, et si pas exactement quelles conséquences halakhiques concrètes cela a-t-il sur nos relations concrètes les uns avec les autres? Voilà ce que pour ma part,
j’aimerais mieux comprendre et apprendre.
Puisqu’on a cité Thomas d’Aquin, laisse moi citer ici la très belle parabole du “bon samaritain” des évangiles, plus riche qu’il n’y parait, et qui traite directement de ces questions. Au cours
d’un débat (au passage un débat civilisé) avec un pharisien, Jésus en vient à dire que pour mériter la vie éternelle, il faut aimer dieu de de toute son âme, force, pensée, et aussi son prochain
comme soi-même. Idées qu’on retrouve me semble-t-il chez Hillel. Question du pharisien: “Et qui est mon prochain”?
« Jésus reprit : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba au milieu de brigands qui, après l’avoir dépouillé et roué de coups, s’en allèrent, le laissant à demi mort. Un prêtre vint
à descendre par ce chemin-là ; il le vit et passa outre. Pareillement un lévite, survenant en ce lieu, le vit et passa outre. Mais un samaritain, qui était en voyage, arriva près de lui, le vit et
fut pris de pitié. Il s’approcha, banda ses plaies, y versant de l’huile et du vin, puis le chargea sur sa propre monture, le mena à l’hôtellerie et prit soin de lui. Le lendemain, il tira deux
deniers et les donna à l’hôtelier, en disant : « Prends soin de lui, et ce que tu auras dépensé en plus, je te le rembourserai, moi, à mon retour. » Lequel de ces trois, à ton avis, s’est montré le
prochain de l’homme tombé aux mains des brigands ? » Il dit : « Celui-là qui a exercé la miséricorde envers lui. » Et Jésus lui dit : « Va, et toi aussi, fais de même4 ». »
(http://fr.wikipedia.org/wiki/Bon_Samaritain)
On note d’abord que Jésus répond à une question qui n’était pas posée: qui s’est montré le prochain de cet homme ne répond pas à la question “qui est mon prochain?”, mais plutôt à la question “que
dois-je faire pour mériter d’être appelé le prochain d’un autre homme?”
On note ensuite que le prêtre et le lévite, voyant un homme laissé pour mort, se conforment en fait à l’interdiction qui leur est faite de le toucher, et pas à une forme de méchanceté ou de
lâcheté.
On note que le samaritain n’est pas considéré comme complètement juif par les autorités de l’époque, mais qu’il se vit lui comme juif.
On note enfin le rôle de l’hôtelier, sur lequel on pourrait gloser, et qui participe certainement des raisons pour lesquelles cette parabole est très profonde.
Rassure toi j’arrête là mon hommage à Jésus. On ne peut pas nier en revanche que les vraies questions sont toutes là: qui est mon prochain, quels sont mes devoirs envers lui, quelle place ont
toutes les lois qui nous séparent des autres peuples, et parfois les uns des autres, dans cette idée du prochain? Il y a me semble-t-il un lien profond entre les règles de pureté et d’impureté
d’une part, la manière de concevoir le rapport à l’autre d’autre part, et enfin le rapport entre juifs et non-juifs. Qu’en penses-tu?
Merci pour cette réponse.
La raison pour laquelle je mets en avant la question de la pureté rituelle est la suivante: dans le rapport à l’autre, ce qui m’intéresse est moins de savoir si le judaïsme tient compte dans
l’absolu de la dignité des uns ou des autres, que les barrières et ponts concrets qui sont tissés entre les hommes par les lois et les pensées. Un exemple simple: avec qui puis-je boire du vin et
partager un repas? Qui puis-je toucher ou ne pas toucher?
Mais effectivement, cela appellerait des développements qui n’ont sans doute pas leur place ici…
Merci infiniment pour ce texte très eclaircissant qui prouve que les non-juifs aussi possèdent une ame ! Le ressentant au plus profond de moi, je ne disposais d'aucun argument pour le prouver ! merciii !
Vous oubliez de citer le grand rabbi ovadia Yossef qui régnant sur 90 /100 des. orthodoxes à dit » le non juif à été crée pour servir le juif » le prendriez vous pour un fou?
1) Avez vous une source sûre à ce que vous avancez ? Je connais malheureusement des figures rabbiniques s’exprimant d’une façon raciste, mais R. Ovadia Yossef n’est pas l’un d’entre eux. Au contraire, il est par exemple l’un des rabbins qui a soutenu les accords d’Oslo.
2) Il ne « régnait » pas sur les orthodoxes. Tout d’abord, il n’est respecté que par une partie d’entre-eux, deuxièmement il n’y a pas de roi chez les orthodoxes, ni même de pape. Simplement des rabbins respectés pour leur savoir mais dont l’autorité n’est pas incontestable.