Chérissez la vérité et la paix – aux dirigeants du judaïsme français
אֱמֶת קְנֵה, וְאַל-תִּמְכֹּר; חָכְמָה וּמוּסָר וּבִינָה
Achète la vérité et ne la revends pas, non plus que la sagesse, la morale et la raison. (Prov. 23:23)
Depuis la fameuse histoire de Beith Shemesh, de nombreux leaders du judaïsme français se sont exprimés dans les média (juifs ou non). Personnellement, j’ai trouvé l’écrasante majorité de ces interventions lamentables. Je tiens d’ailleurs à signaler que la plupart d’entre elles débordent également de termes ambigus, voire de mensonges.
Je pense être un des premiers francophones à avoir dénoncé la montée de l’extrémisme en Israël, quelques mois avant que le sujet ne fasse la Une des média (cf. mon article « Cachez moi ce corps que je ne saurai voir, réflexion sur la Tsnyout ») . Je ne reproche donc pas aux différents intervenants de « laver le linge sale » en public, pour reprendre une expression familière. Ce que je leur reproche c’est d’avoir exagéré (voir modifié) la réalité à des fins opportunistes et peu louables.
Pour ceux qui désireraient connaître mon point de vue sur ce qui se passe en Israël, je renvoie à mon article « Pour l’amour de Sion », publié il y a deux semaines.
Ne pouvant pas réagir à chacune des interventions, je préfère me concentrer sur trois prises de positions principales :
– Celle du Rav Ron Chaya, rabbin orthodoxe et célèbre conférencier, publiée dansune vidéo disponible sur son site internet leava.fr.
– Celle du Rabbin Yeshaya Dalsace, rabbin de la communauté massorti de Paris,publiée dans le journal Libération et encore plus en détails sur le site internet de la communauté massorti.
– Celle du Rabbin Delphine Horvilleur, rabbin du Mouvement Juif libéral de France, publiée dans le journal Le Monde.
Si on se demandait ce qui unit les rabbins des mouvements orthodoxe, massorti et libéral français, la réponse nous a été fournie grâce à l’actualité israélienne : a)aucun des intervenants de ces mouvements ne cherche vraiment la vérité, b)aucun ne propose un bilan de conscience à sa propre communauté, c) chacun en profite pour attirer sur lui l’attention des médias.
Les pamphlets de ces trois rabbins, pourtant si différents, suivent exactement le même schéma :
- Constat objectif : Une minorité ultra-orthodoxe a commis des actes inquiétants.
- Généralisation : pour Dalsace et Horvilleur : tous les orthodoxes sont dans le même panier, des modernes aux ultras. Pour Chaya : les orthodoxes n’ont aucun tort, ils ne sont que la victime des médias antireligieux.
- Conclusion apologétique : pour Horvilleur, le problème a sa source dans la Halakha elle-même. La conclusion qui s’impose est bien simple : l’abandon de la Halakha (comme l’a fait le judaïsme libéral). Pour Dalsace, le problème n’est pas la Halakha, mais bien « la grille de lecture » qu’on y applique (pour reprendre sa propre expression). Conclusion tacite, optons pour un judaïsme moderne où la Halakha n’est pas figée (comme le monde Massorti ! Incroyable hasard). Pour Chaya, le judaïsme orthodoxe est le seul à respecter la femme, à l’inverse du monde occidental. Je vous épargne la sélectivité des références citées. Conclusion, soyez orthodoxes !
Mis à part l’extrême partialité de chacun de ces rabbins, il est frappant de constater qu’eux-mêmes s’estiment absouts du moindre reproche. Ainsi, le problème se trouvera toujours chez l’autre, tandis que la solution sera chez nous.
Pourtant, le mouvement libéral et le mouvement massorti sont tous les deux biens conscients du problème de transmission qui détruit leurs mouvements. S’ils apparaissent comme des courants « éclairés », encore faut-il réussir à transmettre cette flamme à la postérité… Une rapide lecture des blogs de rabbins réformés et conservatives américains montre bien que tout n’est pas rose non plus chez les Juifs « modernes, éclairés et égalitaires » de ces mouvements.
De même pour le mouvement orthodoxe. Les beaux discours apologétiques de Rav Chaya n’apaiseront en rien les extrémismes et les dérives, devenues quotidiennes, de ce mouvement. Pareillement, les citations talmudiques et rabbiniques qui placent la femme sur un piédestal n’effaceront pas leurs très nombreuses citations inverses.
Force est de constater que ces textes ne sont rien d’autres que des pamphlets propagandistes. La recherche de vérité y est absente, le but étant uniquement de rabaisser l’autre pour s’auto-valoriser.
Une chose m’étonne : ne réalisez-vous pas, Madame et Messieurs les rabbins, que pour satisfaire le non-Juif antisémite ou le Juif de bas étage, c’est votre amour d’Israël que vous sacrifiez ? Ne réalisez-vous pas que ce judaïsme grand public, soldé, n’attirera jamais une personne de qualité ?
Je veux croire qu’au-delà des différences, les rabbins Horvilleur, Dalsace et Chaya sont unis par leur réel souci pour l’avenir du judaïsme et leur empathie à l’égard de leurs frères juifs. J’espère qu’à l’avenir, les paroles du prophète éclaireront leurs chemins respectifs : La vérité et la paix, vous chérirez (Zach. 8:19).
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Je tiens tout de même à saluer l’excellente intervention du Grand Rabbin de France Gilles Bernheim.
Gilles Bernheim, à la différence de la plupart des autres rabbins, ne perd pas son temps dans des condamnations inutiles. Quelques mots à peine, mais sans équivoque, pour exprimer son opposition aux actes commis en Israël. Puis, le Grand Rabbin rappellent que ces actes ne représentent ni le monde orthodoxe, ni la vision juive. Enfin, et surtout, Gilles Bernheim ne conclut pas en flattant son propre camp, mais propose un véritable bilan de conscience sur la place de la femme au sein du judaïsme français.
Ainsi, il souligne l’importance de l’accès à l’étude pour la femme juive « qui ne peut être mineure dans sa connaissance du judaïsme ». Il rappelle que le respect de la dignité de la femme ne s’arrête pas aux portes de la Synagogue, où les femmes sont souvent placées « dans des sortes de poulaillers (!) », et soulève les problèmes du divorce juif et des Agounot en France (pour plus de détails sur ce sujet, je renvoie à l’article de Janine Elkouby, « Quelles solutions pour les messorevot guet ? » publié sur le blog). Enfin, il conclut en s’engageant à œuvrer dans ce sens et en appelant la communauté juive française à faire de même. Un discours honnête et sans démagogie. Bravo.
Je conseille également la réponse de mon ami Emmanuel Bloch, publiée sur le site cheela.org.
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Si je partage le constat et la nécessaire dénonciation, je crois que vous faites une erreur d’appréciation. Fondamentalement, nous n’avons rien à attendre des massortis et des libéraux – de ce
point de vue, c’est amusant et très fort de comparer leurs discours à ceux de Ron Chaya, la star francophone du bonneteau rabbinique.
Mais, le vrai problème, peut-être, c’est la dénonciation de l’extrême – point consensuel à tous ces discours.
Derrière ces extrêmes, nous savons qu’il y a des bretslev, des haredi lituaniens… Bref, Ron Chaya dénonce les pratiques mais non le principe des bus séparés car, fondamentalement, il sait
parfaitement qu’une partie de la Eda Haredit soutient les soi-disant extrémistes.
Son discours est foncièrement hypocrite – que je sache, il soutient Hamodia qui ne diffuse pas de visages de femmes.
Le problème est donc plus large que la question des bus, celle-ci étant une illustration d’un conflit de sociétés dont les premières victimes seront les Juifs traditionalistes.
Bien cordialement
Chavouatov,
Les « like » et « partage » parlent d’eux-mêmes quant à mon appréciation de l’article.
Je voulais juste rajouter que sur le site cheela.org, qui n’est pas un site apologétique, il y a une voix qui diffère clairement de celle d’Emmanuel Bloch (qui est aussi mon ami et que je salue).
Il s’agit du Rav Botshko, qui n’est sûrement pas comparable au Rav Chaya de manière générale, mais qui en l’espèce ne diffère pas beaucoup.
Je fais un copié-collé de sa réponse qui n’engage que le Rav :
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Que pensez-vous des orthodoxes qui crachent sur des jeunes filles et qui sont tellement intolérents
Rav S.D. Botshko
Je m’élève avec force contre le dénigrement orchestré par les médias envers le monde orthodoxe.
Le monde orthodoxe qui est beaucoup plus pluriel qu’on ne le pense est un univers centré autour de la Thora et du Hessed.
Ses membres sont des gens plus que pacifiques qui n’ont qu’un seul idéal, celui d’étudier la Thora et de vivre conformément aux mitsvot.
Que les informations et les journaux ressassent à longueur de journée un incident rirdicule et condamné par tout lemonde n’est qu’une sorte d’antisémitisme contre lequel je me lève avec force.
Est-ce que les informations racontent chaque fois qu’un orthodoxe se fait insulter. Est-ce que l’on ouvre les infos sur des jeunes qui on sifflé des filles montant dans l’autobus.
Certes, il y a des extrémistes et des fous partout, mais ils ne réprésentent en rien le monde orthodoxe.
Je refuse donc de participer à cette compagne honteuse.
Certes, je ne partage pas toujours la vision d’une certaine orthodoxie du judaïsme et j’exprime clairement mes conceptions de l’orthodoxie dans mes écrits, mais sans jamais dénigrer qui que ce
soit.
On ne s’élève pas en rabaissant autrui.
Soyons des disciples du Rav Kook qui disait qu’on ne chasse de l’ombre qu’en rajoutant de la lumière.
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Je ne cherche pas a faire « passer mon opinion » mais plutôt a ce que vous detailliez la votre, notamment par rapport a la réponse d’E. Bloch et a ces dérives inadmissibles qui ont moins l’air de
vous choquer que mes propos.
Merci d’avance de votre réponse.
Rav S.D. Botshko
Nous sommes devant un dechainement de haine sans précédent contre les orthodoxes avec des amalgames scansaleux dont votre précédent message que je n’ai pas publié en est un témoignage.
Je suis tout prêt à donner mon opinion sur tout sujets surlequel je suis interrogé et qu’il me semble que j’ai la possibilité de répondre. Mais je ne veux en aucun cas utiliser Cheela pour répandre
de la haine sur des courants différent de ce que je pense.
Aussi, je donne volontiers mon opinion sur la mitsva d’habiter en Israël, sur le service militaire, sur le respect que l’on doit apporter aux femmes ou d’aures sujets d’actualité.
Mais je ne veux pas m’établir en censeurs de groupes religieux qui pensent autrement que moi.
Répondre aux questions sur des sujets d’actualité, oui
juger des groupes, non.
Tous les jours dans la prière nous disons,
Hachem, retiens ma langue de prononcer du mal et mes lèvres de médire
et que je sois capable de me taire lorsque j’entends ceux qui me dénigrent.
Mettons tout en oeuvre pour sanctifier le Nom de Hachem, Sa Thora qu’Il nous a donnée en cadeau.
Tachons de juger favorablement notre prochain
Je partage votre opinion, effectivement les massortis et les libéraux récupèrent ces événements pour prêcher pour leur paroisse. Mais leur dénonciation reste claire et juste. Je leur reproche en
revanche de n ‘être que dans la réaction par rapport aux orho et de ne pas véritablement réfléchir à la notion de différentiation sexuelle qui tend à s’estomper dans notre monde moderne. Entre la
libération sexuelle à outrance qui conduit à nier la différence de sexe dans notre monde moderne et la séparation indigne et même l exclusion des femmes dans les milieux orthos il y a un équilibre
à trouver, en tout cas le problème doit être posé, et les massortis à travers Dalzace et les libéraux ne posent pas le problème. En revanche le discours de Rav Shaya est insupportable, c ‘est un
discours bête et dangereux et je ne suis pas d’accord pour le comparer aux deux autres, il n y a quand même rien à voir.
Le rav Botchko n’est pas le rav Ron Chaya.
Mais, il partage la même rhétorique consensuelle pour mettre un voile sur ces incidents que l’on ne saurait voir. On est quand même dans la tartufferie la plus caricaturale.
La référence au rav Kook ne manque pas de piquant. D’une part, il est toujours délicat de faire parler les morts ; d’autre part, le rav Kook n’est pas une référence du monde haredi.
Bref, cachons ce sein que je ne saurai voir ! Cachons le fait que notre religion produit des délinquants, sans compter les délinquants sexuels et autres que, bien évidemment, la presse juive
francophone se garde bien de dénoncer.
Tant que les orthodoxes réagiront comme Rav Chaya ou Bossko les massortis et les libéraux ne pourront que prospérer.Franchement entre la morale idéologique et dangereuse à trois sous prêchée par
les orthos et les réflexions souvent intéressantes des massortis, ma raison a déjà choisi! Il est impératif que des orthodoxes comme sur votre site, comme le Rabbin Berheim se fassent entendre
Quel article, votre analyse est aussi originale que pertinente 😉
Bref, à nouveau félicitations pour la prise de position et pour ce décryptage nécessaire.
Je suis juste sceptique sur 2 de vos 3 conclusions au paragraphe « 3: des conclusions apologétiques ».
Si je suis d’accord que chacun en profite pour dire « chez moi c’est mieux » :
1/ êtes-vous sûr que les libéraux affirment vraiment qu’il faut abandonner la hala’ha ? (je pensais qu’ils voulaient l’adapter, la moderniser, mais pas l’abandonner purement et simplement)
2/ êtes-vous sûr que la conclusion que vous prêtez aux massortis (ie que la hala’ha, pour eux, n’est pas figée) soit une mauvaise chose ?
Je pense que ça doit être une erreur de formulation, car s’ils étaient convaincus de cela,
1/ ils auraient bien raison (à mon avis – on peut en débattre)
2/ ils ne seraient pas les seuls ! Et au vu des nombreux articles progressistes de ce blog, je crois que vous partagez aussi cet avis – sans pour autant être massorti. Idem pour les nombreuses
sources orthodoxes que vous citez.
Que vouliez-vous donc dire pour eux ?
Merci d’avance !
Le rabbin Ron Chaya semble oublier un point crucial.
Ce monsieur parle d’ouverture et de tolérance à l’encontre des juifs souhaitant vivre dans des quartiers où les femmes porteraient des « tenues décentes », où des bus séparés existeraient, où la
pratique de la séparation (mariage et autre séparation dans la vie quotidienne).
Ce même monsieur semble volontairement occulter un point fondamental. C’est que la séparation qu’il prône est contestée par des rabbins orthodoxes. Par ailleurs, le rapport intime de chaque
individu à l’acte de pratique religieuse et son rapport profond à D. ne regarde que lui et ne saurait dépasser la sphère privée pour occuper la sphère publique sous peine d’arriver à imposer ses
vues personnelles à autrui dans un espace public et donc là la dérive est une évidence pour tous démocrate. La question n’est pas religieuse mais concerne la liberté individuelle dans une
société.
Il est scandaleux que des bus séparés soient tolérés en ISraël. Cette pratique à terme entrainera l’intégrisme si elle n’est pas stoppée. On ne saurait imposer des pratiques religieuses dans la
sphère publique dans une démocratie et rappelons qu’Israël est une démocratie tenant compte de toutes les tendances religieuses et de toutes les religions, contrairement aux dires issus la
propagande anti-israélienne primaire.
Il est évident qu’il existe également une forme d’intégrisme anti-religieux dans certaines sphères juives et cela doit être condamné au même titre que ceux qui souhaitent imposer des pratiques
religieuses (contestées par ailleurs dans le monde orthodoxe) dans l’espace public, signe de dérive inquiétante.
Le monde orthodoxe est bien plus complexe et riche que certains clichés véhiculés sur les religieux mais ces idées reçues et attaques parfois indignes contre le monde orthodoxe ne saurait justifier
ce que dit ce rabbin dans cette vidéo:
« On fait de nous pire que des nazis ».
Que viennent faire les nazis dans cette affaire? N’avons-nous pas assez des anti-sionistes/sémites usant à outrance des termes issus de l’histoire de la Shoah pour calomnier Israël et la mémoire
juive? N’avons-nous pas assez de cela pour désormais placer les nazis et la Shoah à toutes les sauces. Un peu de décence Monsieur, voilà ce que j’ai envie de lui dire.
Merci Gabriel pour cet article.
Au début, pour être honnête avec toi, je me suis dit : « mais pourquoi remuez cela ? ». « Cela » signifiant dans mon esprit l’ensemble des visions des différents mouvements. En effet, c’est un sujet
tellement épineux, générant plus de discorde qu’il n’amène en réalité de solution…
J’avais lu la réaction de D. Horvilleur mais pas celle de Y. Dalsace ni visionner le chiour du Rav Chaya…
Que dire pour ma part de l’article de Y. Dalsace ? Que je suis heureux pour lui si d’une certaine façon il a pu libérer sa pensée, « vider son sac » sur ce qu’il affirme être la situation du Judaïsme
en Israël et en France même si je regrette cet aspect « anti-haredi » et cette colère qui se lit à travers les lignes…
Quant au chiour du Rav Chaya, je suis d’accord avec toi quand tu dis qu’il n’y a aucune démarche d’introspection. Mais le Rav Chaya parle d’une idée qu’il se fait de monde occidental et se plaît
comme d’autres à généraliser. Par ailleurs, osons le dire ! Oui, il existe des goyim équilibrés, intelligents, dévoués et ayant un très haut degré de moralité. Il existe aussi une morale chez les
goyim et le Judaïsme a largement inspiré cette morale. A contrario, tous les juifs ne sont pas exemplaires. Et si l’on considère les paroles du Roi Shlomo « Il n’est point sur la terre de juste qui
fasse toujours le bien sans jamais pêcher » (Qohelet VII, 20), lesquelles nous incitent à rechercher les voies de l’humilité, alors nous devons travailler sans relâche sur nous-même.
Mais si je devais résumer mon opinion concernant toutes ces prises de position à une idée, surgirait une question posée à tous ces rabbins : pourquoi prononcer trois fois par jour tous les jours de
l’année « Sois loué, Hachem, qui bénis ton peuple Israël par la paix » si à la moindre occasion vous brûlez pour ce qui nous divise plutôt que ce nous qui rassemble ?
Chavoua tov lecoulam !
Bravo pour cet article !
Tout est dit dans la formule « que chacun fasse véritablement son bilan de conscience ». C’est l’une des choses les plus dificiles à accomplir, mais la seule voie véritable vers le Emeth, finalement,
l’enseignement fondamentale de la Torah.
Il ne s’agit pas de s’auto-flageller, ou de faire contrition en place publique, mais bien d’avoir l’honnêteté intellectuelle et la foi suffisante que pour voir ce qui ne va pas, ce qui n’est pas
« yashar » dans certains comportements, dans certains de NOS comportements.
Avant de lancer la pierre à l’autre, prendre le temps de regarder la main qui tient cette pierre, notre main.
Et plutôt que de perdre notre énergie à lancer cette pierre pour blesser l’Autre, utiliser cette pierre pour construire quelque chose.
Je ne suis pas ‘haredith et je n’ai pas d’affinités particulière avec le mouvement massorti, mais personnellement, j’ai une règle dans la vie (que m’a enseignée un Rav ‘haredi) : juges-toi d’abord
toi-même avant de juger l’autre (et ne juge l’autre que sur ses actes personnels, par sur l’étiquette que tu apposes à son groupe d’appartenance). C’est une règle parfois difficile à appliquer,
mais quand on en fait l’effort, le monde est tout de suite beaucoup plus intéressant, on découvre en soi et dans les autres une force de création inimaginable, la seule en mon sens capable de
construire un rempart solide contre l’extrémisme (quel qu’il soit).
Juste une remarque, de la part d’un juif non-religieux (« de bas étage » ?). J’apprécie généralement votre sens du dialogue et votre ouverture d’esprit. Permettez-moi toutefois de faire exception
pour cet article. Je n’entrerai pas dans le fond du débat (je me contenterai de dire en passant que vous résumez d’une manière bien cavalière l’article polémique, mais beaucoup plus nuancé que vous
ne le dites, de Y. Dalsace)pour m’arrêter sur une de vos dernières phrases :
« Une chose m’étonne : ne réalisez-vous pas, Madame et Messieurs les rabbins, que pour satisfaire le non-Juif antisémite ou le Juif de bas étage, c’est votre amour d’Israël que vous sacrifiez ? Ne
réalisez-vous pas que ce judaïsme grand public, soldé, n’attirera jamais une personne de qualité ? »
Permettez-moi de vous le dire, mais c’est vous qui êtes ici inutilement polémique et qui vous exposez au reproche de médisance, car c’est une très grave accusation portée contre des hommes et des
femmes qui, depuis des années, oeuvrent pour le rayonnement du judaïsme (qu’ils y parviennent ou pas, qu’ils soient ou non dans le vrai est un autre débat) que de les accuser de tenir le discours
qu’ils tiennent pour plaire aux antisémites. C’est une accusation infamante et peu digne de vous. Elle impute des motivations ignobles à une démarche qui entend défendre ce que les personnes visées
considèrent comme l’honneur du judaïsme. Vous pouvez ne pas être d’accord. Mais lancer de tels soupçons revient à discréditer a priori toute tentative de débat ouvert et public sur la possibilité
de dérive intégriste. Ne pouvez-vous imaginer qu’ils aient autant à coeur que vous l’honneur d’Israël ? Ou considérez-vous, comme tant d’autres que les Juifs devraient « laver leur linge sale » en
famille, comme si ces débats n’engageaient pas des enjeux universels ? Diriez-vous la même chose des intellectuels musulmans ou d’origine musulmane qui dénoncent publiquement l’intégrisme ?
Prenez garde, car à ce jeu-là, on trouve toujours plus orthodoxe que soi et l’on vous soupçonnera à votre tour de dénigrer la tradition en tenant un blog « critique » (et ouvert à tout public) sur
certains aspects du judaïsme tel qu’il se vit aujourd’hui.
J’ajoute que l’argument qui consiste à reprocher de « tirer la couverture à soi » au prétexte d’un événement regrettable me semble mal fondé. Il est évident que, si ces rabbins font partie de
mouvements non-orthodoxes, c’est précisément parce qu’ils y voient un judaïsme prémuni contre ce type de dérives sectaires et il est donc normal qu’ils s’en prévalent. La question des limites
inhérentes au judaïsme libéral ou massorti relève d’un autre débat, qui n’avait pas sa place dans le contexte précis de cette polémique.
Bien respectueusement.
Moi j’avais compris « juif de bas-étage » comme se rapportant aux hommes (mâles), tout simplement. Humour féminin oblige 😉
Pour revenir un peu plus sérieusement au (long) texte de Y. Dalsace, j’avoue ne pas bien comprendre où veut en venir ce monsieur. Il y a quelque chose d’assez « schizophrénique » dans son
argumentaire( souvent circulaire par ailleurs), ou pour dire autrement, « je t’aime moi non plus ». Peut-être est-ce la vision massorti du Ahavat Israel ?
Esther, j’espère que vous avez raison pour l’interprétation des « juifs de bas étage » : l’humour serait au moins une bonne excuse…
Je répète cependant que mon propos n’est pas de défendre le point de vue de Y. Dalsace, qui est assez grand pour le faire. Je voulais simplement soulever un sérieux problème posé par une phrase de
l’article de ce blog, qui consiste en un procès d’intention assez grave : imputer à des juifs résolument engagés dans la vie juive l’intention déshonorante de chercher à donner des gages aux
antisémites.
Sur les autres aspects de l’affaire (sur l’enjeu de cet épisode, sur la valeur de la réponse des judaïsmes réformé ou massorti qui seraient incapable d’attirer des « personnes de qualité », etc.), il
y aurait bien d’autres choses à dire, mais je suis sûr que certains le feront mieux que moi.
Elie,
L’intention du webmaster de ce blog n’était selon ma compréhension, pas d’imputer une quelconque intention a priopri aux personnes visées, mais de souligner le danger que de telles polémiques
amenées sur la place publique peuvent amener : au-delà du propos – justifié ou non – là n’est pas la question, les auteurs ont la responsabilité de savoir dans quel cadre ils s’expriment et ce qui
sera fait de leurs critiques acerbes, notamment par les antisémites et autres bouffeurs de juifs orthodoxes. Quand une personne ayant charge publique s’exprime, la portée de son propos dépasse le
simple contenu.
Que croyez-vous qu’il sera retenu de tout cela ? Que le problème est complexe ? Que la voie du respect mutuel est la seule pouvant conduire à la Vérité et à la paix ?
Permettez-moi d’en douter… Ce que le grand-public retiendra, c’est que « finalement, le judaisme ne vaut pas mieux que tout autre religion dogmatique, que les juifs orthodoxes sont des talibans en
puissance, que la seule voie acceptable – à la limite – est-celle d’un judaisme entré dans le moule de la République (fut-ce au prix d’une dénaturation de ses fondements), etc… »
Cela pose aussi la question de savoir : pourquoi est-il si important pour certains de montrer au monde non-juif « qu’ils sont de bons juifs » (eux) ?
Pensent-ils réellement que c’est comme cela qu’ils contribueront à faire progresser le Judaisme et à résoudre ses problèmes « internes » ?
Permettez-moi d’en douter.
Si l’intention de ces auteurs est louable, leur démarche est maladroite et peu pertinente. Sauf si leur objectif est simplement de profiter de la situation pour « briller » un peu plus, et tant pis
si l’image globale du Judaisme et des juifs en sort ternie… Dans ce sens, ils flirtent tout autant avec le ‘hilloul HaShem (profanation du Nom divin) que les voyous extrémistes qui n’ont rien
d’autre à faire que de cracher sur les femmes en les insultant, quel que soit le prétexte trouvé…)
Esther,
je n’interviendrai plus après, c’est promis, donc vous aurez le dernier mot si vous le souhaitez (c’est la moindre des galanteries) : sans quoi, cette discussion risquerait de tourner en rond tant
nos points de vue semblent incompatibles.
Voici donc en résumé ce que je vous répondrais :
1/ le problème ne doit jamais être de « montrer patte blanche », de chercher à plaire à tel ou tel, mais d’exprimer des convictions sincères au nom de la responsabilité (intellectuelle, morale,
pastorale) qui est la sienne. Laisser supposer qu’untel critique les intégristes de son camp pour se faire bien voir de ses ennemis est un procès d’intention. IL ne revient à personne de « sonder
les reins et les coeurs ». Je maintiens qu’il n’y a pas d’autre manière de comprendre la phrase que j’incriminais ; mais peut-être s’agissait-il d’une maladresse de formulation : ce n’est pas
rare.
2/ S’imaginer que les juifs qui dénoncent les intégristes avec virulence contribuent à calomnier le judaïsme est à mon avis un contresens complet :
– pour le public « non averti », ceux qui salissent le judaïsme, ce sont les sectaires et les extrémistes, pas ceux qui expriment des points de vue critiques sur l’extrémisme. On ne peut pas à ce
point inverser les rapports de cause à effet. Ce n’est pas celui qui dénonce la faute qui fait scandale, c’est la faute qui est scandaleuse (si faute il y a).
– S’imaginer qu’on peut, à l’heure d’internet et de la transmission à grande vitesse de l’information, distinguer comme au temps du ghetto les affaires internes et les déclarations publiques en
matière de judaïsme relève d’un anachronisme. Aujourd’hui, qu’on s’en désole ou qu’on s’en félicite, il n’est pas une seule affaire juive qui ne soit immédiatement susceptible de devenir publique,
et à ce titre qui ne demande aussitôt des prises de position publiques. Tapez « Talmud » sur google et demandez-vous s’il ne revient pas aux rabbins de répondre à ce qui se dit et se diffuse à la
vitesse de la lumière sur le judaïsme.
3/ Si l’on suivait jusqu’au bout cette logique qui semble la vôtre, même un blog comme celui-ci, consacré à l’orthodoxie moderne, pourrait être vu comme susceptible d’être utilisé par des
adversaires du judaïsme. Jusqu’où faut-il aller dans la politique du silence pour ne pas risquer de prêter le flanc à nos ennemis ?
Je crois que ceux qui pensent ainsi se trompent d’époque.
Mais ce n’est sans doute qu’un point de vue de bas étage !
Bien fraternellement.
Bonjour Elie,
« juif de bas étages » ne visait évidement pas les juifs non-pratiquants (ou les hommes juifs !) mais les « post-juifs » se complaisant dans le malheur du peuple qu’ils ont renié,
toujours à la recherche de maux à lui imputer. Je pense que chacun connait quelques uns de ces individus, qui aiment également faire parler d’eux dans la presse (des netourei karta qui vont en Iran
aux rescapés de la Shoah qui participent aux flottilles pour Gaza).
Quoi qu’il en soit, je comprends votre remarque. Je pense que Esther a très bien exprimé mon point de vue, mais j’admets que la formulation n’était pas des meilleures. À l’avenir, j’espere que mes
remarques seront mieux formulées. Je ne modifie pas le texte, puisque votre commentaire et celui de Esther sont là pour éclaircir les points obscurs.
Je suis tout de même surpris par ce que vous écrivez : « Ne pouvez-vous imaginer qu’ils aient autant à coeur que vous l’honneur d’Israël ?”. Évidement que c’est ce que j’imagine ! Je l’ai
écris explicitement à la fin de l’article. Cependant, en ce qui concerne ces prises de positions précises, j’estime que ces rabbins ont commis de graves erreurs (expliquées dans l’article).
Vous écrivez également : “J’ajoute que l’argument qui consiste à reprocher de « tirer la couverture à soi » au prétexte d’un événement regrettable me semble mal fondé. Il est évident que, si ces
rabbins font partie de mouvements non-orthodoxes, c’est précisément parce qu’ils y voient un judaïsme prémuni contre ce type de dérives sectaires et il est donc normal qu’ils s’en prévalent. “
La aussi je ne vous suis plus. Mon reproche ne concernait pas seulement les rabbins Horvilleur et Dalsace mais également le Rabbin Chaya, qui est orthodoxe.
Quoi qu’il en soit, merci pour ce commentaire qui m’aidera, je l’espère, à mieux m’exprimer dans les articles qui suivront. Pour ce qui est des points que précis que vous soulevez, je vous renvoie
au commentaire d’Esther, qui explique ma prise de position de façon correcte, si ce n’est que je ne partage pas son point de vue sur le fait de “laver le linge sale en famille”. Sur ce point, je
respecte l’avis de chacun. Ce que je critiquais, c’était la désinformation pratiquée afin de s’auto-valoriser.
Ne prenez pas non plus cet article comme une attaque envers ces rabbins. Le lien vers le site du rabbin Dalsace figure sur le blog, ce qui montre que j’ai tendance à apprécier ce qu’il écrit.
Kol Touv
Je tiens à bien préciser que je ne suis pas partisante du « lavons notre linge sale en famille » (qui en générale n’est qu’une formule hypocrite pour enfermer le-dit linge sale dans un placard et de
l’y oublier…).
Mon point de vue visait les responsables/personnalités/personnes ayant une charge publique et/ou communautaire : pour cette catégorie de personnes engagée dans la vie politique (de la Cité), quand
ils choisissent de s’exprimer publiquement, la portée de leur propos dépasse son simple contenu.
C’est un principe de communication politique (dans le sens noble du terme) élémentaire : le porteur du message, le moment où il communique, le média qu’il choisit pour communiquer (et donc le
public qu’il choisi de viser en premier lieu), tous ces facteurs donneront le sens au message (pas forcément le sens « réel », mais celui qui en sera retenu par les récepteurs).
Le problème que je soulevais plus haut n’a rien à voir avec la distinction « interne » et publique, qui est effectivement devenue plus que poreuse avec les TIC actuelles. Encore moins un appel à une
« politique du silence », mais plutôt une réflexion sur la « responsabilité de la parole » des représentants religieux juifs (et j’inclus bien évidemment ici le Rav Ron Chaya, bien que dans son cas,
ses propos n’étaient il me semble pas destinés à un public externe et le cadre n’était pas une tribune journalistique mais un cours… ce qui n’enlève pas l’aspect « déni du problème » qui me dérange
tout autant).
Bien fraternellement aussi.
Blog(fermaton.over-blog.com),No-30. – THÉORÈME DE LA MODERNITÉ. – L’auto-référence et vérité
Si je partage le constat et la nécessaire dénonciation, je crois que vous faites une erreur d’appréciation. Fondamentalement, nous n’avons rien à attendre des massortis et des libéraux – de ce
point de vue, c’est amusant et très fort de comparer leurs discours à ceux de Ron Chaya, la star francophone du bonneteau rabbinique.
Mais, le vrai problème, peut-être, c’est la dénonciation de l’extrême – point consensuel à tous ces discours.
Derrière ces extrêmes, nous savons qu’il y a des bretslev, des haredi lituaniens… Bref, Ron Chaya dénonce les pratiques mais non le principe des bus séparés car, fondamentalement, il sait
parfaitement qu’une partie de la Eda Haredit soutient les soi-disant extrémistes.
Son discours est foncièrement hypocrite – que je sache, il soutient Hamodia qui ne diffuse pas de visages de femmes.
Le problème est donc plus large que la question des bus, celle-ci étant une illustration d’un conflit de sociétés dont les premières victimes seront les Juifs traditionalistes.
Bien cordialement
Chavouatov,
Les « like » et « partage » parlent d’eux-mêmes quant à mon appréciation de l’article.
Je voulais juste rajouter que sur le site cheela.org, qui n’est pas un site apologétique, il y a une voix qui diffère clairement de celle d’Emmanuel Bloch (qui est aussi mon ami et que je salue).
Il s’agit du Rav Botshko, qui n’est sûrement pas comparable au Rav Chaya de manière générale, mais qui en l’espèce ne diffère pas beaucoup.
Je fais un copié-collé de sa réponse qui n’engage que le Rav :
60936
Que pensez-vous des orthodoxes qui crachent sur des jeunes filles et qui sont tellement intolérents
Rav S.D. Botshko
Je m’élève avec force contre le dénigrement orchestré par les médias envers le monde orthodoxe.
Le monde orthodoxe qui est beaucoup plus pluriel qu’on ne le pense est un univers centré autour de la Thora et du Hessed.
Ses membres sont des gens plus que pacifiques qui n’ont qu’un seul idéal, celui d’étudier la Thora et de vivre conformément aux mitsvot.
Que les informations et les journaux ressassent à longueur de journée un incident rirdicule et condamné par tout lemonde n’est qu’une sorte d’antisémitisme contre lequel je me lève avec force.
Est-ce que les informations racontent chaque fois qu’un orthodoxe se fait insulter. Est-ce que l’on ouvre les infos sur des jeunes qui on sifflé des filles montant dans l’autobus.
Certes, il y a des extrémistes et des fous partout, mais ils ne réprésentent en rien le monde orthodoxe.
Je refuse donc de participer à cette compagne honteuse.
Certes, je ne partage pas toujours la vision d’une certaine orthodoxie du judaïsme et j’exprime clairement mes conceptions de l’orthodoxie dans mes écrits, mais sans jamais dénigrer qui que ce
soit.
On ne s’élève pas en rabaissant autrui.
Soyons des disciples du Rav Kook qui disait qu’on ne chasse de l’ombre qu’en rajoutant de la lumière.
61034
Je ne cherche pas a faire « passer mon opinion » mais plutôt a ce que vous detailliez la votre, notamment par rapport a la réponse d’E. Bloch et a ces dérives inadmissibles qui ont moins l’air de
vous choquer que mes propos.
Merci d’avance de votre réponse.
Rav S.D. Botshko
Nous sommes devant un dechainement de haine sans précédent contre les orthodoxes avec des amalgames scansaleux dont votre précédent message que je n’ai pas publié en est un témoignage.
Je suis tout prêt à donner mon opinion sur tout sujets surlequel je suis interrogé et qu’il me semble que j’ai la possibilité de répondre. Mais je ne veux en aucun cas utiliser Cheela pour répandre
de la haine sur des courants différent de ce que je pense.
Aussi, je donne volontiers mon opinion sur la mitsva d’habiter en Israël, sur le service militaire, sur le respect que l’on doit apporter aux femmes ou d’aures sujets d’actualité.
Mais je ne veux pas m’établir en censeurs de groupes religieux qui pensent autrement que moi.
Répondre aux questions sur des sujets d’actualité, oui
juger des groupes, non.
Tous les jours dans la prière nous disons,
Hachem, retiens ma langue de prononcer du mal et mes lèvres de médire
et que je sois capable de me taire lorsque j’entends ceux qui me dénigrent.
Mettons tout en oeuvre pour sanctifier le Nom de Hachem, Sa Thora qu’Il nous a donnée en cadeau.
Tachons de juger favorablement notre prochain
Je partage votre opinion, effectivement les massortis et les libéraux récupèrent ces événements pour prêcher pour leur paroisse. Mais leur dénonciation reste claire et juste. Je leur reproche en
revanche de n ‘être que dans la réaction par rapport aux orho et de ne pas véritablement réfléchir à la notion de différentiation sexuelle qui tend à s’estomper dans notre monde moderne. Entre la
libération sexuelle à outrance qui conduit à nier la différence de sexe dans notre monde moderne et la séparation indigne et même l exclusion des femmes dans les milieux orthos il y a un équilibre
à trouver, en tout cas le problème doit être posé, et les massortis à travers Dalzace et les libéraux ne posent pas le problème. En revanche le discours de Rav Shaya est insupportable, c ‘est un
discours bête et dangereux et je ne suis pas d’accord pour le comparer aux deux autres, il n y a quand même rien à voir.
Le rav Botchko n’est pas le rav Ron Chaya.
Mais, il partage la même rhétorique consensuelle pour mettre un voile sur ces incidents que l’on ne saurait voir. On est quand même dans la tartufferie la plus caricaturale.
La référence au rav Kook ne manque pas de piquant. D’une part, il est toujours délicat de faire parler les morts ; d’autre part, le rav Kook n’est pas une référence du monde haredi.
Bref, cachons ce sein que je ne saurai voir ! Cachons le fait que notre religion produit des délinquants, sans compter les délinquants sexuels et autres que, bien évidemment, la presse juive
francophone se garde bien de dénoncer.
Tant que les orthodoxes réagiront comme Rav Chaya ou Bossko les massortis et les libéraux ne pourront que prospérer.Franchement entre la morale idéologique et dangereuse à trois sous prêchée par
les orthos et les réflexions souvent intéressantes des massortis, ma raison a déjà choisi! Il est impératif que des orthodoxes comme sur votre site, comme le Rabbin Berheim se fassent entendre
Quel article, votre analyse est aussi originale que pertinente 😉
Bref, à nouveau félicitations pour la prise de position et pour ce décryptage nécessaire.
Je suis juste sceptique sur 2 de vos 3 conclusions au paragraphe « 3: des conclusions apologétiques ».
Si je suis d’accord que chacun en profite pour dire « chez moi c’est mieux » :
1/ êtes-vous sûr que les libéraux affirment vraiment qu’il faut abandonner la hala’ha ? (je pensais qu’ils voulaient l’adapter, la moderniser, mais pas l’abandonner purement et simplement)
2/ êtes-vous sûr que la conclusion que vous prêtez aux massortis (ie que la hala’ha, pour eux, n’est pas figée) soit une mauvaise chose ?
Je pense que ça doit être une erreur de formulation, car s’ils étaient convaincus de cela,
1/ ils auraient bien raison (à mon avis – on peut en débattre)
2/ ils ne seraient pas les seuls ! Et au vu des nombreux articles progressistes de ce blog, je crois que vous partagez aussi cet avis – sans pour autant être massorti. Idem pour les nombreuses
sources orthodoxes que vous citez.
Que vouliez-vous donc dire pour eux ?
Merci d’avance !
Le rabbin Ron Chaya semble oublier un point crucial.
Ce monsieur parle d’ouverture et de tolérance à l’encontre des juifs souhaitant vivre dans des quartiers où les femmes porteraient des « tenues décentes », où des bus séparés existeraient, où la
pratique de la séparation (mariage et autre séparation dans la vie quotidienne).
Ce même monsieur semble volontairement occulter un point fondamental. C’est que la séparation qu’il prône est contestée par des rabbins orthodoxes. Par ailleurs, le rapport intime de chaque
individu à l’acte de pratique religieuse et son rapport profond à D. ne regarde que lui et ne saurait dépasser la sphère privée pour occuper la sphère publique sous peine d’arriver à imposer ses
vues personnelles à autrui dans un espace public et donc là la dérive est une évidence pour tous démocrate. La question n’est pas religieuse mais concerne la liberté individuelle dans une
société.
Il est scandaleux que des bus séparés soient tolérés en ISraël. Cette pratique à terme entrainera l’intégrisme si elle n’est pas stoppée. On ne saurait imposer des pratiques religieuses dans la
sphère publique dans une démocratie et rappelons qu’Israël est une démocratie tenant compte de toutes les tendances religieuses et de toutes les religions, contrairement aux dires issus la
propagande anti-israélienne primaire.
Il est évident qu’il existe également une forme d’intégrisme anti-religieux dans certaines sphères juives et cela doit être condamné au même titre que ceux qui souhaitent imposer des pratiques
religieuses (contestées par ailleurs dans le monde orthodoxe) dans l’espace public, signe de dérive inquiétante.
Le monde orthodoxe est bien plus complexe et riche que certains clichés véhiculés sur les religieux mais ces idées reçues et attaques parfois indignes contre le monde orthodoxe ne saurait justifier
ce que dit ce rabbin dans cette vidéo:
« On fait de nous pire que des nazis ».
Que viennent faire les nazis dans cette affaire? N’avons-nous pas assez des anti-sionistes/sémites usant à outrance des termes issus de l’histoire de la Shoah pour calomnier Israël et la mémoire
juive? N’avons-nous pas assez de cela pour désormais placer les nazis et la Shoah à toutes les sauces. Un peu de décence Monsieur, voilà ce que j’ai envie de lui dire.
Merci Gabriel pour cet article.
Au début, pour être honnête avec toi, je me suis dit : « mais pourquoi remuez cela ? ». « Cela » signifiant dans mon esprit l’ensemble des visions des différents mouvements. En effet, c’est un sujet
tellement épineux, générant plus de discorde qu’il n’amène en réalité de solution…
J’avais lu la réaction de D. Horvilleur mais pas celle de Y. Dalsace ni visionner le chiour du Rav Chaya…
Que dire pour ma part de l’article de Y. Dalsace ? Que je suis heureux pour lui si d’une certaine façon il a pu libérer sa pensée, « vider son sac » sur ce qu’il affirme être la situation du Judaïsme
en Israël et en France même si je regrette cet aspect « anti-haredi » et cette colère qui se lit à travers les lignes…
Quant au chiour du Rav Chaya, je suis d’accord avec toi quand tu dis qu’il n’y a aucune démarche d’introspection. Mais le Rav Chaya parle d’une idée qu’il se fait de monde occidental et se plaît
comme d’autres à généraliser. Par ailleurs, osons le dire ! Oui, il existe des goyim équilibrés, intelligents, dévoués et ayant un très haut degré de moralité. Il existe aussi une morale chez les
goyim et le Judaïsme a largement inspiré cette morale. A contrario, tous les juifs ne sont pas exemplaires. Et si l’on considère les paroles du Roi Shlomo « Il n’est point sur la terre de juste qui
fasse toujours le bien sans jamais pêcher » (Qohelet VII, 20), lesquelles nous incitent à rechercher les voies de l’humilité, alors nous devons travailler sans relâche sur nous-même.
Mais si je devais résumer mon opinion concernant toutes ces prises de position à une idée, surgirait une question posée à tous ces rabbins : pourquoi prononcer trois fois par jour tous les jours de
l’année « Sois loué, Hachem, qui bénis ton peuple Israël par la paix » si à la moindre occasion vous brûlez pour ce qui nous divise plutôt que ce nous qui rassemble ?
Chavoua tov lecoulam !
Bravo pour cet article !
Tout est dit dans la formule « que chacun fasse véritablement son bilan de conscience ». C’est l’une des choses les plus dificiles à accomplir, mais la seule voie véritable vers le Emeth, finalement,
l’enseignement fondamentale de la Torah.
Il ne s’agit pas de s’auto-flageller, ou de faire contrition en place publique, mais bien d’avoir l’honnêteté intellectuelle et la foi suffisante que pour voir ce qui ne va pas, ce qui n’est pas
« yashar » dans certains comportements, dans certains de NOS comportements.
Avant de lancer la pierre à l’autre, prendre le temps de regarder la main qui tient cette pierre, notre main.
Et plutôt que de perdre notre énergie à lancer cette pierre pour blesser l’Autre, utiliser cette pierre pour construire quelque chose.
Je ne suis pas ‘haredith et je n’ai pas d’affinités particulière avec le mouvement massorti, mais personnellement, j’ai une règle dans la vie (que m’a enseignée un Rav ‘haredi) : juges-toi d’abord
toi-même avant de juger l’autre (et ne juge l’autre que sur ses actes personnels, par sur l’étiquette que tu apposes à son groupe d’appartenance). C’est une règle parfois difficile à appliquer,
mais quand on en fait l’effort, le monde est tout de suite beaucoup plus intéressant, on découvre en soi et dans les autres une force de création inimaginable, la seule en mon sens capable de
construire un rempart solide contre l’extrémisme (quel qu’il soit).
Juste une remarque, de la part d’un juif non-religieux (« de bas étage » ?). J’apprécie généralement votre sens du dialogue et votre ouverture d’esprit. Permettez-moi toutefois de faire exception
pour cet article. Je n’entrerai pas dans le fond du débat (je me contenterai de dire en passant que vous résumez d’une manière bien cavalière l’article polémique, mais beaucoup plus nuancé que vous
ne le dites, de Y. Dalsace)pour m’arrêter sur une de vos dernières phrases :
« Une chose m’étonne : ne réalisez-vous pas, Madame et Messieurs les rabbins, que pour satisfaire le non-Juif antisémite ou le Juif de bas étage, c’est votre amour d’Israël que vous sacrifiez ? Ne
réalisez-vous pas que ce judaïsme grand public, soldé, n’attirera jamais une personne de qualité ? »
Permettez-moi de vous le dire, mais c’est vous qui êtes ici inutilement polémique et qui vous exposez au reproche de médisance, car c’est une très grave accusation portée contre des hommes et des
femmes qui, depuis des années, oeuvrent pour le rayonnement du judaïsme (qu’ils y parviennent ou pas, qu’ils soient ou non dans le vrai est un autre débat) que de les accuser de tenir le discours
qu’ils tiennent pour plaire aux antisémites. C’est une accusation infamante et peu digne de vous. Elle impute des motivations ignobles à une démarche qui entend défendre ce que les personnes visées
considèrent comme l’honneur du judaïsme. Vous pouvez ne pas être d’accord. Mais lancer de tels soupçons revient à discréditer a priori toute tentative de débat ouvert et public sur la possibilité
de dérive intégriste. Ne pouvez-vous imaginer qu’ils aient autant à coeur que vous l’honneur d’Israël ? Ou considérez-vous, comme tant d’autres que les Juifs devraient « laver leur linge sale » en
famille, comme si ces débats n’engageaient pas des enjeux universels ? Diriez-vous la même chose des intellectuels musulmans ou d’origine musulmane qui dénoncent publiquement l’intégrisme ?
Prenez garde, car à ce jeu-là, on trouve toujours plus orthodoxe que soi et l’on vous soupçonnera à votre tour de dénigrer la tradition en tenant un blog « critique » (et ouvert à tout public) sur
certains aspects du judaïsme tel qu’il se vit aujourd’hui.
J’ajoute que l’argument qui consiste à reprocher de « tirer la couverture à soi » au prétexte d’un événement regrettable me semble mal fondé. Il est évident que, si ces rabbins font partie de
mouvements non-orthodoxes, c’est précisément parce qu’ils y voient un judaïsme prémuni contre ce type de dérives sectaires et il est donc normal qu’ils s’en prévalent. La question des limites
inhérentes au judaïsme libéral ou massorti relève d’un autre débat, qui n’avait pas sa place dans le contexte précis de cette polémique.
Bien respectueusement.
Moi j’avais compris « juif de bas-étage » comme se rapportant aux hommes (mâles), tout simplement. Humour féminin oblige 😉
Pour revenir un peu plus sérieusement au (long) texte de Y. Dalsace, j’avoue ne pas bien comprendre où veut en venir ce monsieur. Il y a quelque chose d’assez « schizophrénique » dans son
argumentaire( souvent circulaire par ailleurs), ou pour dire autrement, « je t’aime moi non plus ». Peut-être est-ce la vision massorti du Ahavat Israel ?
Esther, j’espère que vous avez raison pour l’interprétation des « juifs de bas étage » : l’humour serait au moins une bonne excuse…
Je répète cependant que mon propos n’est pas de défendre le point de vue de Y. Dalsace, qui est assez grand pour le faire. Je voulais simplement soulever un sérieux problème posé par une phrase de
l’article de ce blog, qui consiste en un procès d’intention assez grave : imputer à des juifs résolument engagés dans la vie juive l’intention déshonorante de chercher à donner des gages aux
antisémites.
Sur les autres aspects de l’affaire (sur l’enjeu de cet épisode, sur la valeur de la réponse des judaïsmes réformé ou massorti qui seraient incapable d’attirer des « personnes de qualité », etc.), il
y aurait bien d’autres choses à dire, mais je suis sûr que certains le feront mieux que moi.
Elie,
L’intention du webmaster de ce blog n’était selon ma compréhension, pas d’imputer une quelconque intention a priopri aux personnes visées, mais de souligner le danger que de telles polémiques
amenées sur la place publique peuvent amener : au-delà du propos – justifié ou non – là n’est pas la question, les auteurs ont la responsabilité de savoir dans quel cadre ils s’expriment et ce qui
sera fait de leurs critiques acerbes, notamment par les antisémites et autres bouffeurs de juifs orthodoxes. Quand une personne ayant charge publique s’exprime, la portée de son propos dépasse le
simple contenu.
Que croyez-vous qu’il sera retenu de tout cela ? Que le problème est complexe ? Que la voie du respect mutuel est la seule pouvant conduire à la Vérité et à la paix ?
Permettez-moi d’en douter… Ce que le grand-public retiendra, c’est que « finalement, le judaisme ne vaut pas mieux que tout autre religion dogmatique, que les juifs orthodoxes sont des talibans en
puissance, que la seule voie acceptable – à la limite – est-celle d’un judaisme entré dans le moule de la République (fut-ce au prix d’une dénaturation de ses fondements), etc… »
Cela pose aussi la question de savoir : pourquoi est-il si important pour certains de montrer au monde non-juif « qu’ils sont de bons juifs » (eux) ?
Pensent-ils réellement que c’est comme cela qu’ils contribueront à faire progresser le Judaisme et à résoudre ses problèmes « internes » ?
Permettez-moi d’en douter.
Si l’intention de ces auteurs est louable, leur démarche est maladroite et peu pertinente. Sauf si leur objectif est simplement de profiter de la situation pour « briller » un peu plus, et tant pis
si l’image globale du Judaisme et des juifs en sort ternie… Dans ce sens, ils flirtent tout autant avec le ‘hilloul HaShem (profanation du Nom divin) que les voyous extrémistes qui n’ont rien
d’autre à faire que de cracher sur les femmes en les insultant, quel que soit le prétexte trouvé…)
Esther,
je n’interviendrai plus après, c’est promis, donc vous aurez le dernier mot si vous le souhaitez (c’est la moindre des galanteries) : sans quoi, cette discussion risquerait de tourner en rond tant
nos points de vue semblent incompatibles.
Voici donc en résumé ce que je vous répondrais :
1/ le problème ne doit jamais être de « montrer patte blanche », de chercher à plaire à tel ou tel, mais d’exprimer des convictions sincères au nom de la responsabilité (intellectuelle, morale,
pastorale) qui est la sienne. Laisser supposer qu’untel critique les intégristes de son camp pour se faire bien voir de ses ennemis est un procès d’intention. IL ne revient à personne de « sonder
les reins et les coeurs ». Je maintiens qu’il n’y a pas d’autre manière de comprendre la phrase que j’incriminais ; mais peut-être s’agissait-il d’une maladresse de formulation : ce n’est pas
rare.
2/ S’imaginer que les juifs qui dénoncent les intégristes avec virulence contribuent à calomnier le judaïsme est à mon avis un contresens complet :
– pour le public « non averti », ceux qui salissent le judaïsme, ce sont les sectaires et les extrémistes, pas ceux qui expriment des points de vue critiques sur l’extrémisme. On ne peut pas à ce
point inverser les rapports de cause à effet. Ce n’est pas celui qui dénonce la faute qui fait scandale, c’est la faute qui est scandaleuse (si faute il y a).
– S’imaginer qu’on peut, à l’heure d’internet et de la transmission à grande vitesse de l’information, distinguer comme au temps du ghetto les affaires internes et les déclarations publiques en
matière de judaïsme relève d’un anachronisme. Aujourd’hui, qu’on s’en désole ou qu’on s’en félicite, il n’est pas une seule affaire juive qui ne soit immédiatement susceptible de devenir publique,
et à ce titre qui ne demande aussitôt des prises de position publiques. Tapez « Talmud » sur google et demandez-vous s’il ne revient pas aux rabbins de répondre à ce qui se dit et se diffuse à la
vitesse de la lumière sur le judaïsme.
3/ Si l’on suivait jusqu’au bout cette logique qui semble la vôtre, même un blog comme celui-ci, consacré à l’orthodoxie moderne, pourrait être vu comme susceptible d’être utilisé par des
adversaires du judaïsme. Jusqu’où faut-il aller dans la politique du silence pour ne pas risquer de prêter le flanc à nos ennemis ?
Je crois que ceux qui pensent ainsi se trompent d’époque.
Mais ce n’est sans doute qu’un point de vue de bas étage !
Bien fraternellement.
Je tiens à bien préciser que je ne suis pas partisante du « lavons notre linge sale en famille » (qui en générale n’est qu’une formule hypocrite pour enfermer le-dit linge sale dans un placard et de
l’y oublier…).
Mon point de vue visait les responsables/personnalités/personnes ayant une charge publique et/ou communautaire : pour cette catégorie de personnes engagée dans la vie politique (de la Cité), quand
ils choisissent de s’exprimer publiquement, la portée de leur propos dépasse son simple contenu.
C’est un principe de communication politique (dans le sens noble du terme) élémentaire : le porteur du message, le moment où il communique, le média qu’il choisit pour communiquer (et donc le
public qu’il choisi de viser en premier lieu), tous ces facteurs donneront le sens au message (pas forcément le sens « réel », mais celui qui en sera retenu par les récepteurs).
Le problème que je soulevais plus haut n’a rien à voir avec la distinction « interne » et publique, qui est effectivement devenue plus que poreuse avec les TIC actuelles. Encore moins un appel à une
« politique du silence », mais plutôt une réflexion sur la « responsabilité de la parole » des représentants religieux juifs (et j’inclus bien évidemment ici le Rav Ron Chaya, bien que dans son cas,
ses propos n’étaient il me semble pas destinés à un public externe et le cadre n’était pas une tribune journalistique mais un cours… ce qui n’enlève pas l’aspect « déni du problème » qui me dérange
tout autant).
Bien fraternellement aussi.
Si je partage le constat et la nécessaire dénonciation, je crois que vous faites une erreur d’appréciation. Fondamentalement, nous n’avons rien à attendre des massortis et des libéraux – de ce
point de vue, c’est amusant et très fort de comparer leurs discours à ceux de Ron Chaya, la star francophone du bonneteau rabbinique.
Mais, le vrai problème, peut-être, c’est la dénonciation de l’extrême – point consensuel à tous ces discours.
Derrière ces extrêmes, nous savons qu’il y a des bretslev, des haredi lituaniens… Bref, Ron Chaya dénonce les pratiques mais non le principe des bus séparés car, fondamentalement, il sait
parfaitement qu’une partie de la Eda Haredit soutient les soi-disant extrémistes.
Son discours est foncièrement hypocrite – que je sache, il soutient Hamodia qui ne diffuse pas de visages de femmes.
Le problème est donc plus large que la question des bus, celle-ci étant une illustration d’un conflit de sociétés dont les premières victimes seront les Juifs traditionalistes.
Bien cordialement
Chavouatov,
Les « like » et « partage » parlent d’eux-mêmes quant à mon appréciation de l’article.
Je voulais juste rajouter que sur le site cheela.org, qui n’est pas un site apologétique, il y a une voix qui diffère clairement de celle d’Emmanuel Bloch (qui est aussi mon ami et que je salue).
Il s’agit du Rav Botshko, qui n’est sûrement pas comparable au Rav Chaya de manière générale, mais qui en l’espèce ne diffère pas beaucoup.
Je fais un copié-collé de sa réponse qui n’engage que le Rav :
60936
Que pensez-vous des orthodoxes qui crachent sur des jeunes filles et qui sont tellement intolérents
Rav S.D. Botshko
Je m’élève avec force contre le dénigrement orchestré par les médias envers le monde orthodoxe.
Le monde orthodoxe qui est beaucoup plus pluriel qu’on ne le pense est un univers centré autour de la Thora et du Hessed.
Ses membres sont des gens plus que pacifiques qui n’ont qu’un seul idéal, celui d’étudier la Thora et de vivre conformément aux mitsvot.
Que les informations et les journaux ressassent à longueur de journée un incident rirdicule et condamné par tout lemonde n’est qu’une sorte d’antisémitisme contre lequel je me lève avec force.
Est-ce que les informations racontent chaque fois qu’un orthodoxe se fait insulter. Est-ce que l’on ouvre les infos sur des jeunes qui on sifflé des filles montant dans l’autobus.
Certes, il y a des extrémistes et des fous partout, mais ils ne réprésentent en rien le monde orthodoxe.
Je refuse donc de participer à cette compagne honteuse.
Certes, je ne partage pas toujours la vision d’une certaine orthodoxie du judaïsme et j’exprime clairement mes conceptions de l’orthodoxie dans mes écrits, mais sans jamais dénigrer qui que ce
soit.
On ne s’élève pas en rabaissant autrui.
Soyons des disciples du Rav Kook qui disait qu’on ne chasse de l’ombre qu’en rajoutant de la lumière.
61034
Je ne cherche pas a faire « passer mon opinion » mais plutôt a ce que vous detailliez la votre, notamment par rapport a la réponse d’E. Bloch et a ces dérives inadmissibles qui ont moins l’air de
vous choquer que mes propos.
Merci d’avance de votre réponse.
Rav S.D. Botshko
Nous sommes devant un dechainement de haine sans précédent contre les orthodoxes avec des amalgames scansaleux dont votre précédent message que je n’ai pas publié en est un témoignage.
Je suis tout prêt à donner mon opinion sur tout sujets surlequel je suis interrogé et qu’il me semble que j’ai la possibilité de répondre. Mais je ne veux en aucun cas utiliser Cheela pour répandre
de la haine sur des courants différent de ce que je pense.
Aussi, je donne volontiers mon opinion sur la mitsva d’habiter en Israël, sur le service militaire, sur le respect que l’on doit apporter aux femmes ou d’aures sujets d’actualité.
Mais je ne veux pas m’établir en censeurs de groupes religieux qui pensent autrement que moi.
Répondre aux questions sur des sujets d’actualité, oui
juger des groupes, non.
Tous les jours dans la prière nous disons,
Hachem, retiens ma langue de prononcer du mal et mes lèvres de médire
et que je sois capable de me taire lorsque j’entends ceux qui me dénigrent.
Mettons tout en oeuvre pour sanctifier le Nom de Hachem, Sa Thora qu’Il nous a donnée en cadeau.
Tachons de juger favorablement notre prochain
Je partage votre opinion, effectivement les massortis et les libéraux récupèrent ces événements pour prêcher pour leur paroisse. Mais leur dénonciation reste claire et juste. Je leur reproche en
revanche de n ‘être que dans la réaction par rapport aux orho et de ne pas véritablement réfléchir à la notion de différentiation sexuelle qui tend à s’estomper dans notre monde moderne. Entre la
libération sexuelle à outrance qui conduit à nier la différence de sexe dans notre monde moderne et la séparation indigne et même l exclusion des femmes dans les milieux orthos il y a un équilibre
à trouver, en tout cas le problème doit être posé, et les massortis à travers Dalzace et les libéraux ne posent pas le problème. En revanche le discours de Rav Shaya est insupportable, c ‘est un
discours bête et dangereux et je ne suis pas d’accord pour le comparer aux deux autres, il n y a quand même rien à voir.
Le rav Botchko n’est pas le rav Ron Chaya.
Mais, il partage la même rhétorique consensuelle pour mettre un voile sur ces incidents que l’on ne saurait voir. On est quand même dans la tartufferie la plus caricaturale.
La référence au rav Kook ne manque pas de piquant. D’une part, il est toujours délicat de faire parler les morts ; d’autre part, le rav Kook n’est pas une référence du monde haredi.
Bref, cachons ce sein que je ne saurai voir ! Cachons le fait que notre religion produit des délinquants, sans compter les délinquants sexuels et autres que, bien évidemment, la presse juive
francophone se garde bien de dénoncer.
Tant que les orthodoxes réagiront comme Rav Chaya ou Bossko les massortis et les libéraux ne pourront que prospérer.Franchement entre la morale idéologique et dangereuse à trois sous prêchée par
les orthos et les réflexions souvent intéressantes des massortis, ma raison a déjà choisi! Il est impératif que des orthodoxes comme sur votre site, comme le Rabbin Berheim se fassent entendre
Quel article, votre analyse est aussi originale que pertinente 😉
Bref, à nouveau félicitations pour la prise de position et pour ce décryptage nécessaire.
Je suis juste sceptique sur 2 de vos 3 conclusions au paragraphe « 3: des conclusions apologétiques ».
Si je suis d’accord que chacun en profite pour dire « chez moi c’est mieux » :
1/ êtes-vous sûr que les libéraux affirment vraiment qu’il faut abandonner la hala’ha ? (je pensais qu’ils voulaient l’adapter, la moderniser, mais pas l’abandonner purement et simplement)
2/ êtes-vous sûr que la conclusion que vous prêtez aux massortis (ie que la hala’ha, pour eux, n’est pas figée) soit une mauvaise chose ?
Je pense que ça doit être une erreur de formulation, car s’ils étaient convaincus de cela,
1/ ils auraient bien raison (à mon avis – on peut en débattre)
2/ ils ne seraient pas les seuls ! Et au vu des nombreux articles progressistes de ce blog, je crois que vous partagez aussi cet avis – sans pour autant être massorti. Idem pour les nombreuses
sources orthodoxes que vous citez.
Que vouliez-vous donc dire pour eux ?
Merci d’avance !
Le rabbin Ron Chaya semble oublier un point crucial.
Ce monsieur parle d’ouverture et de tolérance à l’encontre des juifs souhaitant vivre dans des quartiers où les femmes porteraient des « tenues décentes », où des bus séparés existeraient, où la
pratique de la séparation (mariage et autre séparation dans la vie quotidienne).
Ce même monsieur semble volontairement occulter un point fondamental. C’est que la séparation qu’il prône est contestée par des rabbins orthodoxes. Par ailleurs, le rapport intime de chaque
individu à l’acte de pratique religieuse et son rapport profond à D. ne regarde que lui et ne saurait dépasser la sphère privée pour occuper la sphère publique sous peine d’arriver à imposer ses
vues personnelles à autrui dans un espace public et donc là la dérive est une évidence pour tous démocrate. La question n’est pas religieuse mais concerne la liberté individuelle dans une
société.
Il est scandaleux que des bus séparés soient tolérés en ISraël. Cette pratique à terme entrainera l’intégrisme si elle n’est pas stoppée. On ne saurait imposer des pratiques religieuses dans la
sphère publique dans une démocratie et rappelons qu’Israël est une démocratie tenant compte de toutes les tendances religieuses et de toutes les religions, contrairement aux dires issus la
propagande anti-israélienne primaire.
Il est évident qu’il existe également une forme d’intégrisme anti-religieux dans certaines sphères juives et cela doit être condamné au même titre que ceux qui souhaitent imposer des pratiques
religieuses (contestées par ailleurs dans le monde orthodoxe) dans l’espace public, signe de dérive inquiétante.
Le monde orthodoxe est bien plus complexe et riche que certains clichés véhiculés sur les religieux mais ces idées reçues et attaques parfois indignes contre le monde orthodoxe ne saurait justifier
ce que dit ce rabbin dans cette vidéo:
« On fait de nous pire que des nazis ».
Que viennent faire les nazis dans cette affaire? N’avons-nous pas assez des anti-sionistes/sémites usant à outrance des termes issus de l’histoire de la Shoah pour calomnier Israël et la mémoire
juive? N’avons-nous pas assez de cela pour désormais placer les nazis et la Shoah à toutes les sauces. Un peu de décence Monsieur, voilà ce que j’ai envie de lui dire.
Merci Gabriel pour cet article.
Au début, pour être honnête avec toi, je me suis dit : « mais pourquoi remuez cela ? ». « Cela » signifiant dans mon esprit l’ensemble des visions des différents mouvements. En effet, c’est un sujet
tellement épineux, générant plus de discorde qu’il n’amène en réalité de solution…
J’avais lu la réaction de D. Horvilleur mais pas celle de Y. Dalsace ni visionner le chiour du Rav Chaya…
Que dire pour ma part de l’article de Y. Dalsace ? Que je suis heureux pour lui si d’une certaine façon il a pu libérer sa pensée, « vider son sac » sur ce qu’il affirme être la situation du Judaïsme
en Israël et en France même si je regrette cet aspect « anti-haredi » et cette colère qui se lit à travers les lignes…
Quant au chiour du Rav Chaya, je suis d’accord avec toi quand tu dis qu’il n’y a aucune démarche d’introspection. Mais le Rav Chaya parle d’une idée qu’il se fait de monde occidental et se plaît
comme d’autres à généraliser. Par ailleurs, osons le dire ! Oui, il existe des goyim équilibrés, intelligents, dévoués et ayant un très haut degré de moralité. Il existe aussi une morale chez les
goyim et le Judaïsme a largement inspiré cette morale. A contrario, tous les juifs ne sont pas exemplaires. Et si l’on considère les paroles du Roi Shlomo « Il n’est point sur la terre de juste qui
fasse toujours le bien sans jamais pêcher » (Qohelet VII, 20), lesquelles nous incitent à rechercher les voies de l’humilité, alors nous devons travailler sans relâche sur nous-même.
Mais si je devais résumer mon opinion concernant toutes ces prises de position à une idée, surgirait une question posée à tous ces rabbins : pourquoi prononcer trois fois par jour tous les jours de
l’année « Sois loué, Hachem, qui bénis ton peuple Israël par la paix » si à la moindre occasion vous brûlez pour ce qui nous divise plutôt que ce nous qui rassemble ?
Chavoua tov lecoulam !
Bravo pour cet article !
Tout est dit dans la formule « que chacun fasse véritablement son bilan de conscience ». C’est l’une des choses les plus dificiles à accomplir, mais la seule voie véritable vers le Emeth, finalement,
l’enseignement fondamentale de la Torah.
Il ne s’agit pas de s’auto-flageller, ou de faire contrition en place publique, mais bien d’avoir l’honnêteté intellectuelle et la foi suffisante que pour voir ce qui ne va pas, ce qui n’est pas
« yashar » dans certains comportements, dans certains de NOS comportements.
Avant de lancer la pierre à l’autre, prendre le temps de regarder la main qui tient cette pierre, notre main.
Et plutôt que de perdre notre énergie à lancer cette pierre pour blesser l’Autre, utiliser cette pierre pour construire quelque chose.
Je ne suis pas ‘haredith et je n’ai pas d’affinités particulière avec le mouvement massorti, mais personnellement, j’ai une règle dans la vie (que m’a enseignée un Rav ‘haredi) : juges-toi d’abord
toi-même avant de juger l’autre (et ne juge l’autre que sur ses actes personnels, par sur l’étiquette que tu apposes à son groupe d’appartenance). C’est une règle parfois difficile à appliquer,
mais quand on en fait l’effort, le monde est tout de suite beaucoup plus intéressant, on découvre en soi et dans les autres une force de création inimaginable, la seule en mon sens capable de
construire un rempart solide contre l’extrémisme (quel qu’il soit).
Juste une remarque, de la part d’un juif non-religieux (« de bas étage » ?). J’apprécie généralement votre sens du dialogue et votre ouverture d’esprit. Permettez-moi toutefois de faire exception
pour cet article. Je n’entrerai pas dans le fond du débat (je me contenterai de dire en passant que vous résumez d’une manière bien cavalière l’article polémique, mais beaucoup plus nuancé que vous
ne le dites, de Y. Dalsace)pour m’arrêter sur une de vos dernières phrases :
« Une chose m’étonne : ne réalisez-vous pas, Madame et Messieurs les rabbins, que pour satisfaire le non-Juif antisémite ou le Juif de bas étage, c’est votre amour d’Israël que vous sacrifiez ? Ne
réalisez-vous pas que ce judaïsme grand public, soldé, n’attirera jamais une personne de qualité ? »
Permettez-moi de vous le dire, mais c’est vous qui êtes ici inutilement polémique et qui vous exposez au reproche de médisance, car c’est une très grave accusation portée contre des hommes et des
femmes qui, depuis des années, oeuvrent pour le rayonnement du judaïsme (qu’ils y parviennent ou pas, qu’ils soient ou non dans le vrai est un autre débat) que de les accuser de tenir le discours
qu’ils tiennent pour plaire aux antisémites. C’est une accusation infamante et peu digne de vous. Elle impute des motivations ignobles à une démarche qui entend défendre ce que les personnes visées
considèrent comme l’honneur du judaïsme. Vous pouvez ne pas être d’accord. Mais lancer de tels soupçons revient à discréditer a priori toute tentative de débat ouvert et public sur la possibilité
de dérive intégriste. Ne pouvez-vous imaginer qu’ils aient autant à coeur que vous l’honneur d’Israël ? Ou considérez-vous, comme tant d’autres que les Juifs devraient « laver leur linge sale » en
famille, comme si ces débats n’engageaient pas des enjeux universels ? Diriez-vous la même chose des intellectuels musulmans ou d’origine musulmane qui dénoncent publiquement l’intégrisme ?
Prenez garde, car à ce jeu-là, on trouve toujours plus orthodoxe que soi et l’on vous soupçonnera à votre tour de dénigrer la tradition en tenant un blog « critique » (et ouvert à tout public) sur
certains aspects du judaïsme tel qu’il se vit aujourd’hui.
J’ajoute que l’argument qui consiste à reprocher de « tirer la couverture à soi » au prétexte d’un événement regrettable me semble mal fondé. Il est évident que, si ces rabbins font partie de
mouvements non-orthodoxes, c’est précisément parce qu’ils y voient un judaïsme prémuni contre ce type de dérives sectaires et il est donc normal qu’ils s’en prévalent. La question des limites
inhérentes au judaïsme libéral ou massorti relève d’un autre débat, qui n’avait pas sa place dans le contexte précis de cette polémique.
Bien respectueusement.
Moi j’avais compris « juif de bas-étage » comme se rapportant aux hommes (mâles), tout simplement. Humour féminin oblige 😉
Pour revenir un peu plus sérieusement au (long) texte de Y. Dalsace, j’avoue ne pas bien comprendre où veut en venir ce monsieur. Il y a quelque chose d’assez « schizophrénique » dans son
argumentaire( souvent circulaire par ailleurs), ou pour dire autrement, « je t’aime moi non plus ». Peut-être est-ce la vision massorti du Ahavat Israel ?
Esther, j’espère que vous avez raison pour l’interprétation des « juifs de bas étage » : l’humour serait au moins une bonne excuse…
Je répète cependant que mon propos n’est pas de défendre le point de vue de Y. Dalsace, qui est assez grand pour le faire. Je voulais simplement soulever un sérieux problème posé par une phrase de
l’article de ce blog, qui consiste en un procès d’intention assez grave : imputer à des juifs résolument engagés dans la vie juive l’intention déshonorante de chercher à donner des gages aux
antisémites.
Sur les autres aspects de l’affaire (sur l’enjeu de cet épisode, sur la valeur de la réponse des judaïsmes réformé ou massorti qui seraient incapable d’attirer des « personnes de qualité », etc.), il
y aurait bien d’autres choses à dire, mais je suis sûr que certains le feront mieux que moi.
Elie,
L’intention du webmaster de ce blog n’était selon ma compréhension, pas d’imputer une quelconque intention a priopri aux personnes visées, mais de souligner le danger que de telles polémiques
amenées sur la place publique peuvent amener : au-delà du propos – justifié ou non – là n’est pas la question, les auteurs ont la responsabilité de savoir dans quel cadre ils s’expriment et ce qui
sera fait de leurs critiques acerbes, notamment par les antisémites et autres bouffeurs de juifs orthodoxes. Quand une personne ayant charge publique s’exprime, la portée de son propos dépasse le
simple contenu.
Que croyez-vous qu’il sera retenu de tout cela ? Que le problème est complexe ? Que la voie du respect mutuel est la seule pouvant conduire à la Vérité et à la paix ?
Permettez-moi d’en douter… Ce que le grand-public retiendra, c’est que « finalement, le judaisme ne vaut pas mieux que tout autre religion dogmatique, que les juifs orthodoxes sont des talibans en
puissance, que la seule voie acceptable – à la limite – est-celle d’un judaisme entré dans le moule de la République (fut-ce au prix d’une dénaturation de ses fondements), etc… »
Cela pose aussi la question de savoir : pourquoi est-il si important pour certains de montrer au monde non-juif « qu’ils sont de bons juifs » (eux) ?
Pensent-ils réellement que c’est comme cela qu’ils contribueront à faire progresser le Judaisme et à résoudre ses problèmes « internes » ?
Permettez-moi d’en douter.
Si l’intention de ces auteurs est louable, leur démarche est maladroite et peu pertinente. Sauf si leur objectif est simplement de profiter de la situation pour « briller » un peu plus, et tant pis
si l’image globale du Judaisme et des juifs en sort ternie… Dans ce sens, ils flirtent tout autant avec le ‘hilloul HaShem (profanation du Nom divin) que les voyous extrémistes qui n’ont rien
d’autre à faire que de cracher sur les femmes en les insultant, quel que soit le prétexte trouvé…)
Esther,
je n’interviendrai plus après, c’est promis, donc vous aurez le dernier mot si vous le souhaitez (c’est la moindre des galanteries) : sans quoi, cette discussion risquerait de tourner en rond tant
nos points de vue semblent incompatibles.
Voici donc en résumé ce que je vous répondrais :
1/ le problème ne doit jamais être de « montrer patte blanche », de chercher à plaire à tel ou tel, mais d’exprimer des convictions sincères au nom de la responsabilité (intellectuelle, morale,
pastorale) qui est la sienne. Laisser supposer qu’untel critique les intégristes de son camp pour se faire bien voir de ses ennemis est un procès d’intention. IL ne revient à personne de « sonder
les reins et les coeurs ». Je maintiens qu’il n’y a pas d’autre manière de comprendre la phrase que j’incriminais ; mais peut-être s’agissait-il d’une maladresse de formulation : ce n’est pas
rare.
2/ S’imaginer que les juifs qui dénoncent les intégristes avec virulence contribuent à calomnier le judaïsme est à mon avis un contresens complet :
– pour le public « non averti », ceux qui salissent le judaïsme, ce sont les sectaires et les extrémistes, pas ceux qui expriment des points de vue critiques sur l’extrémisme. On ne peut pas à ce
point inverser les rapports de cause à effet. Ce n’est pas celui qui dénonce la faute qui fait scandale, c’est la faute qui est scandaleuse (si faute il y a).
– S’imaginer qu’on peut, à l’heure d’internet et de la transmission à grande vitesse de l’information, distinguer comme au temps du ghetto les affaires internes et les déclarations publiques en
matière de judaïsme relève d’un anachronisme. Aujourd’hui, qu’on s’en désole ou qu’on s’en félicite, il n’est pas une seule affaire juive qui ne soit immédiatement susceptible de devenir publique,
et à ce titre qui ne demande aussitôt des prises de position publiques. Tapez « Talmud » sur google et demandez-vous s’il ne revient pas aux rabbins de répondre à ce qui se dit et se diffuse à la
vitesse de la lumière sur le judaïsme.
3/ Si l’on suivait jusqu’au bout cette logique qui semble la vôtre, même un blog comme celui-ci, consacré à l’orthodoxie moderne, pourrait être vu comme susceptible d’être utilisé par des
adversaires du judaïsme. Jusqu’où faut-il aller dans la politique du silence pour ne pas risquer de prêter le flanc à nos ennemis ?
Je crois que ceux qui pensent ainsi se trompent d’époque.
Mais ce n’est sans doute qu’un point de vue de bas étage !
Bien fraternellement.
Je tiens à bien préciser que je ne suis pas partisante du « lavons notre linge sale en famille » (qui en générale n’est qu’une formule hypocrite pour enfermer le-dit linge sale dans un placard et de
l’y oublier…).
Mon point de vue visait les responsables/personnalités/personnes ayant une charge publique et/ou communautaire : pour cette catégorie de personnes engagée dans la vie politique (de la Cité), quand
ils choisissent de s’exprimer publiquement, la portée de leur propos dépasse son simple contenu.
C’est un principe de communication politique (dans le sens noble du terme) élémentaire : le porteur du message, le moment où il communique, le média qu’il choisit pour communiquer (et donc le
public qu’il choisi de viser en premier lieu), tous ces facteurs donneront le sens au message (pas forcément le sens « réel », mais celui qui en sera retenu par les récepteurs).
Le problème que je soulevais plus haut n’a rien à voir avec la distinction « interne » et publique, qui est effectivement devenue plus que poreuse avec les TIC actuelles. Encore moins un appel à une
« politique du silence », mais plutôt une réflexion sur la « responsabilité de la parole » des représentants religieux juifs (et j’inclus bien évidemment ici le Rav Ron Chaya, bien que dans son cas,
ses propos n’étaient il me semble pas destinés à un public externe et le cadre n’était pas une tribune journalistique mais un cours… ce qui n’enlève pas l’aspect « déni du problème » qui me dérange
tout autant).
Bien fraternellement aussi.
Si je partage le constat et la nécessaire dénonciation, je crois que vous faites une erreur d’appréciation. Fondamentalement, nous n’avons rien à attendre des massortis et des libéraux – de ce
point de vue, c’est amusant et très fort de comparer leurs discours à ceux de Ron Chaya, la star francophone du bonneteau rabbinique.
Mais, le vrai problème, peut-être, c’est la dénonciation de l’extrême – point consensuel à tous ces discours.
Derrière ces extrêmes, nous savons qu’il y a des bretslev, des haredi lituaniens… Bref, Ron Chaya dénonce les pratiques mais non le principe des bus séparés car, fondamentalement, il sait
parfaitement qu’une partie de la Eda Haredit soutient les soi-disant extrémistes.
Son discours est foncièrement hypocrite – que je sache, il soutient Hamodia qui ne diffuse pas de visages de femmes.
Le problème est donc plus large que la question des bus, celle-ci étant une illustration d’un conflit de sociétés dont les premières victimes seront les Juifs traditionalistes.
Bien cordialement
Chavouatov,
Les « like » et « partage » parlent d’eux-mêmes quant à mon appréciation de l’article.
Je voulais juste rajouter que sur le site cheela.org, qui n’est pas un site apologétique, il y a une voix qui diffère clairement de celle d’Emmanuel Bloch (qui est aussi mon ami et que je salue).
Il s’agit du Rav Botshko, qui n’est sûrement pas comparable au Rav Chaya de manière générale, mais qui en l’espèce ne diffère pas beaucoup.
Je fais un copié-collé de sa réponse qui n’engage que le Rav :
60936
Que pensez-vous des orthodoxes qui crachent sur des jeunes filles et qui sont tellement intolérents
Rav S.D. Botshko
Je m’élève avec force contre le dénigrement orchestré par les médias envers le monde orthodoxe.
Le monde orthodoxe qui est beaucoup plus pluriel qu’on ne le pense est un univers centré autour de la Thora et du Hessed.
Ses membres sont des gens plus que pacifiques qui n’ont qu’un seul idéal, celui d’étudier la Thora et de vivre conformément aux mitsvot.
Que les informations et les journaux ressassent à longueur de journée un incident rirdicule et condamné par tout lemonde n’est qu’une sorte d’antisémitisme contre lequel je me lève avec force.
Est-ce que les informations racontent chaque fois qu’un orthodoxe se fait insulter. Est-ce que l’on ouvre les infos sur des jeunes qui on sifflé des filles montant dans l’autobus.
Certes, il y a des extrémistes et des fous partout, mais ils ne réprésentent en rien le monde orthodoxe.
Je refuse donc de participer à cette compagne honteuse.
Certes, je ne partage pas toujours la vision d’une certaine orthodoxie du judaïsme et j’exprime clairement mes conceptions de l’orthodoxie dans mes écrits, mais sans jamais dénigrer qui que ce
soit.
On ne s’élève pas en rabaissant autrui.
Soyons des disciples du Rav Kook qui disait qu’on ne chasse de l’ombre qu’en rajoutant de la lumière.
61034
Je ne cherche pas a faire « passer mon opinion » mais plutôt a ce que vous detailliez la votre, notamment par rapport a la réponse d’E. Bloch et a ces dérives inadmissibles qui ont moins l’air de
vous choquer que mes propos.
Merci d’avance de votre réponse.
Rav S.D. Botshko
Nous sommes devant un dechainement de haine sans précédent contre les orthodoxes avec des amalgames scansaleux dont votre précédent message que je n’ai pas publié en est un témoignage.
Je suis tout prêt à donner mon opinion sur tout sujets surlequel je suis interrogé et qu’il me semble que j’ai la possibilité de répondre. Mais je ne veux en aucun cas utiliser Cheela pour répandre
de la haine sur des courants différent de ce que je pense.
Aussi, je donne volontiers mon opinion sur la mitsva d’habiter en Israël, sur le service militaire, sur le respect que l’on doit apporter aux femmes ou d’aures sujets d’actualité.
Mais je ne veux pas m’établir en censeurs de groupes religieux qui pensent autrement que moi.
Répondre aux questions sur des sujets d’actualité, oui
juger des groupes, non.
Tous les jours dans la prière nous disons,
Hachem, retiens ma langue de prononcer du mal et mes lèvres de médire
et que je sois capable de me taire lorsque j’entends ceux qui me dénigrent.
Mettons tout en oeuvre pour sanctifier le Nom de Hachem, Sa Thora qu’Il nous a donnée en cadeau.
Tachons de juger favorablement notre prochain
Je partage votre opinion, effectivement les massortis et les libéraux récupèrent ces événements pour prêcher pour leur paroisse. Mais leur dénonciation reste claire et juste. Je leur reproche en
revanche de n ‘être que dans la réaction par rapport aux orho et de ne pas véritablement réfléchir à la notion de différentiation sexuelle qui tend à s’estomper dans notre monde moderne. Entre la
libération sexuelle à outrance qui conduit à nier la différence de sexe dans notre monde moderne et la séparation indigne et même l exclusion des femmes dans les milieux orthos il y a un équilibre
à trouver, en tout cas le problème doit être posé, et les massortis à travers Dalzace et les libéraux ne posent pas le problème. En revanche le discours de Rav Shaya est insupportable, c ‘est un
discours bête et dangereux et je ne suis pas d’accord pour le comparer aux deux autres, il n y a quand même rien à voir.
Le rav Botchko n’est pas le rav Ron Chaya.
Mais, il partage la même rhétorique consensuelle pour mettre un voile sur ces incidents que l’on ne saurait voir. On est quand même dans la tartufferie la plus caricaturale.
La référence au rav Kook ne manque pas de piquant. D’une part, il est toujours délicat de faire parler les morts ; d’autre part, le rav Kook n’est pas une référence du monde haredi.
Bref, cachons ce sein que je ne saurai voir ! Cachons le fait que notre religion produit des délinquants, sans compter les délinquants sexuels et autres que, bien évidemment, la presse juive
francophone se garde bien de dénoncer.
Tant que les orthodoxes réagiront comme Rav Chaya ou Bossko les massortis et les libéraux ne pourront que prospérer.Franchement entre la morale idéologique et dangereuse à trois sous prêchée par
les orthos et les réflexions souvent intéressantes des massortis, ma raison a déjà choisi! Il est impératif que des orthodoxes comme sur votre site, comme le Rabbin Berheim se fassent entendre
Quel article, votre analyse est aussi originale que pertinente 😉
Bref, à nouveau félicitations pour la prise de position et pour ce décryptage nécessaire.
Je suis juste sceptique sur 2 de vos 3 conclusions au paragraphe « 3: des conclusions apologétiques ».
Si je suis d’accord que chacun en profite pour dire « chez moi c’est mieux » :
1/ êtes-vous sûr que les libéraux affirment vraiment qu’il faut abandonner la hala’ha ? (je pensais qu’ils voulaient l’adapter, la moderniser, mais pas l’abandonner purement et simplement)
2/ êtes-vous sûr que la conclusion que vous prêtez aux massortis (ie que la hala’ha, pour eux, n’est pas figée) soit une mauvaise chose ?
Je pense que ça doit être une erreur de formulation, car s’ils étaient convaincus de cela,
1/ ils auraient bien raison (à mon avis – on peut en débattre)
2/ ils ne seraient pas les seuls ! Et au vu des nombreux articles progressistes de ce blog, je crois que vous partagez aussi cet avis – sans pour autant être massorti. Idem pour les nombreuses
sources orthodoxes que vous citez.
Que vouliez-vous donc dire pour eux ?
Merci d’avance !
Le rabbin Ron Chaya semble oublier un point crucial.
Ce monsieur parle d’ouverture et de tolérance à l’encontre des juifs souhaitant vivre dans des quartiers où les femmes porteraient des « tenues décentes », où des bus séparés existeraient, où la
pratique de la séparation (mariage et autre séparation dans la vie quotidienne).
Ce même monsieur semble volontairement occulter un point fondamental. C’est que la séparation qu’il prône est contestée par des rabbins orthodoxes. Par ailleurs, le rapport intime de chaque
individu à l’acte de pratique religieuse et son rapport profond à D. ne regarde que lui et ne saurait dépasser la sphère privée pour occuper la sphère publique sous peine d’arriver à imposer ses
vues personnelles à autrui dans un espace public et donc là la dérive est une évidence pour tous démocrate. La question n’est pas religieuse mais concerne la liberté individuelle dans une
société.
Il est scandaleux que des bus séparés soient tolérés en ISraël. Cette pratique à terme entrainera l’intégrisme si elle n’est pas stoppée. On ne saurait imposer des pratiques religieuses dans la
sphère publique dans une démocratie et rappelons qu’Israël est une démocratie tenant compte de toutes les tendances religieuses et de toutes les religions, contrairement aux dires issus la
propagande anti-israélienne primaire.
Il est évident qu’il existe également une forme d’intégrisme anti-religieux dans certaines sphères juives et cela doit être condamné au même titre que ceux qui souhaitent imposer des pratiques
religieuses (contestées par ailleurs dans le monde orthodoxe) dans l’espace public, signe de dérive inquiétante.
Le monde orthodoxe est bien plus complexe et riche que certains clichés véhiculés sur les religieux mais ces idées reçues et attaques parfois indignes contre le monde orthodoxe ne saurait justifier
ce que dit ce rabbin dans cette vidéo:
« On fait de nous pire que des nazis ».
Que viennent faire les nazis dans cette affaire? N’avons-nous pas assez des anti-sionistes/sémites usant à outrance des termes issus de l’histoire de la Shoah pour calomnier Israël et la mémoire
juive? N’avons-nous pas assez de cela pour désormais placer les nazis et la Shoah à toutes les sauces. Un peu de décence Monsieur, voilà ce que j’ai envie de lui dire.
Merci Gabriel pour cet article.
Au début, pour être honnête avec toi, je me suis dit : « mais pourquoi remuez cela ? ». « Cela » signifiant dans mon esprit l’ensemble des visions des différents mouvements. En effet, c’est un sujet
tellement épineux, générant plus de discorde qu’il n’amène en réalité de solution…
J’avais lu la réaction de D. Horvilleur mais pas celle de Y. Dalsace ni visionner le chiour du Rav Chaya…
Que dire pour ma part de l’article de Y. Dalsace ? Que je suis heureux pour lui si d’une certaine façon il a pu libérer sa pensée, « vider son sac » sur ce qu’il affirme être la situation du Judaïsme
en Israël et en France même si je regrette cet aspect « anti-haredi » et cette colère qui se lit à travers les lignes…
Quant au chiour du Rav Chaya, je suis d’accord avec toi quand tu dis qu’il n’y a aucune démarche d’introspection. Mais le Rav Chaya parle d’une idée qu’il se fait de monde occidental et se plaît
comme d’autres à généraliser. Par ailleurs, osons le dire ! Oui, il existe des goyim équilibrés, intelligents, dévoués et ayant un très haut degré de moralité. Il existe aussi une morale chez les
goyim et le Judaïsme a largement inspiré cette morale. A contrario, tous les juifs ne sont pas exemplaires. Et si l’on considère les paroles du Roi Shlomo « Il n’est point sur la terre de juste qui
fasse toujours le bien sans jamais pêcher » (Qohelet VII, 20), lesquelles nous incitent à rechercher les voies de l’humilité, alors nous devons travailler sans relâche sur nous-même.
Mais si je devais résumer mon opinion concernant toutes ces prises de position à une idée, surgirait une question posée à tous ces rabbins : pourquoi prononcer trois fois par jour tous les jours de
l’année « Sois loué, Hachem, qui bénis ton peuple Israël par la paix » si à la moindre occasion vous brûlez pour ce qui nous divise plutôt que ce nous qui rassemble ?
Chavoua tov lecoulam !
Bravo pour cet article !
Tout est dit dans la formule « que chacun fasse véritablement son bilan de conscience ». C’est l’une des choses les plus dificiles à accomplir, mais la seule voie véritable vers le Emeth, finalement,
l’enseignement fondamentale de la Torah.
Il ne s’agit pas de s’auto-flageller, ou de faire contrition en place publique, mais bien d’avoir l’honnêteté intellectuelle et la foi suffisante que pour voir ce qui ne va pas, ce qui n’est pas
« yashar » dans certains comportements, dans certains de NOS comportements.
Avant de lancer la pierre à l’autre, prendre le temps de regarder la main qui tient cette pierre, notre main.
Et plutôt que de perdre notre énergie à lancer cette pierre pour blesser l’Autre, utiliser cette pierre pour construire quelque chose.
Je ne suis pas ‘haredith et je n’ai pas d’affinités particulière avec le mouvement massorti, mais personnellement, j’ai une règle dans la vie (que m’a enseignée un Rav ‘haredi) : juges-toi d’abord
toi-même avant de juger l’autre (et ne juge l’autre que sur ses actes personnels, par sur l’étiquette que tu apposes à son groupe d’appartenance). C’est une règle parfois difficile à appliquer,
mais quand on en fait l’effort, le monde est tout de suite beaucoup plus intéressant, on découvre en soi et dans les autres une force de création inimaginable, la seule en mon sens capable de
construire un rempart solide contre l’extrémisme (quel qu’il soit).
Juste une remarque, de la part d’un juif non-religieux (« de bas étage » ?). J’apprécie généralement votre sens du dialogue et votre ouverture d’esprit. Permettez-moi toutefois de faire exception
pour cet article. Je n’entrerai pas dans le fond du débat (je me contenterai de dire en passant que vous résumez d’une manière bien cavalière l’article polémique, mais beaucoup plus nuancé que vous
ne le dites, de Y. Dalsace)pour m’arrêter sur une de vos dernières phrases :
« Une chose m’étonne : ne réalisez-vous pas, Madame et Messieurs les rabbins, que pour satisfaire le non-Juif antisémite ou le Juif de bas étage, c’est votre amour d’Israël que vous sacrifiez ? Ne
réalisez-vous pas que ce judaïsme grand public, soldé, n’attirera jamais une personne de qualité ? »
Permettez-moi de vous le dire, mais c’est vous qui êtes ici inutilement polémique et qui vous exposez au reproche de médisance, car c’est une très grave accusation portée contre des hommes et des
femmes qui, depuis des années, oeuvrent pour le rayonnement du judaïsme (qu’ils y parviennent ou pas, qu’ils soient ou non dans le vrai est un autre débat) que de les accuser de tenir le discours
qu’ils tiennent pour plaire aux antisémites. C’est une accusation infamante et peu digne de vous. Elle impute des motivations ignobles à une démarche qui entend défendre ce que les personnes visées
considèrent comme l’honneur du judaïsme. Vous pouvez ne pas être d’accord. Mais lancer de tels soupçons revient à discréditer a priori toute tentative de débat ouvert et public sur la possibilité
de dérive intégriste. Ne pouvez-vous imaginer qu’ils aient autant à coeur que vous l’honneur d’Israël ? Ou considérez-vous, comme tant d’autres que les Juifs devraient « laver leur linge sale » en
famille, comme si ces débats n’engageaient pas des enjeux universels ? Diriez-vous la même chose des intellectuels musulmans ou d’origine musulmane qui dénoncent publiquement l’intégrisme ?
Prenez garde, car à ce jeu-là, on trouve toujours plus orthodoxe que soi et l’on vous soupçonnera à votre tour de dénigrer la tradition en tenant un blog « critique » (et ouvert à tout public) sur
certains aspects du judaïsme tel qu’il se vit aujourd’hui.
J’ajoute que l’argument qui consiste à reprocher de « tirer la couverture à soi » au prétexte d’un événement regrettable me semble mal fondé. Il est évident que, si ces rabbins font partie de
mouvements non-orthodoxes, c’est précisément parce qu’ils y voient un judaïsme prémuni contre ce type de dérives sectaires et il est donc normal qu’ils s’en prévalent. La question des limites
inhérentes au judaïsme libéral ou massorti relève d’un autre débat, qui n’avait pas sa place dans le contexte précis de cette polémique.
Bien respectueusement.
Moi j’avais compris « juif de bas-étage » comme se rapportant aux hommes (mâles), tout simplement. Humour féminin oblige 😉
Pour revenir un peu plus sérieusement au (long) texte de Y. Dalsace, j’avoue ne pas bien comprendre où veut en venir ce monsieur. Il y a quelque chose d’assez « schizophrénique » dans son
argumentaire( souvent circulaire par ailleurs), ou pour dire autrement, « je t’aime moi non plus ». Peut-être est-ce la vision massorti du Ahavat Israel ?
Esther, j’espère que vous avez raison pour l’interprétation des « juifs de bas étage » : l’humour serait au moins une bonne excuse…
Je répète cependant que mon propos n’est pas de défendre le point de vue de Y. Dalsace, qui est assez grand pour le faire. Je voulais simplement soulever un sérieux problème posé par une phrase de
l’article de ce blog, qui consiste en un procès d’intention assez grave : imputer à des juifs résolument engagés dans la vie juive l’intention déshonorante de chercher à donner des gages aux
antisémites.
Sur les autres aspects de l’affaire (sur l’enjeu de cet épisode, sur la valeur de la réponse des judaïsmes réformé ou massorti qui seraient incapable d’attirer des « personnes de qualité », etc.), il
y aurait bien d’autres choses à dire, mais je suis sûr que certains le feront mieux que moi.
Elie,
L’intention du webmaster de ce blog n’était selon ma compréhension, pas d’imputer une quelconque intention a priopri aux personnes visées, mais de souligner le danger que de telles polémiques
amenées sur la place publique peuvent amener : au-delà du propos – justifié ou non – là n’est pas la question, les auteurs ont la responsabilité de savoir dans quel cadre ils s’expriment et ce qui
sera fait de leurs critiques acerbes, notamment par les antisémites et autres bouffeurs de juifs orthodoxes. Quand une personne ayant charge publique s’exprime, la portée de son propos dépasse le
simple contenu.
Que croyez-vous qu’il sera retenu de tout cela ? Que le problème est complexe ? Que la voie du respect mutuel est la seule pouvant conduire à la Vérité et à la paix ?
Permettez-moi d’en douter… Ce que le grand-public retiendra, c’est que « finalement, le judaisme ne vaut pas mieux que tout autre religion dogmatique, que les juifs orthodoxes sont des talibans en
puissance, que la seule voie acceptable – à la limite – est-celle d’un judaisme entré dans le moule de la République (fut-ce au prix d’une dénaturation de ses fondements), etc… »
Cela pose aussi la question de savoir : pourquoi est-il si important pour certains de montrer au monde non-juif « qu’ils sont de bons juifs » (eux) ?
Pensent-ils réellement que c’est comme cela qu’ils contribueront à faire progresser le Judaisme et à résoudre ses problèmes « internes » ?
Permettez-moi d’en douter.
Si l’intention de ces auteurs est louable, leur démarche est maladroite et peu pertinente. Sauf si leur objectif est simplement de profiter de la situation pour « briller » un peu plus, et tant pis
si l’image globale du Judaisme et des juifs en sort ternie… Dans ce sens, ils flirtent tout autant avec le ‘hilloul HaShem (profanation du Nom divin) que les voyous extrémistes qui n’ont rien
d’autre à faire que de cracher sur les femmes en les insultant, quel que soit le prétexte trouvé…)
Esther,
je n’interviendrai plus après, c’est promis, donc vous aurez le dernier mot si vous le souhaitez (c’est la moindre des galanteries) : sans quoi, cette discussion risquerait de tourner en rond tant
nos points de vue semblent incompatibles.
Voici donc en résumé ce que je vous répondrais :
1/ le problème ne doit jamais être de « montrer patte blanche », de chercher à plaire à tel ou tel, mais d’exprimer des convictions sincères au nom de la responsabilité (intellectuelle, morale,
pastorale) qui est la sienne. Laisser supposer qu’untel critique les intégristes de son camp pour se faire bien voir de ses ennemis est un procès d’intention. IL ne revient à personne de « sonder
les reins et les coeurs ». Je maintiens qu’il n’y a pas d’autre manière de comprendre la phrase que j’incriminais ; mais peut-être s’agissait-il d’une maladresse de formulation : ce n’est pas
rare.
2/ S’imaginer que les juifs qui dénoncent les intégristes avec virulence contribuent à calomnier le judaïsme est à mon avis un contresens complet :
– pour le public « non averti », ceux qui salissent le judaïsme, ce sont les sectaires et les extrémistes, pas ceux qui expriment des points de vue critiques sur l’extrémisme. On ne peut pas à ce
point inverser les rapports de cause à effet. Ce n’est pas celui qui dénonce la faute qui fait scandale, c’est la faute qui est scandaleuse (si faute il y a).
– S’imaginer qu’on peut, à l’heure d’internet et de la transmission à grande vitesse de l’information, distinguer comme au temps du ghetto les affaires internes et les déclarations publiques en
matière de judaïsme relève d’un anachronisme. Aujourd’hui, qu’on s’en désole ou qu’on s’en félicite, il n’est pas une seule affaire juive qui ne soit immédiatement susceptible de devenir publique,
et à ce titre qui ne demande aussitôt des prises de position publiques. Tapez « Talmud » sur google et demandez-vous s’il ne revient pas aux rabbins de répondre à ce qui se dit et se diffuse à la
vitesse de la lumière sur le judaïsme.
3/ Si l’on suivait jusqu’au bout cette logique qui semble la vôtre, même un blog comme celui-ci, consacré à l’orthodoxie moderne, pourrait être vu comme susceptible d’être utilisé par des
adversaires du judaïsme. Jusqu’où faut-il aller dans la politique du silence pour ne pas risquer de prêter le flanc à nos ennemis ?
Je crois que ceux qui pensent ainsi se trompent d’époque.
Mais ce n’est sans doute qu’un point de vue de bas étage !
Bien fraternellement.
Je tiens à bien préciser que je ne suis pas partisante du « lavons notre linge sale en famille » (qui en générale n’est qu’une formule hypocrite pour enfermer le-dit linge sale dans un placard et de
l’y oublier…).
Mon point de vue visait les responsables/personnalités/personnes ayant une charge publique et/ou communautaire : pour cette catégorie de personnes engagée dans la vie politique (de la Cité), quand
ils choisissent de s’exprimer publiquement, la portée de leur propos dépasse son simple contenu.
C’est un principe de communication politique (dans le sens noble du terme) élémentaire : le porteur du message, le moment où il communique, le média qu’il choisit pour communiquer (et donc le
public qu’il choisi de viser en premier lieu), tous ces facteurs donneront le sens au message (pas forcément le sens « réel », mais celui qui en sera retenu par les récepteurs).
Le problème que je soulevais plus haut n’a rien à voir avec la distinction « interne » et publique, qui est effectivement devenue plus que poreuse avec les TIC actuelles. Encore moins un appel à une
« politique du silence », mais plutôt une réflexion sur la « responsabilité de la parole » des représentants religieux juifs (et j’inclus bien évidemment ici le Rav Ron Chaya, bien que dans son cas,
ses propos n’étaient il me semble pas destinés à un public externe et le cadre n’était pas une tribune journalistique mais un cours… ce qui n’enlève pas l’aspect « déni du problème » qui me dérange
tout autant).
Bien fraternellement aussi.