Ces érudites dont nous ne profitons pas
Le blog aborde souvent le sujet de l’accès à l’étude des femmes juives. Dans ce billet, je voudrais aller un peu plus loin.
Tout d’abord, partons d’une constatation : dans le monde modern orthodox/sioniste-religieux, l’étude des femmes est devenue souhaitable, voir encouragée. De plus, certaines femmes ont déjà atteint des niveaux similaires en tout point à ceux de leurs homologues masculins (pas vraiment en France, malheureusement).
Je me permets de citer quelques exemples, puisque je sais que le public francophone connait bien peu ces figures féminines.
Malka Pyoterkowsky a dirigé la Midreshet Lindenbaum (Brouria) jusqu’en 2004. Après avoir quitté la direction, elle a pris la tête du programme avancé d’Halakha de cette même institution – qui peut être comparée aux programmes des séminaires rabbiniques pour hommes. Elle même se définit comme « une femme de la halakha », préférant ne pas utiliser le terme de poseket (décisionnaire) qui risquerait de choquer. Pourtant, ses connaissances lui permettent sans aucun doute de trancher la Halakha.
Shani Taragin dirige la section américaine de la Midreshet Lindenbaum, tout en enseignant également à Nishmat et Matan(deux autres grands centres d’études pour femmes). Elle est la première femme à avoir reçu le titre de yoetset nidda (dont je parle plus pas). Pour l’anecdote, Shani Taragin est la femme d’un de mes Rabbanim. Il y a quelques mois, leur fils de dix-sept ans à fait son « siyoum hashass » (clôture de tous les traités du Talmud). Commentaire de mon Rav : « je n’ai moi même pas eu la chance de finir si jeune le shass, ma femme si… ». Pour lui avoir parlé quelques fois, je confirme ses connaissances impressionnantes. Pourtant, elle est tout en modestie et douceur. Qui penserait qu’elle maitrise le Shasssi bien ?
Hanna Henkin, épouse du Rav Yehouda Henkin (auteur des responsas Bnei Banim), qui a fondé Nishmat. En plus des programmes avancés d’études, ce centre a la particularité de former des yoetsot nidda, des femmes qui étudient en profondeur les lois de pureté familiale et peuvent répondre aux questions d’autres femmes. Ce programme a déjà formé des dizaines et des dizaines de femmes qui répondent aux questions venant des quatre coins du monde. Un site internet traitant de la santé des femmes et des halakhot qui les concerne à d’ailleurs été créé, ainsi qu’une hotline où les yoetsotrépondent aux questions.
Michal Tikochinsky dirige la section féminine du Beit HamidrashBeit Morashaà Jérusalem. Là aussi, il s’agit d’un programme avancé d’Halakha, comparable à ceux qui forment les rabbins. Tikochinsky est considérée comme une figure majeure de l’étude pour femmes, elle a développé une approche féminine de l’étude de la Guemara (voir cet article, où elle exprime son point de vue) et est considérée comme quelqu’un de particulièrement doué. Pour les plus érudit(e)s, je conseille de jeter un coup d’œil à quelques-uns de ses articles, qui valent le détour. Disponibles ici en Hébreu. Quelque uns sont également disponibles en anglais, mais beaucoup moins nombreux, voir par exempleIci.
La liste est encore longue, je rajoute les noms des dirigeantes des principaux autres centres d’études avancées pour femmes en Israël : Malka Bina, qui dirige Matan, etEsthy Roseinberg (petite-fille du Rav Soloveitchik) qui dirige le séminaire Migdal Oz– dont le programme est en tout point celui d’une Yeshiva.
Malka Bina
Bref, des femmes très érudites qui auraient pu sans aucun doute compter parmi les rabbanim et dayanim du peuple juif… si elles n’étaient pas des femmes.
Je n’ai pas envie de m’intéresser une énième à l’aspect halakhique du problème. De mon point de vue, la Halakha ne s’oppose pas à de très nombreux changements en ce qui concerne la place de la femme juive. Un exemple simple : le public orthodoxe se crispe lorsqu’il entend parler de femmes rabbins. Ce terme renvoie directement aux femmes rabbins des mouvements non-orthodoxes – qui d’un coté réclament le droit de porter tefillines et talith, et d’un autre coté ont délaissé bien d’autres mitsvotjusqu’alors acceptées au sein du peuple juif.
Pourtant, c’est précisément dans nos communautés orthodoxes qu’il serait possible à une femme d’être « rabbin » sans transgresser la Halakha. Comme tout le monde le sait, dans les milieux orthodoxes une femme ne peut compter dans le minyan, diriger l’office ou s’asseoir avec les hommes. Mais est-ce les fonctions d’un rabbin orthodoxe ? Parfois oui, mais de nombreux rabbins ont avant tout un rôle éducatif et religieux. Ils enseignent et répondent aux questions de leurs fidèles, conseillent et participent aux mariages/naissances/enterrements. Ces fonctions, une femme peut les remplir sans enfreindre la moindre Halakha.
Je suis convaincu que ces femmes pourraient apporter beaucoup au monde orthodoxe. Je détaillerai mon opinion un peu plus loin, mais pour l’instant, je tiens à souligner un point : il devient urgent de leur donner un titre et de leur ouvrir des postes. Je ne sais pas quel titre, peut être simplement les titres masculins (rav, rabbin) ou peut être serait-il plus avisé de créer un nouveau titre propre aux femmes (en Israël, on commence à les désigner comme talmidot chachamim). Pourquoi cela ? D’abord parce qu’un peu de reconnaissance est bien la moindre des choses, mais également afin de bien faire comprendre au grand public que ces femmes aussi connaissent les profondeurs de la Torah. Imaginez une affiche annonçant une conférence juive. Parmi les intervenants, « Rav X », « Y, Grand Rabbin », « Z, philosophe et rabbin » et « Madame W »… Qui écouteriez vous avec le plus de sérieux ?
A part le titre, il faut également créer des postes, pour plusieurs raisons :
- Si nous croyons à l’importance de l’implication des femmes dans le monde de l’étude, alors il faut bien être conscient que très peu de femmes seront prêtes à tout sacrifier pour cette étude, sans obtenir la moindre garantie d’un emploi à long terme. C’est bien normal, tout le monde a besoin d’un revenu minimal pour vivre, et le nombre de places dans les différentes Midrashot n’est évidement pas suffisant.
- Créer des postes encouragera donc l’étude des femmes, cette étude apportera (et apporte déjà) beaucoup au monde orthodoxe. Tout d’abord, il est plus sain que les femmes juives puissent se tourner vers une figure féminine pour résoudre leurs problèmes religieux. La situation où une femme est obligée de raconter sa vie intime à un homme pour obtenir un avis halakhique n’est pas du tout saine.
- J’irai même plus loin en affirmant qu’a priori il n’est pas souhaitable que les hommes légifèrent pour les femmes. Par exemple, le fait qu’un homme se penche sur les règles de Tsnyout, en se demandant quelle partie du corps une femme doit cacher – est en soi une situation peu Tsnyout…
- Les femmes portent souvent un autre regard sur le texte. Une perspective féminine du Talmud et de la Torah serait plus enrichissante pour chacun d’entre nous. Michal Tikochinsky, dont je parlais plus haut, a écrit à plusieurs reprises pour défendre cette position. Cf. par exemple cet article en anglais.
Bref, tout un panel de possibilités s’ouvre à l’orthodoxie. J’espère que ce billet permettra à chacun(e) de bien comprendre qu’il n’y a pas de contradiction entre un total accès à l’étude pour les femmes juives et l’orthodoxie. Pareillement, j’espère qu’il aidera le public à réaliser que ces femmes sont tout à fait compétentes pour exercer des fonctions religieuses et que cela pourrait nous être très profitable. Prenons un peu de recul par rapport à nos milieux et réfléchissons : apprécions nous vraiment la place qu’occupe la femme juive orthodoxe aujourd’hui ?
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Bonjour ,
Je pense que le principal défi et la principale crainte dans les milieux religieux n’ayant pas atteint cette approche, est qu’il y ait une confusion entre la place de la femme vis-à-vis de sa
famille par rapport à sa place dans le Beth HaMidrash.
La réussite ou l’échec de cette implication des femmes dans l’études , voir dans la pssika, ne pourra se voir que dans plusieurs années en regardant l’évolution des foyers des femmes érudites,
c’est à dire , le taux de divorce, l’éducation des enfants, etc…..
Désolé si je semble conservateur, en fait je n’ai pas d’avis et ce n’est pas à moi d’en avoir d’ailleurs. J’ai quand même cette crainte que le rôle de la femme/maman soit un peu mis de côté.
N’ai-je pas lu d’ailleurs sur ce blog que Néhama Leibowitz écrivait elle-même qu’elle aurait volonté troquée toute son érudition contre des enfants ?
Moi je pense trois choses:
1° si la femme a accès dans notre monde moderne dans la société aux plus hautes fonctions, et qu elle reste exclue de l ‘étude et des postes importants au sein de la communauté, ce décalage est
très dangereux pour le judaïsme, Voila des femmes qui sont actrice de la cité mais pas de la communauté, si le judaisme orthodoxe ne prend pas cela en compte, il est entrain de préparer sa propre
fin
2° La maternité chez une femme est un fait incontournable que toutes les évolutions du monde moderne ne parviendront pas à effacer, et à neutraliser. Donc effectivement il faut prendre en compte
cette réalité, admettre que porter des enfants et les élever impliquent un certain nombre de renoncement durant quelques années pour une femme, mais c’est à chacune et je dirais à chaque foyer de
trouver son équilibre,
3° Si la femme est mise à l’écart dans le monde orthodoxe, c ‘est essentiellement en raison de réflexes primaires et universels qui ont toujours existé, de phobie de la féminité, de peur de se
confronter à un égal différent, bref de machisme. Le propre de l être humain et du juif observant étudiant la torah est de maitriser ses instinct primaire et de faire prévaloir la raison. Or que se
passe t-il la majorité tente de justifier leur réflexe primaire par la torah
Janick Dahan
J’aime consulter le blog et voir un article sur le féminisme religieux (oui c’est ma catégorie préférée…)
Par manque de temps je commenterai le fond un peu plus tard, mais je suis d’accord avec tout ce qui est écrit dans cet article. Merci Gabriel 🙂
Si j’entre dans cette catégorie un jour ça serait génial…
@Yona Ghertman : Je comprends votre peur mais je ne pense pas que ces femmes israéliennes érudites (et toutes les autres des quatre coins du monde) aient sacrifié leur rôle de mère pour devenir
érudite… Des solutions peuvent être trouvées au sein de chaque foyer comme… une plus grande implication des pères 🙂 (ne le prenez pas de manière personnelle s’il vous plaît). Et en quoi
l’argument que vous tenez serait applicable pour la femme et non pour l’homme ? Un mari/père trop investi dans l’étude n’en vient-il pas à s’éloigner de ses rôles de mari et de père ? Si la réponse
est négative pour lui alors elle ne peut pas être positive pour la femme… 🙂
Bravo et merci Gabriel Abensour pour cet éclairage sur des femmes qui associent érudition et cheminement spirituel. Nous en sommes déjà à la génération de femmes qui enseignent le Talmud. C’est là
une véritable révolution « silencieuse » à l’intérieur du monde juif.
Leur présence et connaissance ne sont pas seulement nécessaires aux femmes mais à l’ensemble du judaisme contemporain. Ce que j’ai pu constater depuis longtemps déjà c’est à quel point ces paroles
de femmes manquaient aux femmes et … aux hommes. Car dès qu’elles s’expriment et …sont vraiment entendues c’est un sentiment de reconnaissance qui est vécu par les uns(e) et les autres.
La question de la nomination de ces femmes érudites qui ont ou auraient des responsabilités au sein d’une communauté juive, travaille le monde moderne orthodoxe depuis des années déjà.
Ainsi plusieurs termes ont déjà été trouvés notamment aux USA autour du rabbin Weiss : « MaHaRaT » (acronyme de « mora halakhtit Rouhanit veToranit » que l’on pourrait traduire par « guide spirituel en
matière de loi juive et Torah ») et « Rabba ». Ce dernier titre n’a été donné qu’une fois à Sarah Hurwitz et correspond au titre de rabbin mais il a failli couter l’exclusion au rabbin Weiss qui l’a
octroyé ainsi qu’au courant qu’il représente ! Comme on le voit l’usage des termes est ici explosif tant il touche à des préjugés bien ancrés.
Il est cependant à remarquer que des femmes ont été ordonnées rabbins, parfois discrètement, dans le monde orthodoxe depuis des années. J’y avais consacré une rubrique dans l’Arche que je rendrai
public sur mon blog « judaismes et questions de société ».
Cordialement. Sonia Sarah Lipsyc
Salut Gabriel,
Petite note : tu as oublié de noter que Shani Taragin ainsi que Malka Pietrokowsky enseignent également à Migdal Oz.
@Gabriel et Lucie : Je comprends parfaitement le propos de Yonah. Si quelqu’un veut vraiment grandir en Torah, il doit s’y verser jour et nuit ou avoir une compréhension très rapide et une mémoire
phénoménale et là aussi – il faut s’y verser durant un temps notoire. Si, dans un couple, l’homme et la femme veulent se verset dans la Torah jour et nuit (parce qu’il est dur à croire qu’une femme
avec un certain niveau en Torah voudra se marier avec quelqu’un qui n’est pas versé dans l’étude…) – il devient difficile de trouver de une parnassa, de quoi se nourrir, et les coûts de la vie ne
sont pas moindres et du temps pour s’occuper des enfants. Cela demande énormément de sacrifices et il faut trouver un modus operandi permettant à chacun de maximaliser son potentiel et de
minimaliser son « sacrifice » pour l’autre. Cela pose de nombreux problèmes techniques, non sans solutions, mais c’est dur et il ne faut pas le nier. Cela veut également dire qu’on se marie plus tard
pour pouvoir étudier avant, etc.
Il y a de nombreuses retombées pratiques à cela et je peux comprendre qu’il y ait des gens qui s’opposent à ce genre de sacrifice et y voient un danger à la cellule familiale.
De plus, il y a une grande différence entre quelques individus qui savent se débrouiller et prôner cela comme voie générale, pour tous – beaucoup n’ont pas les moyens de gérer un tel train de
vie.
Toutefois, le fait est qu’il y a des gens qui ont peur du fait qu’une femme devienne talmidat h’ah’amim et il n’y a vraiment pas de quoi. Souvent cela provient d’un manque de confiance en eux-mêmes
et en leur Torah… c’est triste.
En espérant que la Torah grandisse et croisse au sein du Peuple d’Israël, sans raisons politiques ou féministes.
(Je ne parle pas ici du féminisme en soi, ni n’émet un jugement de valeur, je veux juste dire que cela ne doit pas être la CAUSE de l’étude des femmes, mais vraiment parce qu’elles le veulent).
Il y a une autre petite chose à noter. Si un sacrifice doit être fait – soit l’homme, soit la femme – il faut se rappeler que selon le Judaïsme, la femme n’est pas astreinte à l’étude, alors que
l’homme – oui…
Je n’ai malheureusement pas encore lu le livre du Rav Amital. C’est un avis plutôt étonnant, merci de la référence, je me réjouis de le lire…
Moi je ne dirai qu’une chose, quand j’ai connu la femme qui devait devenir mon epouse, j’etais t-r-e-s loin de la torah, et c’est un de ses commentaires sur gittim qui m’a e-blou-i, j’ai compris
que des ce jour, il vaut mieux avoir les femmes de son cote !
Hag Pessa’h Samehah ve cacher
Comme toujours, article éclairant!
Pessah sameah!
Shalom,
Pour rebondir sur le sujet, je suis tombée sur un article très intéressant du Rav Gidon Rothstein (tendance modox, Yeshiva University), intitulé MEN AND WOMEN’S DIFFERING RELIGIOUS AIMS, AS TAUGHT
BY THE CATEGORY OF MITSVOT `ASEH SHE-HAZMAN GRAMA, qui aborde entre autres la question de la mitsvah d’étude de la Torah.
L’auteur amène plusieurs réflexions intéressantes sur la nature de l’obligation d’étude de la Torah pour les hommes (qui serait à voir comme une obligation de transmission plus que comme une
obligation d’étude pour elle-même…) ainsi que sur la notion d’obligations imposées venant de l’extérieur (la Torah dans ce cas-ci) qui serait d’un intérêt différent pour les hommes et pour les
femmes et justifierait ainsi les différences entre mitsvoth obligatoires pour les hommes mais par pour les femmes. Le rapport à l’autorité se construirait différemment chez les hommes et chez les
femmes qui n’auraient dès lors pas les mêmes besoins émotionnels et spirituels (la socialisation des hommes et des femmes n’étant pas la même… ce qui nous embarque dans un raisonnement un peu
circulaire, mais soit)
L’article en anglais ici : http://www.utoronto.ca/wjudaism/contemporary/articles/rothstein.html#Anchor-Imposition-10615
Qu’en pensez-vous ?
Tout d’abord merci pour cette article (again ;))
Me rendant à Nishmat l’année prochaine (sDv) je suis ravie de voir qu’une de ses enseignantes y est citée !
Merci pour le travail que vous effectuez sur ce site, au fil de vos billets vous m’avez permis de découvrir un large panel des tendances de l’orthodoxie ! Panel dont nous ne profitons
malheureusement pas dans une France encore bien frileuse sur de nombreux point (notamment en ce qui concerne l’étude des femmes…)!
Chabbat chalom
J’avais écrit en mars que je réagirais sur le fond mais je n’avais pas trouvé le temps de le faire et tout ce que je pense et les problèmes pouvant exister sur ce sujet ont été traités dans les
commentaires.
Cependant, on voit que la plupzrt de ces femmesc enseignent dans des midrashot MO réputées. Mais toutes les femmes érudites en Torah ne peuvent pas devenir enseignantes tout simplement car toutes
les midrashot ne sont pas de courant MO et aussi car les midrashot MO ne sont pas toujours à la recherche de nouveaux professeurs (ça serait trop beau).
Il faudrait multiplier le nombre d’institutions plaçant l’étude talmudique pour les filles au centre de leurs préoccupations mais tout cela demande des fonds qui n’existent pas nécessairement.
Et certains érudites se tourneront vers d’autres champs professionnels que l’enseignement talmudique et ne feront pas bénéficier les autres de leur savoir, c’est un peu triste non ? …
Bonjour ,
Je pense que le principal défi et la principale crainte dans les milieux religieux n’ayant pas atteint cette approche, est qu’il y ait une confusion entre la place de la femme vis-à-vis de sa
famille par rapport à sa place dans le Beth HaMidrash.
La réussite ou l’échec de cette implication des femmes dans l’études , voir dans la pssika, ne pourra se voir que dans plusieurs années en regardant l’évolution des foyers des femmes érudites,
c’est à dire , le taux de divorce, l’éducation des enfants, etc…..
Désolé si je semble conservateur, en fait je n’ai pas d’avis et ce n’est pas à moi d’en avoir d’ailleurs. J’ai quand même cette crainte que le rôle de la femme/maman soit un peu mis de côté.
N’ai-je pas lu d’ailleurs sur ce blog que Néhama Leibowitz écrivait elle-même qu’elle aurait volonté troquée toute son érudition contre des enfants ?
Moi je pense trois choses:
1° si la femme a accès dans notre monde moderne dans la société aux plus hautes fonctions, et qu elle reste exclue de l ‘étude et des postes importants au sein de la communauté, ce décalage est
très dangereux pour le judaïsme, Voila des femmes qui sont actrice de la cité mais pas de la communauté, si le judaisme orthodoxe ne prend pas cela en compte, il est entrain de préparer sa propre
fin
2° La maternité chez une femme est un fait incontournable que toutes les évolutions du monde moderne ne parviendront pas à effacer, et à neutraliser. Donc effectivement il faut prendre en compte
cette réalité, admettre que porter des enfants et les élever impliquent un certain nombre de renoncement durant quelques années pour une femme, mais c’est à chacune et je dirais à chaque foyer de
trouver son équilibre,
3° Si la femme est mise à l’écart dans le monde orthodoxe, c ‘est essentiellement en raison de réflexes primaires et universels qui ont toujours existé, de phobie de la féminité, de peur de se
confronter à un égal différent, bref de machisme. Le propre de l être humain et du juif observant étudiant la torah est de maitriser ses instinct primaire et de faire prévaloir la raison. Or que se
passe t-il la majorité tente de justifier leur réflexe primaire par la torah
Janick Dahan
J’aime consulter le blog et voir un article sur le féminisme religieux (oui c’est ma catégorie préférée…)
Par manque de temps je commenterai le fond un peu plus tard, mais je suis d’accord avec tout ce qui est écrit dans cet article. Merci Gabriel 🙂
Si j’entre dans cette catégorie un jour ça serait génial…
@Yona Ghertman : Je comprends votre peur mais je ne pense pas que ces femmes israéliennes érudites (et toutes les autres des quatre coins du monde) aient sacrifié leur rôle de mère pour devenir
érudite… Des solutions peuvent être trouvées au sein de chaque foyer comme… une plus grande implication des pères 🙂 (ne le prenez pas de manière personnelle s’il vous plaît). Et en quoi
l’argument que vous tenez serait applicable pour la femme et non pour l’homme ? Un mari/père trop investi dans l’étude n’en vient-il pas à s’éloigner de ses rôles de mari et de père ? Si la réponse
est négative pour lui alors elle ne peut pas être positive pour la femme… 🙂
Salut Gabriel,
Petite note : tu as oublié de noter que Shani Taragin ainsi que Malka Pietrokowsky enseignent également à Migdal Oz.
@Gabriel et Lucie : Je comprends parfaitement le propos de Yonah. Si quelqu’un veut vraiment grandir en Torah, il doit s’y verser jour et nuit ou avoir une compréhension très rapide et une mémoire
phénoménale et là aussi – il faut s’y verser durant un temps notoire. Si, dans un couple, l’homme et la femme veulent se verset dans la Torah jour et nuit (parce qu’il est dur à croire qu’une femme
avec un certain niveau en Torah voudra se marier avec quelqu’un qui n’est pas versé dans l’étude…) – il devient difficile de trouver de une parnassa, de quoi se nourrir, et les coûts de la vie ne
sont pas moindres et du temps pour s’occuper des enfants. Cela demande énormément de sacrifices et il faut trouver un modus operandi permettant à chacun de maximaliser son potentiel et de
minimaliser son « sacrifice » pour l’autre. Cela pose de nombreux problèmes techniques, non sans solutions, mais c’est dur et il ne faut pas le nier. Cela veut également dire qu’on se marie plus tard
pour pouvoir étudier avant, etc.
Il y a de nombreuses retombées pratiques à cela et je peux comprendre qu’il y ait des gens qui s’opposent à ce genre de sacrifice et y voient un danger à la cellule familiale.
De plus, il y a une grande différence entre quelques individus qui savent se débrouiller et prôner cela comme voie générale, pour tous – beaucoup n’ont pas les moyens de gérer un tel train de
vie.
Toutefois, le fait est qu’il y a des gens qui ont peur du fait qu’une femme devienne talmidat h’ah’amim et il n’y a vraiment pas de quoi. Souvent cela provient d’un manque de confiance en eux-mêmes
et en leur Torah… c’est triste.
En espérant que la Torah grandisse et croisse au sein du Peuple d’Israël, sans raisons politiques ou féministes.
(Je ne parle pas ici du féminisme en soi, ni n’émet un jugement de valeur, je veux juste dire que cela ne doit pas être la CAUSE de l’étude des femmes, mais vraiment parce qu’elles le veulent).
Il y a une autre petite chose à noter. Si un sacrifice doit être fait – soit l’homme, soit la femme – il faut se rappeler que selon le Judaïsme, la femme n’est pas astreinte à l’étude, alors que
l’homme – oui…
Je n’ai malheureusement pas encore lu le livre du Rav Amital. C’est un avis plutôt étonnant, merci de la référence, je me réjouis de le lire…
Moi je ne dirai qu’une chose, quand j’ai connu la femme qui devait devenir mon epouse, j’etais t-r-e-s loin de la torah, et c’est un de ses commentaires sur gittim qui m’a e-blou-i, j’ai compris
que des ce jour, il vaut mieux avoir les femmes de son cote !
Hag Pessa’h Samehah ve cacher
Comme toujours, article éclairant!
Pessah sameah!
Shalom,
Pour rebondir sur le sujet, je suis tombée sur un article très intéressant du Rav Gidon Rothstein (tendance modox, Yeshiva University), intitulé MEN AND WOMEN’S DIFFERING RELIGIOUS AIMS, AS TAUGHT
BY THE CATEGORY OF MITSVOT `ASEH SHE-HAZMAN GRAMA, qui aborde entre autres la question de la mitsvah d’étude de la Torah.
L’auteur amène plusieurs réflexions intéressantes sur la nature de l’obligation d’étude de la Torah pour les hommes (qui serait à voir comme une obligation de transmission plus que comme une
obligation d’étude pour elle-même…) ainsi que sur la notion d’obligations imposées venant de l’extérieur (la Torah dans ce cas-ci) qui serait d’un intérêt différent pour les hommes et pour les
femmes et justifierait ainsi les différences entre mitsvoth obligatoires pour les hommes mais par pour les femmes. Le rapport à l’autorité se construirait différemment chez les hommes et chez les
femmes qui n’auraient dès lors pas les mêmes besoins émotionnels et spirituels (la socialisation des hommes et des femmes n’étant pas la même… ce qui nous embarque dans un raisonnement un peu
circulaire, mais soit)
L’article en anglais ici : http://www.utoronto.ca/wjudaism/contemporary/articles/rothstein.html#Anchor-Imposition-10615
Qu’en pensez-vous ?
Tout d’abord merci pour cette article (again ;))
Me rendant à Nishmat l’année prochaine (sDv) je suis ravie de voir qu’une de ses enseignantes y est citée !
Merci pour le travail que vous effectuez sur ce site, au fil de vos billets vous m’avez permis de découvrir un large panel des tendances de l’orthodoxie ! Panel dont nous ne profitons
malheureusement pas dans une France encore bien frileuse sur de nombreux point (notamment en ce qui concerne l’étude des femmes…)!
Chabbat chalom