Une lecture psychanalytique de Bereishit, par Avidan Kogel
L’objectif de cette étude est de vous proposer une approche originale du texte de Bereshit. Comment, à partir de la théorie du développement psychoaffectif de l’enfant proposée par Freud1, nous pouvons lire l’histoire de l’Humanité évoquée dans le Texte2.
Freud décrit 5 stades du développement psycho-affectif de l’enfant lui permettant de développer sa personnalité : le stade oral, le stade anal, le stade phallique, la période de latence et le stade génital. Nous reviendrons sur chacun de ces stades au cours de cette étude3.
Le stade oral (jusqu’à 18 mois)
Le stade oral est la première phase du développement psychoaffectif de l’enfant. C’est lorsque le nourrisson met tout ce qu’il trouve dans sa bouche. Le monde, pour le nourrisson, est divisé en deux : ce qu’on peut manger et ce qu’on ne peut pas manger, ce qui est menaçant et ce qui est plaisant.
Cette phase nous rappelle l’épisode de l’arbre de la connaissance.
Bereshit II ; 8 – 17 :L’Éternel-Dieu planta un jardin en Éden, vers l’orient, et y plaça l’homme qu’il avait façonné. L’Éternel-Dieu fit surgir du sol toute espèce d’arbres, beaux à voir et propres à la nourriture; et l’arbre de vie au milieu du jardin, avec l’arbre de la science du bien et du mal. Un fleuve sortait d’Éden pour arroser le jardin; de là il se divisait et formait quatre bras […] L’Éternel-Dieu donna un ordre à l’homme, en disant: « Tous les arbres du jardin, tu peux t’en nourrir; mais l’arbre de la science du bien et du mal, tu n’en mangeras point: car du jour où tu en mangeras, tu dois mourir ! ».
La vision du jardin d’Eden proposée par le texte du Pentateuque est manichéenne : ce qui est bon, plaisant (le jardin) et ce qui est menaçant (l’arbre de la connaissance). L’objet support de cette ambivalence est le fruit. Tous les fruits sont bons à manger sauf celui de l’arbre de la connaissance.
Le stade anal (18 mois – 3 ans)
La deuxième grande phase du développement psychoaffectif de l’enfant se situe autour de l’âge de 3 ans. L’enfant prend conscience de son corps, commence à être propre, s’affirme et se rend compte des différences anatomiques, et notamment de la différence de sexe entre le garçon et la fille.
Ainsi, après avoir connu le stade de l’oralité, Adam et Eve se rendent compte de leur nudité.
Bereshit III ; 6 – 7 : La femme jugea que l’arbre était bon comme nourriture, qu’il était attrayant à la vue et précieux pour l’intelligence; elle cueillit de son fruit et en mangea; puis en donna à son époux, et il mangea. Leurs yeux à tous deux se dessillèrent, et ils connurent qu’ils étaient nus; ils cousirent ensemble des feuilles de figuier, et s’en firent des pagnes.
On peut donc rapprocher ce premier stade de l’existence à la génération d’Adam et Eve.
Le stade phallique (3 ans – 7 ans)
Selon la théorie psychanalytique, le stade phallique est marqué par le complexe d’Œdipe, où l’enfant veut posséder sa mère et détruire son père. Cette période est une étape décisive sur le plan de l’identification de la personnalité puisque le complexe d’Œdipe instaure la prévalence de l’Etre sur l’Avoir.
Nous en retrouvons un écho (un peu lointain admettons-le – mais l’existence du complexe d’Œdipe n’est-elle pas largement débattu4 ? –) dans la dispute de Caïn et Abel. Cet épisode a interpellé les Sages qui ont essayé de comprendre le motif de la dispute conduisant à l’assassinat d’Abel par Caïn. Si l’on se réfère au texte, on ne peut affirmer que le meurtre est une conclusion de l’épisode des sacrifices. Il est tout aussi légitime de penser que l’assassinat est arrivé quelques mois ou années plus tard (voir les versets soulignés)
Bereshit IV ; 1 – 8 : Or, l’homme s’était uni à Ève, sa femme. Elle conçut et enfanta Caïn, en disant: « J’ai fait naître un homme, conjointement avec l’Éternel! » Elle enfanta ensuite son frère, Abel. Abel devint pasteur de menu bétail, et Caïn cultiva la terre. Au bout d’un certain temps, Caïn présenta, du produit de la terre, une offrande au Seigneur; et Abel offrit, de son côté, des premiers-nés de son bétail, de leurs parties grasses. Le Seigneur se montra favorable à Abel et à son offrande, mais à Caïn et à son offrande il ne fut pas favorable; Caïn en conçut un grand chagrin, et son visage fut abattu. Le Seigneur dit à Caïn; « Pourquoi es-tu chagrin, et pourquoi ton visage est-il abattu? Si tu t’améliores, tu pourras te relever, sinon le Péché est tapi à ta porte: il aspire à t’atteindre, mais toi, sache le dominer! » Caïn parla à son frère Abel; mais il advint, comme ils étaient aux champs, que Caïn se jeta sur Abel, son frère, et le tua.
Les sages nous offrent trois réponses à cette dispute (Bereshit Raba XXII, 7) :
Une raison économique. Une raison de possession « les habits que tu portes sont à moi, déshabille-toi » « La terre sur laquelle tu te tiens m’appartiens, envole-toi ».
Une raison idéologique « C’est sur mon territoire que sera construit le temple » « Non, c’est sur le mien ».
Une passion amoureuse. Juda fils de Rabbi dit « Ils se disputaient au sujet d’Eve ».
C’est cette troisième réponse qui nous fait immédiatement penser au complexe d’Œdipe (je vous l’avais dit que c’était lointain. Néanmoins, on retrouve la volonté de possession de la mère et le meurtre d’un parent proche, un fratricide à défaut d’un parricide).
A la fin de cette étape, l’enfant doit désormais assumer son statut d’Homme ou de Femme. C’est d’ailleurs ce que réplique Dieu à Caïn qui, déprimé par son acte, veut mourir.
Bereshit IV ; 13 – 15 : Caïn dit à l’Éternel: « Mon crime est trop grand pour qu’on me supporte. Vois, tu me proscris aujourd’hui de dessus la face de la terre; mais puis-je me dérober à ta face? Je vais errer et fuir par le monde, mais le premier qui me trouvera me tuera » L’Eternel lui dit : « Aussi, quiconque tuera Caïn sera puni au septuple ». Et l’Eternel le marqua d’un signe pour que personne le rencontrant ne le frappât.
Ce stade est une prise de conscience de soi et de la société environnante et il est à mettre en relation avec la deuxième génération humaine.
La période de latence (7 – 12 ans)
C’est une période a-conflictuelle. L’élément essentiel de ce stade est l’obsessionalisation de la personnalité que mettent à profit l’éducation et l’enseignement. C’est au cours de cette période que l’enfant va s’investir vers des objectifs plus socialisés (musique, sport…) et se développer intellectuellement.
On peut rapprocher cette période des générations qui suivent Caïn, sans histoires particulières : Hénokh, fils de Caïn, dont le nom est issu de la même racine que Hinoukh (éducation) ou (Bereshit IV ; 21 – 22) Le nom de son frère était Jubal […] qui manient la harpe et la lyre. Cilla, de son côté enfanta Tubalcaïn, qui façonna toute sorte d’instruments de cuivre et de fer.
Le stade génital (adolescence)
Le stade génital est le dernier stade de la sexualité infantile décrit par Freud. Il débute à l’adolescence, on ne parle plus de stade, mais plutôt de crise.
Bereshit VI ; 9 – 11 : Ceci est l’histoire de Noé […] or la terre était corrompue devant Dieu, et elle s’était remplie d’iniquité.
L’adolescence est la période de trouble entre l’enfance et la phase adulte. Elle se caractérise par une rupture et de distanciation d’avec son milieu familial pour construire sa propre identité. C’est après ce moment que l’individu devient mature. C’est après la génération de Noé que l‘Humanité elle-aussi devient adulte, mature et surtout, peut recevoir le message divin.
Commence alors l’histoire d’Abraham et du Peuple Juif. Abraham est le premier que Dieu considère comme son allié.
Bereshit XVII ; 4 – 5 : Moi-même, oui, je traite avec toi : tu seras le père d’une multitude de nations […] Je serai pour eux [ta génération] un Dieu tutélaire.
Abraham est le premier qui ose discuter et marchander avec Dieu lors de l’épisode de la destruction de Gomorrhe et Sodome (voir Bereshit XVIII ; 23 – 33).
Conclusion
A la lueur de cette étude, trois conclusions s’imposent :
Le jardin d’Eden est le lieu où l’Homme a été choyé, nourri, élevé à son premier-âge. Il est le berceau de l’humanité. Mais il n’est qu’une première phase dans le parcours de l’humanité.
La faute du fruit défendu n’est pas le « péché originel » comme le répète la tradition chrétienne, mais une étape nécessaire dans l’éducation de l’Homme, dans l’apprentissage du bien et du mal.
Le but du récit de la Genèse peut se lire comme une volonté d’expliquer, par le mythe, l’origine et le parcours de l’Humanité de sa naissance jusqu’à sa maturité permettant alors le don de la Torah.
A l’Homme, maintenant, de faire ressembler le monde dans lequel il vit au monde qu’il a connu dans sa plus profonde histoire.
Bon, bon, bon…
Avant tout, je tiens à dire que je ne formule des critiques que pour avancer sur les connaissances et faire cheminer le raisonnement.Je remercie et félicite (sincèrement) l’auteur pour ce billet.
Je voudrais donner une critique que j’espère constructive de cet article.
Pour que l’on puisse me situer, je précise que je suis psychiatre et psychothérapeute. Un certain temps intéressé par la psychanalyse (j’en ai beaucoup lu, participé à des séminaires, « étudié » du Lacan dans le texte…), j’en suis maintenant beaucoup, beaucoup revenu, et ma pratique n’a plus rien à voir. Je pratique maintenant l’hypnose et les thérapies brèves, notamment les thérapies orientées vers la solution, les thérapies narratives, qui se rapprochent philosophiquement du constructionnisme social et du post-modernisme (l’inventeur de TOS à été notamment très influencé par Wittgenstein, et du côté du narratif on trouvera des influences de Derrida, Foucault…).
Tout ça pour dire que ma critique portera d’une part sur l’article au sein d’une vision psychanalytique (j’espère avoir encore quelques restes en la matière pour pouvoir me confronter sur ce terrain là), mais d’autre part à la fin une critique d’un des aspects que je réprouve de la psychanalyse et qui apparait assez clairement dans ce genre de rapprochements.
Je reprends le contenu de l’article.
Il me semble que l’auteur ait à plusieurs reprises « un coup d’avance »: premier coup d’avance: la phase orale n’est pas un monde manichéen coupé entre le bien et le mal, ça c’est la phase anale…
Reprenons: le nouveau né, à son arrivée, n’a d’interaction avec le monde que par l’oralité. Son oralité (celle du cri) entraine une autre oralité (celle du sein qui « apparait » alors pour le nourrir). L’enfant est dans une phase ou il doit d’abord faire la part entre ce qui est lui et ce qui est « non lui ». (Il va mettre une « Rakia » si je veux pousser les choses vers le texte biblique, mais ce n’est pas la distinction manichéenne qui suivra). Il sera en mesure de faire progressivement cette distinction, cette « limitation » de son propre corps et de son propre psychisme, parce que parfois, le cri n’entraine pas le sein, ou parce que le cri est mal compris ou a retardement par rapport à son besoin, et donc après avoir perçu une sorte « d’omnipotence » et de « fusion » avec le monde, il découvre en fait qu’il peut être en décalage, donc en « interaction ».
Et la nous passons à la phase anale, celle des interactions manichéennes bien/mal bon/mauvais avec le monde. (Surnommée phase anale car la maitrise des sphincters détermine l’interaction très binaire au moment de l’apprentissage de la propreté: oui/non faire/pas faire au pot/ailleurs faire plaisir à maman/faire raler maman. Les relations sont comme ça à cet âge: oui/non j’aime/j’aime pas. Donc la première phase décrite et l’opposition arbre/autres arbres relève déjà de la phase anale si on le prend comme ça.
Deuxième coup d’avance: l’auteur fait dater la reconnaissance de la différence des sexes au stade anal, mais il s’agit du stade suivant: le stade phallique.
Puis arriverait le complexe d’oedipe (si tant est qu’il existe mais c’est un autre débat…), qui s’inscrit dans le stade phallique et qui est un corollaire de l’apprentissage de la différence des sexes et des générations.
Reprenons (je m’inspire de la vision de Lacan à ce sujet en la sursimplifiant, pardon pour les puristes, j’essaie de rester intelligible): l’enfant est dans une relation très complémentaire avec sa mère, il est « tout ce qui lui manque », mais les stades qui précèdent (i.e. : il a une limite à son propre corps et à son psychisme, il « n’est » pas une partie de sa mère et il interagit avec elle), lui font immédiatement « trianguler » la relation: ma mère regarde ailleurs…je ne suis plus son « objet a » (prononcer « objet petit a ») pour reprendre la terminologie lacanienne, je ne suis plus tout ce qui lui manque car il semble au contraire qu’elle regarde ce qu’elle désire…et qui est parfois ailleurs…elle regarde quelque chose ou quelqu’un (le père) qui à l’aire d’AVOIR ce que je ne semble plus totalement ÊTRE. (Comme il a le phallus, ici symbolique de tout ce qui se possède en vue d’obtenir (et nom pas phallus au sens premier du terme!), cette phase est appelée phallique).
Donc encore une fois je me trouve en désaccord avec l’auteur, l’origine du complexe d’oedipe est la prise de conscience de la prévalentce de l’avoir sur l’être, ce qui fait qu’on est pas psychotiques et au final une sorte de complexe qui nous poursuit toute notre vie: « il faut que j’ai…pour obtenir… » (plus de charme pour séduire, plus d’argent pour tels plaisirs, plus de connaissances pour réussir tel examen, plus de capacités pour telle réussite etc.). Au fond c’est cela qui fait que nous sommes des êtres manquants, sans cesse a « courir après l’objet a » que nous n’obtenons jamais… (Lacan ne disait il pas: « aimer c’est donner ce qu’on a pas à quelqu’un qui n’en veut pas ».
En revanche, l’interprétation du meurtre originel par l’oedipe, pourquoi pas, nonobstant la critique de la fin de ce commentaire. Cela est d’autant plus intéressant dans sa résolution: Caïn aussi dit en quelque sorte « il me manquera toujours quelque chose » et D ieu…le condamne à vivre, avec et malgré ça, vivre en cherchant touours à apaiser quelque chose.
(ce qui apaise le plus à mon sens (interprétation personnelle) est la recherche de sens. J’ai lu de belles choses dans la littérature Breslev(qu’il faut bien sur lire de façon sélective) sur ce feu en nous, ce manque à apaiser par la recherche du sens de la prière et de la « joie » religieuse).
Je suis également ok et trouve intéressant l’émergence d’une alliance avec Abraham, d’égal à égal avec D ieu (kaf yakhol) comme résolution d’un conflit adolescent de la société humaine.
On sort de l’oedipe en se disant : « ok, je ne peux épouser ou évincer quelqu’un qui a autorité sur moi, maman a déjà un amoureux et c’est papa. mais un jour moi aussi je serai un papa (ou un pompier, un docteur, un pilote de course, bref j’aurai quelque chose) et moi aussi j’aurai une amoureuse. donc en attendons calmons nous »->période de latence)
L’adolescence (la crise qui nous fait passer de l’enfance à l’adulte avec une phase de « rejet » de nos parents pour se différencier) on en sort quand on se considère « égal » ou du moins quand on peut se projeter dans une vie d’adulte (par exemple en se disant: moi, si j’ai des enfants, je ferai ceci pareil qu’eux, mais surtout pas cela). Pour moi c’est la vision d’Abraham et des étoiles du ciel qui le place dans cette dimension de « créateur d’Histoire » et lui permet de faire une alliance « entre les morceaux », et de parler à D ieu, ce qui peut s’assimiler à un passage à l’âge adulte.
Je termine comme promis par une critique d’un des nombreux critiquables aspects de la psychanalyse. Vous aurez remarqué que j’aime bien tenter de rendre les choses compréhensibles, donc je déteste les mots savants mais là, je n’en connais pas de mieux, et en plus il est rigolo: la psychanalyse est tautologique. Un raisonnement est tautologique en philosophie quand, en somme, il n’amène pas d’autre réponse que lui même (ou bien, disons, quand, quelque soit la question, la réponse est toujours la même). C’est le cas par exemple pour le complexe d’oedipe: s’il a lieu chez un enfant, c’est qu’il existe! s’il n’a pas lieu, c’est parce que l’enfant le refoule, donc c’est qu’il existe! Si la psychanalyse m’aide, c’est qu’elle marche. Si elle ne marche pas, c’est que je résiste, donc il faut encore plus m’analyser…et si ça ne marche pas? eh bien c’est parce que je n’ai pas été assez analysé, donc il faut encore plus de psychanalyse…
La psychanalyse est une théorie (voire une idéologie?), qui s’est appuyé sur des interprétations d’un homme et de (ce qu’il a bien voulu raconter de) quelques cas, qui ont fait l’objet d’une généralisation, par la suite admise comme une vérité révélée par les suiveurs. A partir de là, tout patient reçu est « interprété », toujours « judicieusement », pour servir d’argument de démonstration de la « vérité » de la théorie car tout et l’opposé de tout sont la preuve de la même chose.
Pourquoi cette critique ici? Ce n’est pas une critique de l’auteur ou de ses idées, car je vois bien que contrairement à d’autres analystes péremptoires, il avance ici très prudemment (et c’est tant mieux!), mais une critique de cette tendance fâcheusement répandue chez les analystes à vouloir faire coller toute idée à la psychanalyse, faire flèche de tout bois pour montrer « que ça colle », et au final que tout colle, « ce qui prouverait bien que… ».
Ils le font sans cesse chez les patients, et il le font souvent pour les textes bibliques dans beaucoup de livres…
Petite remarque personnelle enfin, plus le temps passe et plus je crois que la construction analytique est dépassée, elle a laissé passer beaucoup d’évolution de la pensée en restant souvent « dogmatique » dans son orthodoxie. Une des plus grosses difficultés est qu’elle est « positiviste » ou « objectiviste » et pose comme des vérités l’existences des instances psychiques freudiennes. Mais ça ne tient plus vraiment face à une critique subjectiviste et constructiviste, le temps a trop passé et ça ne « prend » plus.
Je crois pour ma part qu’il existe une construction sociale de l’identité par les récits et les conversations et que la Torah nous en donne des exemples (la parole crée la réalité). Il ne s’agirait pas (je devance la critique) de « faire coller » une nouvelle théorie de l’homme, puisqu’il n’y a pas dans cette approche de théorie de l’homme. Il s’agirait plutôt de lire la construction de l’homme dans la bible, comme une construction de la parole et par la parole autour des actes, plutôt que par les actes eux mêmes. Si D ieu me donne un peu de temps et de courage, j’écrirai peut-être un mot sur une telle vision de la faute originelle.
Merci Avidan pour ce billet, et Merci au blog modern orthodox de nous nourrir intellectuellement et de nous faire avancer dans notre reflexion de juifs modernes (voire post modernes?…). 😉
Cher Philyossef,
Merci de ta critique très constructive sur ce commentaire. Je ne tenterai pas d’aborder le sujet par la psychanalyse, domaine que tu maîtrises bien mieux que moi.
Cependant, comme toute théorie, et en particulier pour la psychanalyse, le choix des mots est primordial (surtout face à des experts) : pour exemple, certes le terme manichéisme est plus approprié pour la phase anale. Cependant, dans le cadre de la phase oral, il n’avait pas pour but d’expliciter une différence bon/mauvais mais plutôt le clivage de l’objet avec la frustration issue de l’arbre de la connaissance.
Cependant, comme tu l’as dit la théorie psychanalytique colle et marche à tous les coups. Ce commentaire est un jeu d’esprit et ça marche ici aussi. Et, nous pouvons retrouver les grandes phases décrites par Freud dans la Genèse (en choisissant élégamment les passages qui nous intéressent) dans le but d’élaborer une conclusion originale.
Merci Avidan, entièrement d’accord avec toi sur la notion de clivage primordial (lis si tu le veux sous l’angle de cette limitation du soi-non soi la notion de rakia, je pense que c’est également quelque chose de très passionnant).
Et parfaitement d’accord aussi pour dire que nos acquis « modernes » nous donnent une lecture différente et originale de la bible (et non pas que la bible viendrait démontrer nos visions psychologiques), c’est un jeu d’esprit qui enrichit notre réflexion et alimente notre pensée, et nous permet de lire, à notre niveau et avec nos yeux, le texte biblique.
Bien cordialement et à bientôt.
A propos de l’arbre de la connaissance, j’ai entendu le Rav Gilles Bernheim. De ce que j’en ai entendu et m’en souviens, il nous disait: On ne consomme pas la connaissance ( assour ): la connaissance n’est pas à consommer, sous peine de confusion – comme sont « confondus » dans la digestion, les fruits et tout ce qu’on consomme. Alors, qu’est-ce qu’on en fait ? disait-il, et il ajoutait: en tout cas, on ne la consomme pas. Peut-être on la regarde, peut-être ceci ou cela, mais SI on en reste à la manger, alors il y a de la mort. Et il donnait effectivement l’exemple ou l’analogie avec le nourisson au sein: à cet age, sont confondus la partie et le tout, et c’est la moment où déjà s’élaborent ( normalement ) les toutes premières distinctions entre ce qui est de l’ordre du besoin ( manger ) et de l’ordre du désir, de l’amour.
Je cite ça pour rendre hommage à M. Bernheim, et aussi parce que ça ajoute de l’eau au moulin de l’article ici.
super